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RELIGION DES PROTESTANS. 365
Les Luthériens eraployent indi^remment da vin rouge ou du vin blanc i
leur Communion. Ils ne la donnenc point aux enfâns : mais ils là portent aux
malades & aux mourans, & voici ce que l'on pratique alors. D'abord je doisr
faire remarquer au lecteur, que cette Communion portée aux malades a toute.
!a conformité polTible (excepté pourtant l'adoration) au Viatique des Catholiques
Romains, & que cette Communion pourroit bien auflî reçevoir le
même nom de (la) ViatK^uey puifque, s'il eft permis de s'exprimer de U forte,,
elle eft donnée au mourant comme une pro'vijîon de ^voyage. Le nom que les
(j?) Allerûans donnent au Viatique exprime la même idée & me rappelle le
Naalum, ou droit de palBge dû a Charon, qui etoit une obole, c'eft^à-dire une
piece d'environ fix deniers qu'on mertoit dans la bouche du mort, pour
payer à Charon le droit de pafTage aux Enfers : à quoi Apulée ajoute (c) un
gâteau, pour broder l'ufâge à (à mode. Je ne fai fi le nom de Viatique a paru
trop fuperftitieux ou trop Fapifie aux Luthériens, mais quoiqu'il en fbit ils
t)nt juge à propos de l'abandonner, & d'appeller Commmion prkiée cette Communion
donnée aux malades & aux mourans. Elle (è réduit à ces trois cho(ès
pour ce qui regarde la ceremonie. i . à la Confeflîon du malade prccedée d'une
priere & fuivie de l'abfolution que le ConfelTeur lui donne au nom & de la
part de Dieu. z. à la Communion donnée au malade précédée auflî d'une priere
préparatoire & fûivie du chant d'un Pfêaume, qui eft ou le i j . ou le i o 3. dans le
Pfèautier des Luthériens & des autres Proteftans, & d'une collecte, ou priere
convenable à la Communion. 3. d'une benediélion, qui fait la clôture de la ceremonie.
Mon Auteur rapporte, qu'en quelques endroits on fait un petit
Autel de la table qui (è trouve dans la chambre du malade, c'eft-à-dire, que
for un tapis, ou mr une nape on met deux chandelles ou deux bougies, & un
Crucifix entre deux avec la patene, & le calice, ou des choies équivalentes, il
ajoute qu'il a vu de ces Communions privées adminiftrées fàas autres témoins
que la femme ou le mari de la perfoiini; malade. Cependant l'ordre veut qu'elle
foit adminiftrée en prélènce des parens & même des domeftiques du malade
; mais fi l'on n'a ni parens, ni domeftiques, on doit appeller deux ou trois
voifins pour témoins. Il eft même permis à des parens, ou à des amis du
malade de communier avec lui, 8c pour cet eiïèt on doit les avertir la veille
, ou du moins quelques heures d'avance, afin qu'ils puilTent (ê préparer à
cet adle religieux. Ce n'eft pas (èulement aux malades & aux mourans que
l'on porte la Commuaion, il eft aufti de l'ulàge des Luthériens de la porter
aux perfonnes que le grand âge rend incapables de communier dans l'alTemblée
de leurs Freres. A ces perfonnes, le Miniftre qui les communie, fait une exhortation,
que l'on pourroit appeller un Prêche domeftique par raport à la Commmion
privée ou d o m e f t i q u e.
Je dois parler a prélènt de la Confèftîon, dont j'ai déjà dit quelque chofe.
La Confeffion eft eftimée très néceflàire dans tout le Lutheranifine.
Ajoutons en même tems qu'elle eft très avantageu(ê à l'autorité
ccclefiaftique. Si elle calme les peines de l'ame & foulage les confciences, elle
excite aufli la crainte, la veneration, le refpedt pour les Paftcurs, qui par la
Con-
(a) Fîaticum en Latin fignifie argent, ou provifions pour un voyagé.
(,(>) Zehrpfe»nig ou Rtifepfennig. Il eft bon de remarquer, que KtaticHm employé pour fignlfierTEuchariftie
donnée aux malades eft un mot beaucoup plus ancien que Charlemagne, & que dans un Auteur
^mmé Dndon, Auteur à b vcritc du bas âge, on la trouve appellee Stips c'eft-à-dire aumône.
(c) L. VI. Metamorph. . . . mn vaçna aeMis incedere, fed of as. . . . . AmMns gifiarc manibnsi
4e in if/i ere dnas ferre Jiifes.
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