
266 m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
Les Oeufs de Pâques croient autrefois une dépendance confiderable de la
devotion de Pâques. Depuis le Czar Pierre le Grand cette coutume n'a guetes
de crédit que chez le peuple. On veut que les Ruflès (a) ayent regarde
ces oeufs comme un (ymbole de la Refurredion. Ils font d'ordinaire bleus,
quoique cependant il s'en trouve auffi d'une autre couleur. Sur pluficurs de
ces oeufs on trouve écrit, Jefus Chrijl ejl rejufcité. Comme l'intcret femcle
facilement avec les ufages religieux d'un certain ordre, il eft arrivé {i) que les
Oeufs de Pâques font devenus des moyens honnêtes d'obtenir des prcfens
Se des étrenncs.
J e dois mettre ici, comme une dépendance de la Religion, les ceremonies
du facre du Czar. Okarim les décrit de la maniera (uivante : „ Tous
„ les Métropolitains, Archevêques, Evêques, Knez & Boiares , mêmes les
„ principaux Négocians de toutes les villes de l'Empire doivent fe rendre à
„ Moscou pour cette ceremonie. Le jour du couronnement, le Patriarche
„ fuivi de tous les Métropolitains conduit le notiveau Grand Duc à l'Eglife
„ d u château, où l'on 6it une tribune . . . . fur Laquelle on met trois fie-
„ ges à diftance égale les uns des autres, l'un pour le Grand-Duc, l'autre
pour le Patriarche, le ttoifième pour le bonnet & pour le manteau Du-
„ cal. . . . Ce bonnet eft garni de perles & de diamans avec une houpe
'„ au miliieu, d'où pend une petite couronne chargée aufli de pierreries. Le
„ manteau eft . . . doublé de Zibelines . . . . dès que le Czar entre dans
„ l'Eglife, le Clergé entonne des hymnes . . . . enluite le Patriarche fait là
„ priere â Dieu, à St. Nicolas & aux autres Saints pour les inviter à cette fo-
„ leranité. Apres la priere le premier Confeiller d'Etat préfente le Grand-Duc
„ au Patriarche . . . . qui l'ayant fait affeoir fur le premier des trois fieges
„ de la tribune lui porte au front une petite croix de diamans & le be-
„ nit . . . . après une priere, qui fuit cette a£tion, le Patriarche ordonne à
„ deux Métropolitains de prendre le bonnet & le manteau, & (àiûnt appro-
„ cher quelques Bcymi pour en revêtir le Grand Duc, il le bénit & lui touche
encore une fois le front de la petite croix de diamans. Après toutes ces
benediaions du Patriarche, les autres Prélats s'approchent & beniflènt auffi
„ le Grand Duc, mais de la main feulement. Enfin le Grand-Duc & le Pa-
„ triarche s'alTeyent pour un moment, car ils fe relevent auffi-tôt pendant
„ qu'on va faire chanter des Litanies . . . . & des prieres pour la profpérité
" du Czar. Tout cela eft fuivi de cris de joye. Les Boyares s'aprochent du
„ Grand-Duc, lui baifent la main & fe bâtent le front en fi préfence. Le
Patriarche finit la ceremonie par une petite exhortation qu'il fait au nou-
' veau Czar 6c. lui donne la derniere benediftion. De cette Eghfe du Château
on va dans deux autres où l'on recommence les Litanies De
„ ces Eghfes on va diner au Palais Ducal". C'eft par les feftins que fc
terminent les plus grandes ceremonies.
J e reviens à ce qui eft précifement religieux. Les Mofcovités n'entreprennent
quoi que ce foit fins faire auparavant un figne de Croix, même dans
les adiions les plus indifférentes. Le commencement du figne de Croix par
le fiont marque l'Afcenfion de J . C. & en defcendant fur la poitrine, le
coeur où la parolle de Dieu eft renfermée. Le figne vers l'épaule droite fignifie
la refugreaion des juftes, & vers l'épaule gauche celle des méchans. Il
étoic
(a) Citation A'HucklHÎt dans la DifirWion d'Hosl), intitiik'c Tht nfirrcHm of the Jhme dodj &c.
Corneille le Brm llbi fup.
S » ni p
i
liii I lit' HI,