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330 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
„ dans les nouvelles Reformations, il efl: arrivé que les Eglifes n'mt point d'n-
5, fomiîéj & l'on ne doit plus sctonner de ce que l'on fe chamaille pour des
„ choies indifférentes. " Voilà comme parloir Comenius, fans peut être (èntir
les conféquences qu'il efi; permis de tirer d'un tel dilcours. Mais ceux à
qui il ne convient point de tirer ces conféquences recufent ce Moravien, comme
un homme peu judicieux & fufped, parce qu'il vivoit des profits que fès
chinjeres lui produifoient, avec lefquelles il épuifoit les bourfes des bonnes ames,
un fanatique, en un mot, & un Millénaire.
Les aflemblées des lidelles de l'Unité font compofées des Miniflres Se Pafleurs,
& des auditeurs. Ceux-ci font partagés en trois claifes, aflavoir des comnençans, c'eflà
dirc des Catechumenes, (tant lesenfansque les adultes) des O'ZJ«« , qui peuvent
participer aux miileres de l'Eglife, & des parfaits, qui font en état de fèrvir d'exemple
aux autres fidclles &; de les conduire à la pcrfeûion. Quelques auteurs font unequatricme
clalfe des penitens. Quoiqu'il enfbit entre ces parfaits l'Unité choifit trois
dlffiirens ordres de {a] Minillres de fès Eglilês ; qui font (h) les Prêtres, entre lef^
quels il faut aullî ranger les Palpeurs, les Aumôniers, & les Ediles. Qu'on ne s'imagine
pas que ces Prêtres ont quelque conformité avec ceux des Catholiques.
Ce font, à proprement, parler, des Anciens femblables à ceux dont il efl: parle
dans l'Ancien Teflanient, & même chez divers peuples de l'Antiquité;
femblables aullî en quelque chofe aux Anciens des Reformés. Ce font des
gens de confèil, des juges dans les affemblées des Frétés, des cenfèurs ecclefiaftiques,
des depofitaires, conjointement avec les Miniftres, de la Difcipline
ccclefiaflique. Outre ces Anciens les Freres avoienc leurs Matrones^ c'eftà
dire des femmes âgées, qui infpiroient le refpecS aux jeunes par une gravite
fondée fur la vertu & les bonnes moeurs. L'Eglife primitive avoir de ces
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femmes : appelions les des Anciennes, Comenius demannddee,, pourquoi cette inflicution
efl abolie. „ Avoir elle dégénéré en abus! Les Anciennes de l'U-
„ nité n'en ont point caufé; il faut rétablir, ajoute-t-il, tout ce qui eil: ca-
„ pable d'édifier. " Je doute qu'aujourd'hui les Anciennes édifiaffent beaucoup
les fîdelles de la Reforme. Les Aumôniers, que les Reformés appelleroient
Diacres, font les diflributeurs des charités, que fait l'Unité. Il eil auffi de
leur miniftere d'avoir foin des veuves, des orphelins, des malades, de ceux
qui font perfecutcs ou chafles pour la profefïion de l'Evangile, ( c'cft-à-dire de
la Doflrinc enfeignée chez les Freres ) Les Ediles ont l'adminiftration de tout
ce qui concerne les Eglifes & le logement des Pafleurs. Ils retirent les colkdtes
qui fe doivent faire quatre fois l'année pour les befoins des fidclles & pour
tes reparations des Eglifês, des Ecoles &c.
Les Miniflres, ou plîuôt les Pafleurs, prêchent la parole de Dieu & adminiflrent
les Sacremens : As ont auCTi le pouvoir des Clefs. Leur Supérieur porte
le nom à'AntiJies, ce qui proprement fignifie premier Prêtre. C'eft le Sur-
Intendant des Luthériens. On peut regarder i'AntiJles comme une efpèce d'Evêque.
Les Miniflres ont fous eux des Acolythes & des Diacres. Ces Acolythes
font de jeunes gens élevés fous les yeux, & d'ordinaire dans la maifon des Miniflres.
Outre leurs fonflions domefliques, qui confiflent à s'exercer dans
la ledure de la Bible & l'étude de la Religion, il leur apartient d'aller faire
Co) Miniftrene fignifie point ici des perfoiines qui prêchent J ralTemblfe, felon l'ufaec des Reformés
& des Luthériens, qui les appellent ordinairement pafteurs.
