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148 m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
,j qu'ils nient avec eux, qu'il y ait un lieu particulier nommé Purgatoire, où
„ les ames foient punies par un feu réel Si veritable, ils ne tiieiit pas pour cé-
„ la la vérité du Purgatoire de la maniéré que nous l'avons expliqué en par-
„ lant des Grecs. De plus, le (éntiment des Melchites touchant la Primauté
„ du Patriarche de Rome, eft auffi le iTiêtae que celui des Grecs qui ne fe
„ font point foumis aux decifions du Concile de Florence.. En un mot, à la
„ referve de quelques points peu importants qui appartiennent aux ceremo-
5', nies & à lâ-Difcipline Ecclefiaftique, les Melchites font en toutes chofes de
„ véritables Grecs; ils ont même traduit en Arabe l'Euchologe ou Ritiiel des
„ Grecs, & la plupart de leurs autres livres d'Office: ce qui ne leur eftpout-
„ tant pas fingulier, parce que les autres Seûes du Levant ont aulTi traduit
„ du Grec, pour leur ufage, l'Euchologe & d'autres livres de ceremonies. Mais
„ toutes leurs Tradudions ne font pas d'ordinaire fort fidelles, & les Canons
„ Arabes des Conciles ne iont p.as d'une grande utilité. Je croirois pourtant,
j, qu'il fàudroit preferer les Verfions Arabes des Melchites .à toutes les autres,
„ parce qu'ils font véritables Grecs, quoi qu'ils ayent auffi leurs préjugés, qui
„ les empêchent tjuelquefois d'être (mceres. En general, les Chrétiens du
,, Levant, bien loin d'être éxafls dans leurs Traduftions qu'ils font des livres
„ Grecs, croyent qu'il leur eft permis de fiire parler à leur maniéré les Au-
„ teurs qu'ils traduifent. Chaque Secle defend fes opinions par toutes fortes
„ de voyes; & je ne doute point, qu'on ne doive attribuer à cela les Ca-
J, nons fuppofcs qu'on a donnés au Public fous le nom de Canons du Coft-
„ cile de Nicée traduits de l'Arabe. La grande autorité du Concile de Nicée
„ a été la caufê pourquoi on a inventé ces Canons Arabes, que chaque Se£le
„ a accommodés à les fentimens. Les Melchites trouvent dans ces Canons at-
„ tribués au Concile de Nicée,. dequqi fe defendre contre les Jacobites : Se
j , les Jacobites d'autre part, defendent par ces mêmes Canons leur opinion
touchant l'unité de nature en notre Seigneur. Les uns & les autres font
j , parler le Concile de Nicée à leur mahiere. Les Jacobites accufent les Mel-
„ chites d'avoir corrompu ces Canons. Les Maronites , qui croient. dans les
„ commencemens de la Sedle des Jacobites, leur font" auffi le même reproche.
J, Jean Baptille Leopard Maronite, Archevêque d'Eldton, (a)_ dans le livre
• „ qu'il a intitulé, La Vendavge des Sacremms, accufe les Melcliites d'avoir a-
„ jouté au Canon 55 du Concile de Nicée, quelques paroles qui favorifoient
J, leur opinion touchant la repudiation des femmes; & il leur reproche d'a-
„ voir pris des Mahometans cet u&ge, qu'ils ont enfuite inféré dans le Canon.
„ Mais ce reproche eft (ans aucun fondement, puilqu'il eft certain que les'
J, Grecs Se les autres Levantins peuvent répudier leurs femmes, & en epoufcr
, , d'autres, principalement dans le cas d'adultcre. Les Melchites n'ont inféré
J, dans ce prétendu Canon du Concile de Nicée, que ce qui étoit conforme
à la pratique de l'Egjife Grecque".
Les Melchites obéiffent à un Patriarche particulier qui refide aujourd'hui ii
Damas, & prend le titre de Patriarche d'Antioche, comme celui des Maronites.
Depuis quelque tems, dit le P. k Brun, la difficulté de trouver des
Diacres & d'autres Miniftres, qui fâchent lire le Grec eft caufe qu'ils celebrent
leur Meffe en Arabe. Quand on peut ofBcier en Grec, on chante l'Epitre &
l'Evangile en Arabe. y
(a) Ah-nh. Ecchtll. Not. i» G?«, ^r. Conc. Nie.
