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.188 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ du Pape: mais comme clans la fuite ce Jefuite prcBà le même Patriarche
„ d'envoyer des lettres de lôumifiion & d'obeïflance au Pape, lui repréfen-
„ tant qu'il n'en devoir faire aucune d i f f i c u l t é , puis que dans les lettres préce-
„ dentes il avoit appelle le Pape, Pere des Peres, le Pafteur des P a l l e u r s ,&
„ le Maitre de toutes les E g l i f c ; il fit reponfe à cela, que depuis le C o n -
„ die de Chalcedoine & l'ctablitTement des differcns Patriarches indépendans
„ les uns des autres, chacun étoit C h e f & Maitre abfolu dans fon Eglife ;
„ & que fi le Patriarche même de R o m e tomboit en quelques erreurs , il
„ devoir être jugé par les autres Patriarches. Il repondit de plus , qu'à l'é.
„ gard des lettres qu'il avoit écrites au Pape, l'on ne devoir pas prendre à la
„ rigueur ce qui n'étoit que des termes de civilité & de modeftie ; & que
„ s'il avoit parlé d'obeïflance & de fôiimifEon , il l'avoit fait à la maniéré
q u ' o n a de coutume d'agir avec fes amis. Il ajouta e n f i n , que s'il y avoit
„ quelque choie dans les lettres qu'il avoit écrites au P a p e , qui ne fût point
„ -conforme à la D o a r i n e de f o n Eglife, cela ne lui-devoir point être impu-
„ t é , mais au porteur des mêmes lettres , qui les avoit (ans doute corrom-
„ pues. Voihà comment le Patriarche des Cophtes traita les Envoyés du Pa-
„ pe, après qu'il eût reçu des mains du Conful l'argent qu'on lui envoyoit
„ de Rome. Cette H i l l o i r e eft rapportée plus au l o n g par le (n) Jefuite Sac-
3, chini. Je palTe ious iilence plufieurs autres reunions de cette Eglife avec
„ l'Eglife R o m a i n e , qui n'ont pas plus de fondement que celle-là. Le mê-
„ me Jefuite Roderic remarque entre les erreurs des Cophtes , qu'ils repu-
„ dient leurs femmes, & qu'ils en époufênt d'autres ; qu'ils circoncifent leurs
„ enfens avant le Baptême ; qu'ils a v o u e n t , à la v é r i t é , qu'il y a fept Sacre-
5, mens; mais qu'outre le Bnptême, la C o n f e d i o n , l'Euchariftie & l ' O r d r e,
5, ils mettent dans le même rang la f o i , le jeûne & l'oraifon , fans parler
„ des autres. Il ajoute de p l u s , que les mêmes Cophtes ne croyent pas que
„ le St. Efprit procédé du Fils ; qu'ils ne reçoivent que trois Conciles , fa-
„ voir celui d'Ephefê, celui de Conrtantinopîe & celui de Nicée. Mais une
„ partie de ces prétendues erreurs eft ou commune à toute l'Eglife O r i e n t a l e,
„ ou regarde en particulier les Jacobites, qui ont rejette le C o n c i l e de Chai-
J, cedoine. Pour ce qui eft de mettre au nombre des Sacremens , le j e u n e,
„ l'otaifon & la f o i , ils ne prennent pas ce mot de Sacrement dans la me-
, , me rigueur que nous le prenons ; &; c'ell ce qui me fait croire , qu'ils
3, n'appellent proprement Sacremens, que les quatre premiers. Quelques D o c -
, , teurs myftiques ont ajouté enfuite les trois autres , pour faire le nombre
„ myfterieux dc_ fêpt. Enfin l'on doit remarquer, qu'il n'eft pas vrai que les
„ Cophtes croyent avec les Latins , que le St. Efprit procédé du Pere & do
i . Fils , ainfi que l'aflure (i) Bterewod après Thomas de Jefu ; car cette
„ créance eft finguliere à l'Eglife Occidentale. Le Jefuite Kircher ajoute à
„ cela, qu'ils prétendent qu'il n'y a que leur Eglife & celle des Arméniens
„ Se des A b y f E n s , qui foient la véritable Eglife ; qu'ils croyent que les âmes
„ ne vont ni en Paradis, ni en Enfer avant le jour du Jugement dernier. Je
„ ne m'arrête point à refiiter plufieurs erreurs de (c) Brerev?od fur le fait
„ des Religions du Levant : il fuffit que je rapporte les chofes comme elles
„ font, fans perdre le tems à refuter les Auteurs qui ont écrit fur cette matiere. „ (") U
t.!) SaccL in Hijî. Societ. par. t. 6.
( è ) Brernvood Hes Latig. ^ Rtl. chap. î î .
( 0 Ou plutôt des Auteurs qu'il cite.
