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par le Prêtre revêtu de fcs ornemens pontificaux en prcfence de ceux qui ont
donné lieu, foit direftement foit indircftement, à l'Excommunication du
mort, s'ils font en état de comparoitre. Après ces prières, qui lui donnent
l'abfolution, (a) il fe diffout & il ne relie du corps que des cendres. Suppofé
que cette diflblution foit vraye, en voici la caufe naturelle. L'air étranger
pénétré ces corps durcis par les lêls terrellres, qui ont occupé les pores, les
fibres, les nerfs de ces corps. Il fond ces fels, & relâche par fon humidité les
nerfs & les fibres : le corps fe refout, & c'efl: là le miracle que la nature opere
pendant la priere de l'abfolution.
Aux Superllitions que je décris, efl: due la coutume de déterrer les morts un
an après leur fépulture. La belle couleur & la bonne odeur font chez les
Grecs fuperftitieux une preuve fans équivoque de la fainteié de leurs morts.
Ils portent même la prevention julqu'à croire que la perfonne, qui a prononcé
l'Excommunication, doitaulfi prononcer l'abfolution, fut elle devenue Mahometane
ou Payenne. Ceft ainfi que, (l) felon Allatius, un Patriarche eut recours
a un Renegat, pour dillbudre un mort excommunié par ce dernier étant
encore Chrétien.
Le Diable n'en veut p s feulement aux morts ; il arrive auiîi, que chez les
Grecs comme ailleurs, il entre dans le corps des vivans. On l'exorcilè pour
le chalTer. Chrijtophie Angehs nous décrit, comme témoin occulaire, [c) l'exorcifme
d'un Demoniaque. On enchaina le poflèdé à un poteau, après quoi des
Prêtres revêtus des ornemens ficrés lui lurent pendant fix heures une partie des
quatre Evaneiles. Comme un paffige de {d) Sr. Mathieu dit formellement
que l'on ne chaffe les Diables que par les jeunes & par les prieres, les Prêtres
Exorciftes avoient eu la précaution de jeûner environ vint & quatre heures. Le
lendemain les Prêtres jeunjirent comme auparavant, & continuèrent de lire:
à peine cette leûure fut elle achevée le troifième jour. Cependant le poffedc
maudiffoit Dieu & les hommes, en jurant, hurlant & tordant la bouche : mais
toutes ces contorfions n'empêcherent pas les Prêtres de conrinuer la Icifture, fans
daigner répondre un feul mot aux impiétés de Satan. Il faut remarquer que les
Prêtres lifoient tour-à-tour lans interruption, & cela le faifoit avec (e) tant
de précaution, qu'au dernier mot de l'un l'autre reprenoit tout aullî-tôt laleûure.
Lorfqu'ils eurent achevé de lire les quatre Evangiles, on choiiît un autre
Prêtre , bien connu par fa vertu & par la fimplicité de la vie. Çelui-a lut :
Diable les Exorcifmes de S. B.ilile.L 6c Il par femble que ^
cette leûure acheva de le déconcerter:
Diable les Exorcifmes de S. B.ilile. Il femble que cette leûure acheva de le déconcerter
quoiqu'il en foit l'Elprit malin répondit au Prêtre par des injures,
: quoiqu'il en foit l'Efprit malin répondit au Prêtre par des inju
mais le Prêtre répliqua par la cenfure, & par un ordre fi abfolu de déloger,
qu'il lôrtit enfin. En fortant il joua de fon relie, maltraitant le poflcdé autant qu'iî
mais le Prêtre répliqua par la cenfure, & par un ordre fi abfolu de déloj
qu'il lôrtit enfin. En fortant il joua de fon relie, m
lui fiît poffible, & jufqu'à le laiflèr pour mort.
Avant que de palTer au Mariage & aux ceremonies qui le concernent, je
vais rapporter quelques differences que les Grecs ont remarquées dans les VroucoUipts.
Ils croyent que l'Excommunication proportionne fon aftion au crime
de celui qu'elle frappe, ou à la dignité de celui qui excommunie ; & c'ell là felon
les Grecs, la caufe de ces differences. La partie antérieure du corps de celui
qui
W Le m«mc AlUtiu: rapporte des exemples de ces diffoliition! qui ont fnivi l'abfolution. Il
ne le donne pas pour avoir v û , mais pour avoir après de quelques perfonnes dienes de foi.
(fr) ^ilalim ubi fup.
