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176 m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ XV. Les Prêtres fc mcfloiem des emplois fecuUers", (& negligcbicnt !,i
conduite de leurs troupeaux.) „ Les Evêques étoient des Babyloniens envoyés par
leur Patriarche, & ils ne vivoicnt que d'un gain fordide & de fimonie, vcn-
„ dant publiquement les chofes faintes, comme la collation des Ordres & l'ad-
„ minillration des autres Sacremens.
„ X V L Ils mangeoient de la chair le Samedi; & ils étoient dans cette er-
„ reur à l'égard de leurs jeûnes pendant le Carême Se 1'Advent, que s'ils avoient
manque un jour à jeûner, ils ceffoient de jeûner les autres jours, ne
croyant pas y être obliges, d'autant qu'ils avoient déjà rompu le jeûne.
( Leur Jeûne du Carême étoit fort aullere. Outre celui-là ils en avoient d'autres
à peu près à la maniéré des Grecs dont j'ai parlé, mais les plus fuperftitieus
d'entr'eux ajoutoient le bain au jeûne; s'imaginant que celui-ci étoit imparfait
, s'ils manquoient de fc laver tout le corps dés le matin, ils le bai-
^noient auffi quand il leur artivoit de toucher quelque perfonne d'une Cafte
(ou tribu) inférieure. Je remarquerai encore que ces Chrétiens commençoient
leur jeune la veille, &: le finifloieiit le foir du jour conlàcré an jeune.
Les femmes accouchées d'un enfant mâle n'entroient dans l'Eglife que quarante
jours après leur accouchement. Il en falloir quatre-vint pour celle qui
étoit accouchée d'une fille. Au bout du terme préfcrit la mere fc ptclèntoit avec
fon enfant, & l'o(Froit à Dieu & à l'Eglife. Ils craignoient & reipefloient l'Excommunication.
La Difciphne EcclelialUqne ne permertoit pas d'abfoudre un
homicide volontaire, & l'abfolution ne fe donnoit pas non plus à d'autres crimes
auffi énormes, pas même, à ce qu'on alTure, à l'article de la mort. On
remarquera que cette difcipline ne s'accordoit guercs avec ce point (a) d'honneur
fi dangereux, dont je parlerai tout à l'heure. Leur Eglifcs étoient fombres,
mal propres, tout à fait femblables à des Pagodes, & làns autres repréfintations
que des croix, dont les extrémités (è terminoient en fleurs de lis.
„ 'Voilà la meilleure partie des erreurs ( & des abus) que l'Archevêque Menelës
pretend avoir trouvés parmi les Chrétiens de St. Thomas, & que le Compilateur
de cette Hiftoire éxagere, pour monftrer qu'il a fallu travailler extraordinairement
pour venir à bout de ces Peuples. Mais fi cet Archevêque
& les autres Miffionnaires du Levant avoienr été bien inftruits de l'ancienne
Theologie, ils n'auroient pas tant multiplié ces erreurs. En effet, comme
ils meliiroient toutes choies par rapport à la Theologie qui s'enfeigne
dans les Ecoles de l'Europe, l'on ne doit pas trouver étrange, qu'ils ayent
voulu reformer fur ce pied-là les Nations Orientales. J'avoue qu'il y a des
abus qu'il croit befoin de corriger ; mais il ne falloir pas les corriger fur
nos ufages. Ce qui étoit à faire dans ces rencontres, c'étoit d'avoir recours
à leurs anciens livres, & de les régler conformément à ce qui y étoit contenu ;
& cela Ce pouvoir faire facilement. comme l'on verra par la fuite de ce difcours.
Mais i l faut auparavant rapporter le relfe de cette Hiftoire, afin que
nous jugions mieux de la conduite de Mencfes & des prétendues erreurs
„ dé$ Neftoriens.
„ L'Archevêque Menefes aftembla un Synode " (à Diamper dans le Royaume
de Cochin ) „ le 1 0 . de Juin i 5 j s . où fe trouvèrent les Députés des Nef-
,, toriens, afin d'y deliberer conjointement avec rArchevêque de tout ce qui
appattenoit à la Religion. Et afin qu'il parût que les Neftoriens euftent
, , toute
C^) V o y . ci-aprÈî touchant la permiflioii qu'ils ont de tuer ceux qui ne s'ôien: pas de leur paffage.
