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i86 III. D I S S E R T ATI O N SUR LA
„ re, qui a adouci quelques termes d'Eutyclies , Icfquels p-iroilToicnt trop
J, rudes, difoic qu'il reconnoiiToit que Jefus Chriit ctoit compoic {a) de deux
„ Natures, mais qu'il n'étoit pas (é) deux Natures ; ce qui (emble ortho-
„ doxe : car ils ne veulent pas avouer qu'il y ait deux Natures en Jefùs
„ Chrift , de peur d'établir deux Jefus Chrills. Je ne doute pas même ,
„ que fi l'on retranche du fentiment d'Eutyches, quelques maniérés de par-
„ 1er trop fortes, &; les confequences qu'on en tire ordinairement , l'on ne
„ le puifle facilement concilier avec celui de l'Eglifè Romaine. Toute cette
,, différence n'eft venue que des différentes manières de fè lèrvir des mots
, , de Nature & de Perfonne : &: le deiir de foiitenir ce qu'on a une fois avan-
„ ce, a fait qu'Eutyches a défendu fon opinion avec entêtement & exaggera-
„ tion. De forte qu'il ne &ut pas prendre à la rigueur tous les termes Sont
„ il fe fert ; mais il faut les expliquer & les limiter felon l'idée qu'il avoit de
„ n'admettre qu'un Jelùs Chrifl;, & partant qu'une Nature, après qtie l'union
„ des deux Natures, lavoir de la Divine & de l'Humaine, s'eft faite d'une
„ manière que nous ne comprenons pas. Car ce qu'on attribue à Eutyches,
„ d'avoir crû que le c o r p de Jefus Chrift étoit divin & d'une autre Nature
J, que le n o t r e , ell plutôt l'exaggeration d'un Prédicateur , qui vouloir dire
, , que le corps de Jefus Chrift après l'union étoit comme divinifé , qu'une
„ vérité phylique &c réelle. L'on a cependant eu railon de condamner ce
„ fentiment, parce qu'il faut éviter ces fortes de façons de parler , qui peu-
„ vent être mal interpretees, 6c apporter des erreurs dans la Religion.
Pour ce qui regarde les autres points, tant de la créance que des ceremonies
, , des Jacobites, ce que {c} Brerewod en rapporte ne le trouve pas toujotirs
„ vrai. Par exemple, ils ne nient p-is le Purgatoire, ni la priere pour les morts,
„ comme il l'affirme après Thomas de Jefu ; mais ils ont la même opinion
„ fur cela, que les Grecs & les autres Orientaux. Il n'eft pas auffi vrai
„ qu'ils c o n f i r e n t en pain fans levain, à moins qu'on ne l'entende des Ar-
„ meniens, & felon Alvarés , des Ethiopiens : car les véritables Jacobites
„ dont nous parlons i c i , confièrent en pain levé ; & je ne doute point que
„ Gregoire XIII. qui avoit deffein d'établir à Rome un College de Jacobites,
„ comme il y en a un pour les Maronites , ne leur eiît permis de confâcrer
„ en pain l e v é , de la maniéré qu'on l'a permis aux Grecs. A l'égard de la
„ Confeffion, il n'efl pas vrai non plus qu'elle ne fort point en ufage parmi
„ eux: mais comme-ils ne la croyent pas de droit divin, non plus que la
„ plixpart des autres Orientaux , {d) cela fait qu'ils la negligent. . Pour ce
„ qui eft de la (e) C i r c o n c i f i o n , cela ne peut être vrai que de quelques
„ Cophtes & AbyfEns; encore ceux-là la regardent-ils plutôt comme une an-
„ cienne coutume, que comme une ceremonie de Religion.
„ L'on doit donc mettre grande différence entre les Jacobites , quand l'on
„ comprend fous ce nom les Cophtes, les Abyfîîns & les Arméniens, &
„ entre ceux qu'on nomme proprement Jacobites : car quoi qu'ils fuivent tous
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ib-j rmas n
CO Brsmifood des La«guti & Sel'f[. chap, 21,
(d) ffweswWdit,felon la vieille Traduftion Françoife „ ils confelTent leurs pochés à Dieu feul, non
7, au Prêtre, fi ce n'eft, comme d'autres difent, fort rarement".