R E L I G I O N DES GRECS. 189
(<!) Le Pere V a n f l e b e , qui a écrit une Relation de l'état préfent des Chré-
J, tiens d ' E g y p t e , laquelle a été imprimée en Italien à Paris , rapporte jjlu-
„ fieurs autres cliofês qui regardent principalement leurs ceremonies. Il ob-
„ ferve d o n c , que quand le Prêtre cleve l'Hoftie en la M e l f e , ceux qui font
j , préfens battent leur poitrine en fe profternant &: en fiiifant le figne de la
„ Croix Se qu'ils levent un tant foit peu leur bonnet. Mais cette ceremonie
„ me paroit Latine ; & je ne croi pas même que les Cophtes clevent l ' H ot
„ tie, fi ce n'eft à la maniéré des autres O r i e n t a u x , favoir un peu avant
„ la C o m m u n i o n ; laquelle élévation eft différente de celle des Latins, qui
J, eft même affez nouvelle dans leur Eglife. Il fe pourroit faire que le P.
„ 'Vanflebe eût vu cette ceremonie dans quelqu'une des Eglife des Abydins,
i , qui l'auroient prife des Portugais, qui ont eu des Eglifes en Ethiopie, où
„ l'on celcbroit la Meffe à la façon des Latins. Le même Auteur remar-
„ que i que quand le Prêtre c o m m u n i e , il rompt l'efpèce du pain en forme
i , de C r o i x , & qu'il la trempe dans l'efpèce du vin ; qu'il en mange trois
„ petits morceaux avec autant de cuillerées qu'il prend de l'efpèce du vin; Se
„ qu'il communie aufli celui qui le fert à la Meffe. Il ajoute , qu'ils ne (l)
„ gardent point le Saint Sacrement après la Meflè ; & qu'ils ne con^crent
„ jamais dans des lieux prticuHers, mais toujours dans l ' E g l i f e ; qu'ils Ce ferj
, vent pour la confécration de pain l e v é , lequel ils nomment avant la con-
„ fécration, haraca^ c'eft-à-dire, heneâïû'nm \ Se ( c ) Corhan ^ o\i Commmion ^
„ & Encharißie, après qu'il eft confàcré ; qu'ils fè fervent de petits pains de
„ la grandeur d'une piaftre, dont ils cuifent une grande quantité la nuit qui
„ précédé la Liturgie, Se qu'ils les diftribuent à la fin de la Melfe ( d ) à ceux
j , qui y alfiftent.
„ il dit de plus, qu'ils ne lè fervent point de v i n de l ' h ô t e l l e r i e , p a r c e qu'ils
le croyent profiine; Se que dans les lieux où il ne fè trouve point de v i n,
„ ils font tremper des raifins fees dans de l'eau, Se que le fuc qui en fort leur
5, fèrt de v i n ; qu'ils ne fe confeffent & ne communient que dans le arand Carê-
„ me; que les La'ïqucs communient fous les deux efpèces, 6c qu'ils reçoivent
3, l'efpèce du vin des mains du Prêtre avec une cuitlere ; qu'on dorine aufli
„ la C o m m u n i o n aux enfans aufli-tôt qu'ils font baptifés ; que tout le monde
lit l'Ecriture Sainte eri Langue A r a b e , qui eft la Langue dil païs ; qu'ils
„ celebrent le Samedi anffi bien que le Dimanche ; & qu'ils ont pendant
„ l'an-
• <(a) P. VanjUb Ril. dillo fiato p r e f . M'Egim.
{b) Un Evêque Copte ne voulut point pemiettrc au P. Sicird tîc dire la Melfe dans fon Eglife, 1
caufe que les H'illies que le Pere vouloir confacret étoient faites depuis plufieurs jours.
(ej On dit aulTi qu'ils donnent quelquefois fe nom i la MelTc même. Le Carba» doit être fait de
farine achetée de l'argent pris dans le threfor de l'Eglife, ou donné par un homme d'honneur & d'une
profelTion qui ne foit pas expofée à de mauvaifes pratiques. Ce mcrrie Corbati doit être du joui:
s'il étoit du précèdent, on ne pourroit point l'employer au facrificc. Il n'eft pei-mis aux femmes ni
de le faire, ni de le toucher. Le facrillain qui le fait doit reciter fept Pfeaumes en le faifant. Pour
le faire on employe du levain, excepté le jour de la gomc, parce qu'elle fait le même eifet que le levain.
Le four dans lequel on cuit le Corban doit être renfermé dans l'enceinte de l'Eglife. Chaque
Carhan doit avoir l'imprelTlon de douze Croix. Chacune de ces Croix eft renfermée äans un carré.
Celui dn milieu porte le nom d'/iW(Co«,moc corrompu de Defpoiicoft, qui fignifie Dominkutn ou du
Sel^Mdir, parce que ce carré, eft marqué d'une plus grande'Croix que les autres. Cette Croix repréfente
N. S. Autour du Corba» il y a en caraéleres Coptes ces mots Grecs, &c. qui fignifient
SaïKt, Saint, Saint e f l l e Seigneur. Voy. à page 87. les figuresmarquéesE E. J'ai parlé un peu plus'hautde
hgeit'e. Il eft bon d'apprendre au Leéteur, que c'eft la rOfée qui tombe la nuit du douze du mois de
J lin des Coptes ou le 17. du notre. Les Coptes appellent cette goure la benediïtion du Ciel,& croyent
que Dieu envoyé l'Archange St. Michel pour faire fernienter le Nil par le moyen di: cette goutc.
(ti) Ces pains font plus petits que les Orbaiis, & ont la même forme. Ou y met du fel.
m. Part. I. B b b