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338 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
ment que celui de l'Ubic^uité, comme on peut le voir dans (a) l'ouvrage que
j e cire. Ceft aufli à cet ouvrage que je renvoyc ceux qui voudronc aprcndre
à fond l'hilloire de la Concorde & des querelles qu'elle eut à foutenir en Allemagne
& avec les étrangers. Je paflc à une cnofe beaucoup plus eflèntielle
à cette Dillcrtacion : c'elt à la dcfcripcion de la Religion Lutlienene.
(h) Pour bien rapporter la croyance des Luthériens, il faut l'extraire de
leurs Livres Symboliques ^ entre lefqucls la Confeflîon d'Augsbourg tient le premier
rang : mais auparavant il cil: neceflaire que le ledeur fâche quels font les
Ecrits Symboliques qui parurent fiicceflivement depuis la Reforme commencée
par Luther. La Cenfefiion d'Augsboug fut préfentée à Charles V. en i 5 3 o
elle Ritdreflee par Melanchton de concert avec Luther, & fort peu de tems
après le même Melanchton fît l'Apologie de cette Confeffion. Les Articles de
Smakalde vinrent enfuite. J e ne m'arrêterai pas à tout ce que l'hiftoire nous
aprend des motifs qui engagerent Luther d dreflèr à la fin de l'année i 5 5 <»
ces Articles connus dans toute l'Allemagne Proteffante fous le nom d'Articles
de Smakalde : jz dirai feulement qu'ils fîirent prcfentés & aprouvés à l'Airemblee
de Smalcalde au commencement de l'année 1 5 5 7 . L'Apologie & les Articles
fèrvoient à juftifier &c expliquer la croyance des Luthériens, mais les Articles
devoient être prcfentés (c) au Concile general. Melanchton les foufcrivit avec
cette exception remarquable, „ q u e (d) fi le Pape reçoit l'Evangile, (c'efl à-
„ direia Dodrine Lutheriene,) on pourra lui accorder pour l'amour de la
„ p a i x , & pour la tranquillité du Chrillianifme & des Chrétiens qui lui font
„ foumis, la fuperiorité fur les Eveques, fuperiorité qui lui efl acquilê déjà de
„ droit humain. " Les Catholiques trouvent plufieurs variations des premiers
Réformateurs dans ces trois écrits. Je renvoyé à M. Boffuet {e) qui les a
exaftement rapportées.
J e ne dois pas oublier ici deux adles autentiques du Lutheranifine, qui font
le grand & le petit Cacechiiîiie de Ludier. Quoi qu'on ne fiche pas bien
en quel tems, il fît Ces deux Carechifhies, ( f ) je les place après la Confeflîon
d'Augsbourg , parce qu'il y a beaucoup (faparence que le Doileur Saxon
ne penfà au Corps de Doctrine qu'après avoir fait tous les changemens qu'il
croyoit néceflaires à fâ Reforme.
La
(a) ffofpmi.ims ubi Aip.
(l>) l'ai dit dans k preface ^enerak de cct Ouvrage, que M. Maichrl me foiirniroit une DiUcrtatioft
fur la Religion Lutheriene & fur fes ceremonies. J e dcchrc ici que je n'ai jamais reçu cetteDifiertacion,
& que ce favant homme fe trouvarit fans doute trop occupé à d'autres études pius importantes n'a pu
me fournir que quatre feuillets contenant uniquement la difference des fcntimens fur la prededination entre
les Luthériens Se les Calviniftes, & la note que l'on trouvera ci-après fur la Préfcnce Réelle.
(c) Sous ce titre; Articnli C^rifliaiu Deärin-e, Concîlio Manuu vel alibi congrtgmào cxhiùeneli ßmf^
hidiCAntes quid reciperet vel concedere fioJfimns & <jmd neu : fcripii à D. Marûm L»ihero Anno i j j y.
Ils le furent pourtant au mois de.Deccmbre 155Ö'. _M. P/äj^»;, qui me fournit cette petite note, raporte
cês Articles en Latin de la traduéHon d'un certain Pierre GonerAnm. Voy. le Recueil qu'il a public
Tous le titre de Ecclefu Evangeliat Lihri Jymbolici p. 585.
{d) De Pontißce mtem ß^itno, ßEvangelium admiaeret, pofe ei, proprer pAcem c^ communem tranquillit
at cm Chrißianor/m, e}Hij.imßub i p f i ßttnt, ^ in pofierum ßttb ipßo ermt, ßuperioriiatemin Epifcopos, quam
Miocfm habet jure httmano, étiam k nobis permitti. Tel étoit le fenciment de ce Theologien pcncralemenC
plus modere que Luther, & qui vraifemblablemcnt auroit pii amener les efprits ^ la reunion, s'il eut eu
mrant d'adreiïc.que de favoir de douceur._ Mais M. P f a f prétend que cette avance étoit inutile,
attendu que la condition éroit impnffibie. Il ajoute auiïi, mais fans en donner de preuve, que dans la
fuite Melanchton retraiti cette clanfè de fa foiifcription V . M. P f a f . ubi. fup. p. 4 2 5.
(f) Dans (on Hißoire des rarrarions.
(ƒ) M. P f ' i f , dans fa Dilfertation fur les Livres Symboliques, dit que ces deux Catcchifines furent
publiés en Allsrnan par Luther en 1 5 2 9 après une vifite generale qu'il fit des lîglifes de Saxe en 1 5 2 8.