( 0 Ils obiêrvent la Circoncifion à l'égard de l'un & de l'autre Sexe, dit Brmmed: ce qui eft l'ufagc
des AbytTlns.
R E L I G I O N DES GRECS. 187.
„ le fentiment de ce (<j) Jaques dont ils ont pris le n o m , ils ne laiffent pas
„ pour cela de différer en quelques ceremonies. Abraham Ecchellenfis pré-
„ tend que les Jacobites croyent, auffi bien que les Latins, que le Saint E t
„ prit procède du Pere & du Fils: mais il fe trompe fur ce fujet, auffi bien
„ qu'en plufieurs autres chofes qui regardent la créance & les ufages des Chré-
„ tiens du Levant".
(j'ajoute à ce que le P. Simm dit des Jacobites, [h) qu'avant le Baptême
ils impriment le figne de la Croix fur le bras & même fur le vifa<»e de l'enfant
qui doit être baptifé; qu'ils croyent „ que les ames des julfes demeu-
„ tent en la terre jufques au jour du jugement , attendant le fécond avene-
„ ment de Jefus C h r i f t , & que les Anges confiftent de deux fubftances, du
„ feu & de la lumiere".
Les Jacobites qui font répandus dans la Syrie & aux environs f o n t encore
au delà de cinquante mille familles. B r e r e W rapporte une citation qui
t n comptoit alors jufqu'à cent foiffante mille.)
De la CREANCE des COUTUMES des
COPHTES.
„ Il y a de l'apparence (jue les (c) Cophtes ou Coptes ont pris leur n om
„ d'une ville appellé C o p t e , qui étoit autrefois la Metropole de la Thebaï-
„ de, dont il eft fait mention dans Strabon & dans Plutarque. Les Chréripnç
rl'FtriTnrf, T,r\rrf,r,r .— — o. ;1_ _ nque
uans leurs u m c e s , parce que i o n parle Arabe dans tout le
„ païs. Cette Langue, que le Jefuite Kircher prétend être une Langue Me-
,, re & indépendante de toute autre , a été beaucoup alterée par la Langue
„ Grecque : car outre qu'elle en retient encore les carafteres , un très-orand
„ nombre de fe mots font purement Grecs. °
„ La créance de ces Peuples eft la même que celle des Jacobites : car ils
„ font Monophyfites, comme nous l'avons remarqué en parlant des Jacobi-
„ tes. Cell pourquoi il n'eft point befoin de lepetet ce que nous avons dit
„ en cet endroit-là. fis ont fait en différens rems différentes reunions avec l'E-
„ glife Romaine; mais en .apparence feulement, -{d) Le Jefuite Roderic, qui
„ fut envoyé p.u le Pape en 1 5 « ! . vers cette N a t i o n , laquelle avoit écrie
„ au même Pape des lettres pleines de foumiflîon & de r e l p e d envers le Sie-
„ ge de R o m e , comme fi elle eût reconnu que cette Eglife étoit la MaitreC.
„ fè de toutes les autres, nous fournira un bel exemple de ces reunions fimu-
„ Ices, & qui ne font appuyées le plus fouvent que fur des intérêts humains.
„ Ce Jefuite ayant eu quelque conférence avec deux Cophtes, que le Patriar-
„ che Gabriel avoit nommés pour cela, les perfuada facilement -de l'autorité
„ du
(a) Difciple de Severe Pitiiarclie d'AntiocIie dans le fixiemc fiecle. Ce Jaques eft reverf comme un
Saint par les Jacobites, de même que Diofcore, qui vivoit dans le même tems.
( i j Brtnwood iihi (up. p. î 5
M D'autres dérivent ce nom de Ofit i'Egpiiii, il quoi l'on doit ajouter, que l'Egypte a été appelléc
a,fhti dans le Talmnd , & Kikh par les Arabes. D'auti-es veulent que les Grecs ayent appellé les
Chretiens d'E^pte i«3-toi Copii^ par mépris, i caufe de k Circoncifion.
id) SacchiHi hi Nîjt, Societ.
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