(i) Pmbpiri, Ektm/ymff, ^dik,. Je confcrve ce mot à caufe que leur fonflion a quelque laport
à celle des Ediles Romams, & s'étend plus lom, ce me fembic, que celle de MarguilUer.
RELIGION DES PROTESTANS. 331
re la priere, d'enfeigner le Catechifme aux jeunes enfans, de lire dans les Eglifes,
même d'y faire de petits Sermons, s'ils ont afics de capacité pour cela.
Enfin ils accompagnent les Miniftres en voyage ; & pour defcendre à quelque
chofe de plus bas, ils fônnent la cloche pour appeller à l'Eglife, ils ouvrent
les temples, ils les ferment, ils y allument les cliandeles ou les bougies.
Les Diacres font ordinarrement plus âgés que les Acolythes, & plus a-'
vancés auffl en dignité. Appelions les des Propofans, puifqu'ils font les aides
des Minillres : mais parce que ces Diacres peuvent adminiftrer les Sacremens
il faut les regarder auffi comme les Vicaires des Minillres. A la vérité, quand
les Diacres donnent la Cene, le Miniflre prononce les paroles de l'inftitution j
autrement dites les paroles Cicramentelles, & donne l'abfolution au peuple, comme
étant feul revêtu de la puiffance des Clefi.
VAntiJles, comme je l'ai déjà dit, efl le Supérieur, ou plûtôt le Chef de
ce Sénat Ecclefiallique, connu dans la Reforme fous le nom de Confilloire. On
choifit pour Antijies, ou du moins l'on doit choifir, un homme refpeaable
p.ir l'âge Si pat le mérité, pourvu de beaucoup de force d'efprit & d'une tête
telle qu'il la faut pour retenir chacun de ces Ecclefiafliques dans le devoir de
fa charge, & pour maintenir l'ordre dans l'Eglife. Ce ne font, dit la Difcipline,
ni les honneurs, ni les revenus qui doivent faire briguer cette charge. Elle n'efl
dtllinguce que par des travaux & des foins extraordinaires. Cet Anti/les ou
Evêtjue eft élu folennellement par les fuffrages de tous les Miniftres. Sa charge
cft à vie. Il y avoit autrefois, dit Comenius, deux Anti/les en Boheme, dcSx
en Moravie, un, & quelquefois deux en Pologne. Il eft du devoir des Ami/les
de veiller à l'orthodoxie & à la difcipline, de choifir entre les jeunes étudians
les plus propres à fervir l'Eglife, d'ordonner les Acolythes, les Diacres, les Anciens
& les Miniftres, de pourvoira tousles befoins du troupeau, de vifiter tous
les ans fbn diocefe, & de prévenir, s'il efl poflible, les perfecutions & les autres
dangers qui le menacent, de reprendre & ccndirer dans l'occafion : tout
cela prefque toujours de concert avec fes Collègues & non pas de fa feule autorité.
On ne peut appeller du jugement des Antiftes qu'an Synode general.
Au deffus des Antifies eft le Prefident. Si les Antips ont quelque mppott
avec les Evêques, on peut fe repréfenter le Prefident comme un Archevêque:
mais cependant la Prefidence ne le fait que le premier du Clergé de l'Unité,
non le Supérieur : Car il ne peut affembler le Confifloire qu'avec la connoiffànce
& l'approbation des autres dntijies. Cell lui qui fait mettre en execution
les décrets &c les jugemens des Synodes. Il fait l'ouverture des affemblées
par des exhortations & des prieres. Il fait aufïi l'ouverture des deliberations il
recueille les voix &c. Enfin il indique & convoque les Synodes. Je ne dis
rien du Notaire Ecclefiallique, dont la fonélion efl affés connue, ni de celles
de ceux que la Diltipline appelle d'un {a) nom que je traduirai encore par aides
ou Vicaires des Anciens. Ces 'Vicaires ont quelque reffemblance avec les
Chorevêques des anciens Chrétiens.
Je paflé au Synode & aux Ordinations du Clergé de \Umté. La Difcipline
nous parle de deux fortes de Synodes; des généraux, qu'on n'affembloit
meres que tous les trois ou quatre ans, & pour des raifons capitales, comme
la depoficion des mauvais Miniftres ou le défaut de Difcipline dans quelque
Eglife ; des particuliers, que l'on affembloit pour des caufes moins impor--
tantes, & fouvent aufll dans un beloin preffant & fubit, qui ne permettoit
(il) Co»fe>iioilt<
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