R E L I G I O N DES GRECS. 149
Je remarquerai ici, qu'on appelle Chitims de la ceinture une partie des
Chrétiens Schifiiiatiques du Levant, fur-tout ceux de Syrie, les Neftoriens,
les Jacobites &c. parce qu'ils portent gcneralement une ceinture de cuir allés
large. L'origine de cette coutume vient d'un Calife du neuvième fiecle, qui
obligea les Chretiens de fes Etats de fe diftiiiguer de cette façon des Mahometans.
(a) Vraifemblablement cette odieufe diftindion s'ctant oubliée, & la ceinuire
étant devenue un ornement, elle produifit une autre coutume que je vais
décrire. Lor(que l'Evcque excommunioit un Chrétien, en le féparant par l'Anatheme,
il lui coupoit la ceinture, & lui en donnoit quelques coups fur les
épaules. En vertu de cet ufage, le mot de Zomxr, corrompu du Grec, fi.
gnifie également chez ces Schifmatiques une ceinture & la Difciplme.
Des [b) GEORGIENS ou IBERIENS, ^ de
ceux de la COLCHIDE ou MENGRELIE.
„ Dans (c) l'Hiftoire que Galanus a fait imprimer à Rome touchant la con-
), ciliation de l'EghIê Arménienne avec la Romaine, il y a quelques aâes cu-
„ rieux qui regardent l'Etat des Iberiens & des autres Peuples voifins. Le Pape
„ Urbain VllL envoya à ces Peuples là des Miffionnaires, dont le Pere Avita-
„ bolis Clerc Regulier étoit le Chef : & ce Religieux efcrivit de ce pays-là u-
„ ne lettre au Pape, où il lui marque alfés éxadement les erreurs des Ibe-
„ riens, qui font les mêmes qu'on attribue aux Grecs; favoir qu'ils recon-
„ noiflènt, à la vérité, un Purgatoire, mais non pas à la maniéré des Latins,
„ parce {d) qu'ils croyent que Tes ames font feulement dans un lieu obfcut
„ & rempli de trifteflè, lâns y être tourmentées par le feu: qu'ils nient le
„ Jugement particulier des ames, étant dans cette perfiiafion, que quand
„ quelqu'un meurt, fon ame eft portée par fon Ange Gardien en la pr&nce
„ de Jefus Chrift ; & fi c'eft l'ame d'un Jufte qui foit fans péché, elle eft in-
„ continent envoyée dans un lieu de lumiere ôc de joye : fi c'eft l'ame d'un
„ impie, elle eft mi{ë dans un lieu obfour. Si cette perfonne eft morte en
„ fàiiant penitence, elle eft envoyée pour un tems dans le lieu d'obfourité 6c
„ d'horreur, d'où elle eft enfuite conduite dans le lieu de joye: Se tous a£-
„ tendent le jour de la Refurredion générale, d'autant qu'ils nient abfolument
„ que les ames voyent Dieu avant ce rems-là. Les Iberiens de plus, felon le
„ même Auteur, croyent que les Infidelles font jugés en un Jugement particu-
„ lier feulement, & non dans le Jugement general. Ils fe fondent fur ces
„ paroles de l'Evangile, (e) Celui ijui eft injidelle eft déjà jugé {f) Ils ne croyent
„ pas de plus, que les peines des damnés foient éternelles ; mais ils dilênt, que
„ fi un Chrétien meurt en péché mortel, & làns avoir fiit penitence, on
„ peut le tirer des Enfers avant le Jugement univerfel, en priant Dieu pour
J, lui. Je croi néanmoins, que cette ctcance qui aproche de celle d'Orige-
(1) V o y . i'MtrhtU Bibliotheq. Orient.
Quelflues-ims ont prétendit qu'on a donné ce nom aux Iberiens, 3 caulè de la dévotion qu'ils
ont pour S. George. Cependant il eft bon de remarquer que Pomponius Mela, qui vivoit long tems
aujjaravant, parle des Georgiens (Geor^i) en deux endroits de fon livre & les compte parmi les peuples
qui habitent autour du Caucafe & aux environs de la Mer Cafpiene.
(0 C/em. G,ilan. in Concit. jinnen. cum Ram. Edit. Rom. tjp. Congng. it Propag. Fide. Aim löjo.
{d) PiirgmoriHm ajßrmMt, non tttmt» per igum, fid Animas crmari in hol obfirtre é" maßt
U) J>m. ,
(f) /nfiromm poenai non fMiim alerii'ls.
Tome III. Part. I. Pp
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