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234 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ habillés comme les autres Moines, donc ils lê dilHngiient néanmoins, en cc
„ qu'ils portent la mitre & la croffe quand ils chantent la Meffe. Le Patriar-
„ che ne pouvant pas lui-même faire la vifite de tout le Mont Liban, tient
„ auprès de fa perfonne deux ou trois Evêques. Outre les Evcques qui font
„ au Mont Liban, il y en a encore à Damas, à Alep & en l'IIlc de Cy-
II pre.
„ Pour ce qui ed: des autres Ecclefiaftiqucs, ils peuvent tous (ê marier avant
, , l'ordination; & le Patriarche même y obligeoit il n'y a pas long-tems les
„ Prêtres avant que de leur conferer les Ordres, à moins qu'ils ne voululTent
„ fe faire Moines: car le peuple, qui ed jaloiix, n'eflpas bien aife de voir de jeu-
„ nés Prêtres (ans femmes. Cependant, depuis qu'ils ont un College à Ro-
„ me, oà l'on éleve une partie de leurs Ecclefiaftiques, il leur ell: permis de
„ garder de célibat, fans cju'on les inquiété pour cela. Auparavant qu'ils étu-
„ diaffent à Rome, ils n'ctoient gueres plus favants que le fimple peuple, lê
„ contentans de favoir lire & écrire. Ceux-là padent pour doftcs parmi
J , eux, lelquels outre la Langue Arabe, qui eft la Langue qu'on parle dans le
„ païs, ont quelque connoilîance de la Langue Clialdéenne, parce que leurs
„ Liturgies & (a) leurs autres livres d'Office font écrits en cette Langue.
„ La vie Monaflique n'cfl pas moins en recommandation parmi les Maronites
que dans tout le refle du Levant. Leurs Moines font de l'Ordre de
„ ' St.' Antoine: & il y a de l'apparence qu'ils font un refle de ces {h) anciens
„ Ermites quihabitoient les defcrts de la Syrie & de la Paleftine ; car ils font re-
„ tirés dans les lieux les plus cachés des montagnes. Se éloignés de tout com-
„ merce. Leur veftement eft pauvre & groflier, ils ne mangent jamais de
„ chair, même dans les plus grandes maladies, & ils ne boivent du vin que
5, trcs-rarement. Ils ne fçavent ce que c'eft gue de faire des voeux : mais lorf-
„ qu'ils font reçus dans le'jvlonaltere, il y a un des Religieux qui tient un li-
„ vre en fi main, & il fe contente de lire quelque chofc qui les regarde, en
„ les avertilïànt de ce qu'ils doivent faire, par exemple, de garder la conti-
„ nence : ce qui fufKt pour garder la chafleté, fans s'y engager par des voeux,
„ comme l'on fait dans l'Eglife Romaine. Ils ont en propre des biens & de
„ l'argent, dont ils peuvent difpofer à la mort; & lors qu'ils ne veulent plus
„ demeiurer dans un monaftere, ils paffent dans un autre, fans en demander
„ la permilTion à leur Supérieur. Ils ne peuvent faire aucune fonaion Ecclé-
„ fiaftique, comme de prêcher & de conteffer ; de forte qu'ils ne font que
3, pour eux lëuls, n'ayant aucun exercice Ipirituel en commun pour le lervice
„ de leur prochain. Ils travaillent de leurs mains, & cultivent la terre con-
„ formément à leur inllitution. Enfin ils exercent hautement l'hofpitalité,
„ principalement dans le Monaftere de Canubin, où il y a table ouverte pen-
3, dint toute l'année. L'on ne traitera point ici de leur créance , parce qu'el-
„ le ne difîere point des autres Orientaux, (c) à la refèrve de ce qui a établi
„ leur Schifrne, dans lequel ils ne font plus aujourd'hui, étant fbumis entiere-
„ ment à l'Eghfe Romaine. Ils confacrent même en pain fans levain : mais
„ il y a de l'apparence, qu'ils ne font dans cet ufage que depuis leur reunion avec
„ Rome,
(rt) Leurs Livres confiftcnt en deux difFcrentes verfiqns de la Bible en Syrien, en un Recueil de Prières
, de Pfeaumes & de Litanies ; en quelques colleiftions He Conciles, de Confticurions &c.
(h Voy. le FcJAge ilH Mont Libtm çsx Diuidini, & les ilemarques du P. Simm lur la vie monaflique
des Moines du Moni-Liban & fur la conformiié de leur Difcipline avec celle des anciens Moines,
( f j Voye's ci-après les principaux articles de leur ancienne croyance. '
R E L I G I O N DES GRECS.
, , Rome,^ quoi que les nouveaux Maronites prétendent, qu'ils n'ayent jamais
li confâcrc en pain levé.
