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Foi Catholique. Mais ces livres ne pouvoicnt (èrvir c[U a ramener les particuliers
dans le fein de l'Eglife Catholique. George Wiceüius travailla piefque
dès le commencement du Schifme à une reunion generale. Dans cette vue
{a) il Ht un petit ouvrage peu connu aujourd'hui , mais qui mériteroic de
l'être a caulè de (â mod^ation , & de la maniéré dont il (e déclara für les
fautes des deux partis. George Caflîinder vint quelque tems après lui & publia
la Conßlfation fi connue, fur laquelle Grotius a fait des Notes. Il publia aufli
un traité (h) du de^voir dun homme de bien dans les troubles de l'Eglife. Ces ouvrages
déplurent également aux deux partis, & furtout aux Catholiques, entre
Icfquels les uns lui reprocherenc d'avoir trop accordé aux Proteftans, les
autres d'avoir crû que l'Herefie n'eft point un obftacle au (àlut, & qu'il fuffit
de croire en J. C. & à la Dodrine contenue dans le fymbole. Après laCo»-
fultation de Caflander, qui travailloit par ordre de l'Empereur Maximilien II.
le plus considerable des ouvrages publiés pour la conciliation des deux Communions
ell certainement la Methode du Cardinal de Richelieu , à laquelle les
Minillres oppolerent une Reponfe. Selon le P. Simon (c) Du Laurent, qui
avoit été Minilh'c en Languedoc, fut beaucoup employé pour ce grand ouvrage,
& {ùr tout il fut chargé d'une partie des Extraits de l'Antiquité, qui
pouvoient (èrvir à la reunion. Cependant il paroit par (d) le récit du P. Simon,que
l'on compcoit beaucoup plus fur l ' a d r e f l è f u r la douceur, que fur la force des
argumens. Quoi qu'il en (bit, voici en peu de mots quelques particularités
de la maniéré dont le Cardinal vouloit qu'on s'y prit pour tenter la reconciliation.
On devoit tenir une conference à Paris, où l'on n'auroit difputc que
fur fix ou fcpc des principaux points qui feparent les deux Communions.
On n'y auroit, dit-on, allègue ni Peres, ni Conciles, ni Tradition. On avoit
refolu de n'employer dans la conference que la Bible de la verHon de
Geneve. On devoit éviter les préliminaires, parceque cela fert d'ordinaire à
•prévenir les auditeurs , & l'on fè (ouvcnoic encore du mauvais effet qu'avoic
produit le difcours de Beze au Colloque de Poifli. Le Cardinal de Richelieu
armé des raitons & des argumens que lui avoient fourni les fayans qu'il avoic
.employé pour cet effet, devoit entrer en lice contre les Minillres, & leur tenir
tête dans cette difpute. Suppofé qu'on eut vu quelque apparence de reunion
, on auroit évité certains mots capables d'aigrir l'efpric des zélés Calvinirtes
: par exemple au terme de Tranfuhßantiation, on auroit fubftitué celui
de chavzement réel. On ajoute que la mort du Cardinal de Richelieu fit échouer
Te projet, & que le Cardinal Mazarin, à qui l'on propofa de le reprendre,
repondit qu'il falloit renvoyer la chofê à un tems plus fivorable. De
Marca Archevêque de Paris & de Goudrin Archevêque de Sens, fe propofcrent
auffi de faire reulfir cette metliode du Cardinal de Richelieu.
J e dois mettre entre Callander & le Cardinal de Richelieu Jean de Serres Miniftrc
lavant & auteur de Inventaire de tHißoire de France. Ce Miniflre publia en i 5 <? 7 .
un ouvrage où il entreprenoit de concilier les deux partis, fous ce titre, deßde
Catholica , ß^ve de principiis Religionis Chrißiana communi omnium Chrißiamrmn
confinfu fimper ubique rat is. On peut voir le titre plus au long dans la Bihliotheque
des Bißoriens de France du P. le Long p. 9 5 1 . avec diverfes particularités
(«) Methodus ConcordU "EztUßaßkt imprimé à T-ipfig en 13
(b) De Ofßcio fii ac publica ir/tii^juHitaiis vers amantis vin t
(c) Lettre I. du Tome I. des Lettre? du P. Sîmo».
(d) Le P. Sim» dit qu'il le tenoit d; Dtt LaurcM mcmc.
Rtligiomi diJfiMo.
Voy. Lett. I. & V L du Torr. L
RELIGION DES PROTESTANS. 309
larÎKs qui concernent l'Auteur & l'ouvrage, lequel ne contenta aucun des
partis. On y dit auffi que de Serres ftntit les pointes des autres Minières pour
avoir fait imprimer ce livre ; & que Beze & les Minillres de Languedoc ne patent
le détourner de ce delTein. Pour le premier de ces faits on cite Cayet,qui
étoit un Minillre {a) Ex-Calvini(ledcpofèpar leSynodetenuàSaumuren 15 9«.