L e petit Catechifme n'avoit d'abord que cinq Articles: enfuite on en ajouta un fixième, & l'on fie
d'autres additions. Le grand Catechifme fut compofc poui- l'ufage des Ciu-cs.
RELIGION DES PROTESTANS. 339
La Confcffion Saxonicjue cil de l'année 15 51 de ntême que celle de W i t -
teniberg. La premiere fut drertce par Melanchton, & l'autre par Brentius.
Melanchton appelloit fa Confeflîon une repetition tie celle d'Augsbourg : on
afl'ure que Wittember;; donnoit le nu'me nom à la fienne. Cependant il y
avoit quelque chofe de plus, & fi l'on en croit les Auteurs Catholiques Se
quelques Sacramentaires, elles n'étoient exemptes ni de variation, ni de contradidion.
On pourroit mettre à la fuite de ces Confeffions le Catechifine de
Wictembcrg, qui efl: de l'année i 5 7 i le Cmfenfus de Dresde, qui efl: du mois
d'0<5lobre de la même année & le Grmdj'ejî ou fimdeinent, aufli de i 5 7 1
dont le Cmfenfus de Dresde efl l'abrège. Celui-ci eft en forme de Confeflîon de
foi. Mais ces écrits ne regardent pas le corps entier du Lutheraniliiie. Après cela
je ne trouve plus que le formulaire de la Concorde, dont j'ai parlé, & diveries
aflemblces qui fuivirent la publication de ce Formulaire, dans une d et
quelles il fiit figné, dit o n , («) par plus de huit mille Minillres.
C'efl de ces écrits que j'exttaits le précis qui fuit de la croyance particulière
des Luthériens, tant en ce qui les éloigne des Catholiques Romains, qu'en ce
qui les fepare des Reformés : étant inutile de toucher aux articles de croyance
qui leur font communs avec les uns & les autres, fls ne reconnoiflent que
(h) quatre Conciles Oecumeniqucs,dc Nicée tenu en ; 15 de Conflantinople en
3 81 d'Ephefe en 4 3 1 & de Chalcedoine en 4 5 1 . Ils rejettent abfolument le
mérite des oeuvres dans le falut, ju(ques-l.à même qu'ils regardent (c) les vertus
des figes Payens comme des vices. Mais il efl néceffaire de raportet un peu au
long les (èntimens des Luthériens fur cette matiere (i épineulè. Ils croyent generalement
que J . C. eft mort pour tous les hommes pécheurs en Adam, mais
que ceux-là lèuls qui croyent en J . C. & perféverent dans leur foi lèront (auvés.
La f r ê ' v i f m que Dieu a eue de toute éternité de cette foi eft le fondement
de ï'ékBion ou fredefimatim des fidelles : (d) ainfi ils n'admettent pas le
Décret ou la prcdelfination ablolue des Reformés, parce qu'ils ne croyent p a s,
comme ceux-ci, que la predeftiuation loit un iîmple eifet de la volonté de
Dieu ; comme h Dieu n'avoir abfolument clioifl de toute éternité qu'un certain
nombre de perfonnes, pour les faire des objets de là grace & de la mifericorde
; & cela lans aucun égard pour leur foi. Us coniîderent l'éleftion de
la même maniéré que la juftification. Si la caulê inftrumcntale de la juflilîcation
c'efl la f o i , la previfion qui efl en Dieu de cette foi des fidelles l'eft de
leur éleélion. Pour le Franc Arbitre, le Lutheranilme nie fou pouvoir avant la
converfion du pécheur. Se Ibutient que l'homme n'eft converti que par le
lecours tout feul de la Grace. Cepencfaut, ajoutent-ils, cette Grace n'eft pas
irrefiflible. La diflinélion entre la Grace e^ace Se la Grace f u j j i f a m e ne les l â -
tisfait point. Ils Ibtitiennent que toute Grace divine efl efficace, mais que fi
elle
(.1) M . le dit linfi ubi fup;
(é) Cela leur cft commun avec les Reformés;
f c ) Diftinguons. Ils ne font pas tous du même fentiment fut cct article. Beaucoup de Luthériens;
f c peut-être même la plus gi-ande partie, croyent ce que je rapporte i c i , fondes fur ce qir'i! n ' y a point
de grace & point de fahtt hors de la foi en J . C . Or dit-on, fans la foi & fans la grace, les bonnes oeuvres
& la vertu n'ont d'autre fondement que l'orgtteil & l'amour propre. D'autres Littheriens plrts charitables
fufpendent au moins lerrr jilgement. Mais les plus tolerans du parti ne refufent pas le falut aux
PaycnSi qui vivent en gens de bien conforTuement aux lumieres de la Relipon naturelle. M. PfafF s'eft
d(îclar(! pour ce fenriment dans une Diîreitation qu'il a publié fur cette matiere. Rendons ici à ce favant
la juftice qui lui eft due. Perfonne ne feroit phrs capable de reunir les efprits & de les ramener aux principes
du vûitable Chriftianifme.
((/) Il n'eft pas néceffaire que j'indiqite la difference qui fe trouve ici entre les Lutheiiens & les Catholiques
, tant janfeniftes que Moliniftes, fur la Grace & fm- la Predeftination. Elle eft affés claire.
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