„ Leur Meffe eft affez différente de celle des Latins : mais l'on a reforme
i , leur Miffel à Rome, & il eft défendu de fe fervir d'autre Mifl'el que de celui
qui eft reformé. Ils ne font aucun Office, qu'ils n'y encenfent beaucoup
,', fur tout en la MefTe, où ils ne fe fervent point de manipule , ni d'étole,
„ comme les Latins, n'ayant pas même l'ufage des chafubles, fi ce n'eft de-
„ puis qu'on leur en a envoyé de Rome : mais au lieu de manipule ils por-
„ tent fut les deux bras deux petites pieces d'étofe de foye ou de laine teinte,
„ qui font coufues a l'aube, ou même qui en font détachées. Les Prêtres né
j'i difent pas la Meffe en particulier, comme font les Prêtres Latins; {a) mais
„ ' ils difeiit tous la Meffe enfemble étant à l'entour de l'Autel, où ils affiftent
i, le Celebrant, qui donne la communion à tous. Les Laïques communient
i , fous les deux efpeces : mais les Mifîionnaires du Pape y introdiiifent tous les
„ jours la communion fous une efpece. Ils ne font pas confifter les paroles
„ de la confécration dans ces mots. Ceci ejl mm Corfs &c. Ceci tft mm Satig
„ &c, mais dans d'autres paroles plus longues, & qui renferment la priere
„ qu'on appelle ordinairement l'invocation du St. Efprit. Ils fuivent néanmoins
,V préfentement en cela & en beaucoup d'autres chofes les fentimens des
i , Théologiens Latins,' qu'on leur a enfeignés à Rome. A l'égard des autres
i, OfKces, ils les recitent dans l'Eglife, où ils vont à minuit pour chanter Ma-
), tines, ou plutôt les Nodurnes. Ils recitent Laudes , qu'on peut appeller
>, Prime, fi-tôt que le jour commence. Tierce précédé la Meffe, après laquel-
» le ils difent Sexte.- Nones fe chantent après dîner, 'Vêpres au coucher du
„ foleil; & enfin Complies après fouper, avant que de fe mettre au lit. Cha-
„ que Office c f t compoffid'une préface, de deux ou de trois, & même de
„ plufleurs oraifons, avec un p.nreil nombre d'Hymnes entre deux. Ils oiu
„ outre cela des Offices propres pour la Ferie, pour le Carême, pour les fé-
„ tes mobiles & pour les autres jours. Les Prêtres & les autres Eccléfiafti-
„ ques qui font dans les Ordres facrés, ne croyent pas être oblicrés de reciter
l'Office, quand ils ne peuvent aflifter au Choeur,fi ce n'eft depufs que les La-
3, tins ont voulu les y obliger".
^ (Les Maronites commencent toujours leurs Offices pat des prieres qui s'adreffeut
à Jefus Chrift comme Médiateur & Libérateur. Ils ne prient j.-imais
la Vierge & les Saints féparement de Jefus Clirift. Cependant ils faluent la
Sainte Vierge en particulier, & honorent fa memoirepar une infinité de louanges:
mais luivant le rapport du P. Simm, à qui ces remarques font ducs, il
paroit que ces filutations ne fervent uniquement qu'à honorer le mérite de la
Vierge. Les prieres que ces Maronites lui adreffent Se aux Saints ne demandent
Ces deux ufages, dirent le P. Sitften 3c D^intlini , font anciens & !?'obfërvoient dans ta primitiv
e Eglife.-'' A l'-e^rd de ceTùi de donner la communion fous les deux efpèces , voici quelques Remar-
«lues utiles. Gnlrriel Sionite, dms fa reponfe aux queftions de NihnfiHs fui- quelques ufoges des Maronites
dit foi'mellementi qu'on donne aux Maronites la Communion fous les deux efpèccs, except<^ aux enfans
nouvellement baptilés, & aux autres petits enfans, auxquels on donne à fucer une cuiller qui a été trempée
dans le fang; excepté encore à ceux qui vont en voyage ou à la guerre,auxquelson permet d'emporter avec
eux l£ Sacrement fous la feule efpèce du pain 5 ufage que l'Antiquité a permis aufli. D'un autre côté
Abraham Echellcnf.s, que je cite ici^furila foi du P. Simon, écrivit au même mrnfms, qu'on ne donne
la Communion fous les deux efpèces chez les Maronites, qu'à ceux qui communient pubUquement dans
l'Eglife avec le Pretrc,qu'on ne porte le calice ni aux mdades, ni a ceux qui ne peuvent pas fe rendre
a rEglile. Il ajoute que l'ufage de donner-le fang aux enfans eft aboli, de même que celui de porter
le Sacrement en voyage, & qu'on ne communie plus les enfans avant l'âee de dix ans.
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