Le Synode fuivant, qui fe tint à Montpellier en 1 5 5 8 . condamna deux Ouvrages
fur la Reunion, l'un François fous le titre d'amis pour la faix de l'Eglife
df du Royaume de France, l'autre Latin, fous celui à'apparatus adfdem Catholicmi.
Il cil furprenant que ce Synode n'ait fait aucune mention de {h) de Serres.
Entre les Proteftans d'Angleterre, Jaques L Roi d'Angleterre paroit avoir fouhaitc
cette reunion des partis. Du moins il panchoit afi'es pour la tolerance : mais
quand même il auroit elïiyé d'aller plus loin, la nature lui avoit refùfe les qualités
néceïftires pour l'exécution de cet ouvrage, & ne l'avoit orné que de celles
qui convenoient mieux à un Regent de College qu'à un Souverain de trois
Royaumes. Je joins à ce Prince Cafadon & Grotias, moins comme Conciliateurs
déclarés, que comme deux grans hommes capables de reunir les efpritsj
infiniment fuperietirs pour le genie au Monarque des trois Royaumes, & qui
fouhaitoient lincerement la paix du Chriftianifme.
En Suéde un Evêque Suédois nommé Jean Mathias écrivit une lettre en i S 5 s .
à Charles Guftave.par laquelle il exhortoit fortement ce Prince à travailler pour
(à reunion des Chrétiens. Cet Evêque Suédois eut le fort d'être dépofé par
les Etats de Suede en t « « 4 . Je ne dois pas lailfer paffer le célébré Pufendorf,
qui,aprcs avoirlû la UfiBoB/ram» ETOBge/zfafdcMr.HuetEvêque d'Avranchc,crut
que la methode de cet Auteur pouvoir être employée à la reconciliation des
CathoHques & des Proteftans. „ Il fe rendit nous (c) dit-on, prèfque garant
„ du paru Luthérien. . . . La propofition fut faite à M. Huer. . . . Celui-
„ ci jetta le plan & le fondement de l'ouvrage. . . . mais outre l'indifférence
„ des Catholiques fur le projet de reunion, Se une cntiere oppofition dans les
„ principaux Proteftans qui fe trouvoient à Paris . . . les préparatifs que l'on
„ faifoit dès-lots à la révocation de l'Edit de Nantes avoient fi fort eflàrou-
„ clié les efprits des Miniftres & raffemblée de Charenton, qu'ils fe défierent
„ des invitations amiables de M. Huer.
Le Miniftre d'HaîJ««, qui (d) publia environ l'année 16-70. à Saumur la
Remim du Chripanifme, fans nom d'auteur ni de hbraire, doit trouver la place
entre les Conciliateurs. Ce livre fit beaucoup de bruit. On le réfuta en
j t f y i . par un autre qui a pour titre Examen du li-vre de la Reunion &c. Selon
(e) le P. Simon „ d'Huiffeau imite la methode de Defcartes & veut ( ƒ ) qu'on
„ 6ire abifraftion de toutes les Religions, comme ayant toutes quelque dé-
„ fiut . . . & c'eft felon le Conciliateur, le feul moyen d'établir une Reli-
» gion
(ïi) Voyéi fur Ca^et, qu'on a fouvent mal nommé fon article dans le Diâionnaire de Bayle.
(è) J e trouve dans les ylBei dts Synodes Nutianaux pag. 209. du premier Volume arc. XXI. du Synode
de Sauniur,que de Sen-es, (apparemment Jean de Serres) fut chargé de repondre à Cayet. A l'égard
de Serres, on lie dans d'Aubigné, que de Serres fe révolta, & qu'il fut un des quatre Miniftres
qui alTurerent i Henri IV. qu'on pouvoir fe fauver dans la Religion Romaine.
(c) L'Abbé de Tilladet dans fa prc'face des Dijfmatim fur diverfiimdcierei dt Religion é- dt Philola.
S''-
(d) Il paroit par la préface du livre , que l'Auteur avoit plus de foiifante ans quand il le publia,'
Qiioi qu'en piiilTent dire les dtvoit, cet Auteur femble avoir travaillé de bonne foi.
(f) Lettres Tom. I. Lett. V L on y dit que le Fevre corrigea les épreuves de ce livre, que Capel, fils
de Lou'fs Capel, & quelques autres curent auflî connoiflance de cet ouvrage.
( f ) Voy. la page r 1 6 . du livre, à l'endroit qui commence, „ après cela pour bien faire, il faut fe dé-
„ pouiller de tous ces malheureux préjugés &c. & pag. m . chap. j.
Tome I lL Pari. IL I i i )
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