(c) De .statu Grjcor, cap. 49.
rt s. Mathieu cil. XVII. v. it.
W Je paraphrafe ainfi les termes Grecs, qui mot i mot fignifienr, il nuit U punit 'd, U htcht J.
»lut ijHi le préeecU. o » t
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qui à manqué à quelque precepte, ou qui a reçu quelque malediélion relie
abfolunient entiere après ^ mort.
Celui qui a été frappé d'Anatheme devient jaune, fes doits fe rerirent tout à
fait: celui qui efl excommunié par les loix divines paroit tout blanc, mais celui
qui efl excommunié par un Prélat paroit tout noir.
Je paffe au mariage : il a fes ceremonies particulières, & des préliminaires auffi
remarquables que ceux des autres pais : mais avant que le décrire du côté des
pratiques civiles & mondaines, il faut le voir pat celles qui l'attachent à la
Religion. L'OfSce du Mariage a- {a) une priere pour la mariée qui va être
voilée ou coiffée. Ceux qui veulent fe lier par les liens du mariage, fi indiffolubles
dans le Chrillianilme, & oij l'on fe trouve fouvent lié avec des Demons
que le plus hardi Exorcifle n'oferoit fe vanter de pouvoir chaffer; ceux-là,disj
e , fe préfentent au Prêtre après la Meffe. Le Mari futur prend la droite, la
femme la gauche. Il y a fur la fainte Table, & à droite deux anneaux tout
près l'un de l'autre; l'un d'argent, tourné vers le côté droit, l'autre d'or tourné
vers le gauche. Le Prêtre qui doit accorder ces deux perfonnes fait des figues
de Croix fur elles, leur met entre les mains des cierges allumés, les encenfe en
croix, les conduit au Temple. Les prieres fuivent entre le Choeur & le Diacre pout
le bonheur, la paix & la fécondité de ces fiiturs maries. Après ces prieres, le
Prêtre donne l'anneau d'or au galand & celui d'argent à là maitrellè, en difmt
jufqu'à trois fois, j'unis {ou j'engage) un tel une telle, fer-uiteur ér" fervante
de Vieit, au nom du ?ere Sec. Ayant prononcé cette formule, il fait le figne de
la croix fur leur tête avec les anneaux, avant que de les leur mettre aux doits
de la main droite. Un (h) Paranymphe fait enfuite l'échange de ces deux anneaux
& le Prêtre dit une alTés longue priere, dans laquelle la vertu & la dignité
de l'anneau nuptial font comparées typiquement aux anneaux de Joieph,
de Daniel, de Thamar &c.
Lors (c) que l'on couronne les mariés le même Prêtre accompagne la ceremonie
de plufieurs benediftions & de quelques prieres pathétiques. Les Epoux
entrent dans l'Eghfè avec leurs cierges allumés, le Prêtre marche devant
avec l'encenfoir, en chantant le Pfèaume i z8, qui promet aux fidelles du Judaïfhie
un mariage heureux & fécond. A chaque Verfet du Pfeaume l'affemblée
répond par le gloria &c. Le Diacre reprend les prieres à la fin du Pfeaume,
Se le Choeur répond comme à l'ordinaire. Si après tant de voeux & tant
de prieres, où l'on (d) 6it le détail des benediflions accordées à Abraham, à
Ifaac, à tous les Patriarches, à Zacharie & à Elizabeth , Pere & Mere du
précurfeur de N. S. &c. Si dis-je, après toutes ces benediftions, un mariage
efl malheureux ; que peut-on repondre > Sinon que l'humanité gâte l'ouvrage
de la Religion.
Apres toutes ces prieres, le Prêtre couronne l'Epoux en prononçant ces paroles,
m tel ferviteur de Dieu efi couronné ^our le marier à &c. enfuite il couronne
l'Epoufe en recitant la même formule, que fuivent une triple benediction
, des leçons, 6c quelque prieres. Pour derniere cérémonie le Prêtre fait
boire
(<«) Voy. VEttchaloge du F. Gactr.
(1>) Ou les Parauymplies, parce qu'il y en a ordinairement plufieurs. Ces Paranymphes font prefque
^ujours les Parrains & les Marraines des marie's, comme on le verra dans ce que j'extrairai ci après de
Tottrncfort.
(O Ufage I
W) Voy. c
irticulier des Grecs. Voy. Gottr dans fon £«c
;ux Prieres pour les nouveaux Mariés dans \'EttcHnlogi ubi fup.
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