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toute la liberté qui eft neceffaire dans ces fortes de rencontres, & que d'ail-,
1' leurs ils donnalfent leur confentement à tout ce qui y feroit déterminé,
(a) l'Archevêque gagna huit des plus renommés parmi les Eccléfiaftiques, Se
" il les i n f t t u i f i t pleinement de fon deflcin &; des voyes qu'il falloir tenir pour
le faire reuffir, leur expofant dans le detail tous les decrets qui y fetoient
faits, & leur demandant leur avis fiir chaque point en particulier, cornai
me s'il n'y eût eu encore rien d'arrêté; afin qu'étant prefens au Synode,
„ ils fiffent la même chofe, Se que par là les autres fuflent obligés à fuivrc
" leur exemple. Pour venir à bout de fes defléins, il prit plufieurs autres precautions,
qu'il (éroit inutile de rapporter : tout ce qu'on a produit ju(^
" qu'ici, n'eft que pour fàire voir la maniéré dont la Religion Romaine a
l été établie dans le Levant, & qu'on ne doit pas s'étonner, que toutes les
l reunions qu'elle a faites avec ces Peuples, que nous, nommons Schifmati-
;, ques, ne fùbfiftent pas long-tems.
„ Il fut donc arrêté dans ce Synode, que les Prêtres, Diacres, Sousdiai,
cres , Se outre cela tous les Députés des villes qui y affifterent, fouf-
[ criroient à la Profeffion de Foi que l'Archevêque avoit faite en fon particu-
1 lier; ce qui fut executé, & tous jurerent (blennellement obéïlTance au Pa-
"„ p e , ' q u ' i l s reconnurent être le Chef de l'Eglife, jurant aulTi, qu'ils n'aul
raient jamais plus de commerce avec le Patriarche de Babylone. Déplus,
ils anathematilcrent la perfonne de Neftorius &c toutes fes erreurs, confefi
fânt que Cyrille Patriarche d'Alexandrie étoit faint. Outre cela, on fit dans
l ce Synode un grand nombre de Statuts particuliers, pour reformer les erreurs
que l'Archevêque Menefés prétendoit être dans l'adminiftration de leurs
" Sacremens & dans leurs livres. C'eft pourcjuoi il (i) fit. corriger leurs Litur-
I gies &c leurs autres Offices. Il régla ce qui regardoit le Mariage fur le piedi
du Concile de Trente. L'on reforma auftî ce qui appartenoit aux Sacremens
de la Penitence, de la Confirmation & de l'Extrême-OncUon fur l'ufàge de
1' l'Eglife Romaine. On défendit aux Prêtres de fe marier à l'avenir, & on fit
l des reglemens pour ceux qui étoient déjà mariés. En un mot, l'Archevêque
introduifit la Religion des Latins parmi les Chaldéens, tant dans ce
Synode, que dans les vifites qu'il fit de plufieurs Eglifes. Mais voyons maintenant,
s'il a eu raifon d'introduire tant de nouveautés parmi les Chrétiens
" de St. Thomas; ce quifervira pour faire connoître !a Religion de ces Peu-
" I. Pour ce qui regarde donc les erreurs que l'Archevêque Menefés leur
„ attribue, nous avons concilié dans le Chapitre precedent les fentimens de
Neftorius avec ceux de l'Eglife Romaine ; ô£ c'eft la maniéré dont l'Arche-
,'. vêque devoir procéder avec eux, pour faire quelque chofe qui fût de du-
„ rée ; car il falloir les entendre avant que de les condamner^ fur cela feul
" qu'ils s'appelloient Neftoriens. . Q^and on leur autoit montré, que toutes
„ les difputes qu'ils avoienc avec l'Eghfc Romaine, ne confiftoienc qu'en des
„ équivoques, ils fe feroient rendus beaucoup plus dociles.
,, II. A l'égard des Images, les Chaldéens ne les refpedent pas tant que
„ l'es Grecs, parce que cette grande veneration pour les Images n'a été for-
"„ tement établie dans l'Eglife Grecque, que depuis le I I . Concile de Nicéc,
" qui eft pofterieur à toutes les Seûes des Chaldéens, qui fe contentent
' ^ ^ d'or-
M Voy. le d A i i l curieux du Synode de Diamper dans VHiß. d» Chrljliimjim ét loin L . I I I .
(A) On en brûla quantité.
rmnc m. Pan. I. Y y
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