
fli!'!
m
ijl •-•
2 5 2 I I I . D I S S E R T A T I O N S U R L A
„ rent: & un autre nommé Efraphil, tient toujours à fa bouché une grande
„ corne ou trompette, pour en fonner au jour du Jugement. Il feroit inuti-
„ le, & même ennuyeux , de rapporter les emplois des autres Anges. Ils
„ croyent la refurreiftion generate des morts , & ils font un dénombrement
„ de tous les lignes qui la doivent précéder : car ils prétendent qu'il viendra
„ alors un Anti-Mahomet, que Jefus Chrifl: defcendra du ciel pout le tuer,
„ Se qu'il établira la Religion Mahometane : à quoi ils ajoutent plufieurs
„ autres rêveries touchant Gog & Magog, & la Bête qui doit fortir de la
„ Meque. Ils affirment de plus, qu'en ce tems-là tous les animaux mour-
,, ront , que les montagnes voleront en l'air comme des oifeaux, Se qu'en-
„ fin les cieux fe fondront & couleront en terre, ils difent néanmoins, que
„ quelque tems après Dieu rét.iblira la terre, & qu'enfuite il relTufciteta les
, , mous, qui paroitront tous nuds depuis la tête jufqu'aux pieds ; mais que
„ les Prophètes, les Saints, les Doreurs & les juftes feront revêtus d'habits,
„ & portés par des Anges &c des Chérubins au ciel empyrée ; que pour ce
„ qui eft des autres, ils fciuffriront la faim, la foif & la nudité , ôc que le
„ loleil s'approchant à un mille de leurs têtes, ils fueront étrangement, &
„ endureront plulîeuts autres tourmens, que nous ne rapportons point. Je
„ me contenterai de remarquer , qu'ils n'étendent point les peines que cha-
„ cun doit fouffrir à proportion de fes péchés, au delà de cinquante mille
„ ans. Au refte, ce n'eft pas feulement parmi nous qu'on voit St. Michel
„ tenant une balance en fa main pour pefèr les bonnes & les méchantes
„ aélions des hommes : les Mahometans aflurent aufli, qu'au jour du Juge-
„ ment il y aura une balance où l'on pefeta le bien Se le mal -, que ceux
„ dont le bien pefera plus que le mal, iront en Paradis ; qu'au contraire
j, ceux dont les péchés feront plus pefans que leurs bonnes adions iront
„ en Enfer , fi ce n'eft que les Prophètes & les Saints intercedent pour
j , eux. - ' '
„ Cette créance des Mahometans touchant le Paradis Se l'Enfer appro-
„ che allez de celle des Juifs & des Chrétiens , principalement des Orien-
„ taux. Ajoutez à cela, qu'ils reconnoiflènt aulTî une forme de Purgatoire:
„ car ils tiennent que ceux qui font morts avec la f o i , & dont les péchés
„ ont été plus pe&nts que leurs bonnes aélions, & qui n'ont point enfuite
, , été fecourus par les interceffions des juftes-, ils tiennent, dis-je , que ceux-
„ là fouffi-iront d.ins les Enfers à proportion de leurs péchés , & qu'enfuite
„ ils iront en Paradis. Voilà à peu près de quelle maniéré l'Eglife Orien-
„ taie reconnoit auffi un Purgatoire , {ans admettre aucun autre lieu que
„ l'Enfer. '
„ Outre ce Jugement general où les Mahometans croyent que Dieu lui-
„ même en perfonne fera rendre conte à chacun de toutes fes aélions, ils
„ reconnoiffent encore un Jugement particulier, qu'ils appellent le tourment
„ du fepulcre ; & ce Jugement, felon leur opinion , (è fait de la forte.
„ AulTi-tôt que quelqu'un eft mort Se enterré, deux des plus grands Anges,
„ dont l'un Ce nomme Munzir , Se l'autre Nekir, viennent"^ interroger le
„ mort, en lui demandant quelle eft fa créance à l'égard de Dieu du
„ Prophète, de la Loi Se du Kiblé, c'eft-à-dire, du coté qu'il faut fc tour-
„ net pour prier Dieu. Les juftes doivent alors repondre. Notre Dieu ell
„ celui qui a créé toutes chofes : notre Foi eft la Foi Muflimique ou Ortho-
„ doxe: Se la véritable adrefle de nos prières eft la Kiabc. Les Infidèles
„ au contraire ne fichant que répondre font condamnés à fouffrir de gran-
„ des peines. „ Uaiis
R E L I G I O N D E S G R E C S . 253
„ Dans cette reiùrreélion générale, ils prétendent que ceux qui font defti-
„ nés pour le Paradis boiront, avant que d'y entrer, de l'eau de certames
„ fontaines deftinces à cet ufâge, Se que chaque Prophète aura (a fontaine ou
„ fource particulière, où il boira avec fes Sedateurs. La fontaine où Maho-
„ met boira avec tous ceux de (à Sefte, fera beaucoup plus grande que celle
„ de tous les autres Prophetes, &; elle contiendra en la longueur autant d'efpa-
„ ce qu'on peut faire de chemin en un mois. Il y aura, difent - ils , fur les
,, bords de cette fource plus d'aiguieres qu'il n'y a d'étoiles au ciel. Se fon eau
„ fera plus douce que le miel, Se plus blanche que le lait. Ceux qui en boi-
„ ront une fois n'auront jamais foif.
, , Il y a bien de l'apparence, que toutes ces cholês-là font plutôt des para-
„ boles que de véritables hiftoires : c'eft pourquoi il ne faut pas toujours pren-
„ dre à la lettre ce qu'on trouve dans les livres des Dodeurs Mahometans &
„ des autres Orientaux ; & c'eft en ce lèns-Ià qu'on doit expliquer une bonne
„ partie de ce qu'ils difent du Paradis & de l'Enfer. Pat exemple , dans la
, , defoription qu'ils font du Paradis,ils affûtent qu'il eft tout rempli de mufc;
,, que fes édifices font faits de briques d'or Se d'argent; que ceux qui y font
„ entrez une fois n'en fortent jamais;, que leurs habits ne s'ufent point, qu'il
„ y a toutes fortes de viandes dehcieufês ; Se que ce que l'on peut fou-
„ haiter vient tout préparé , Cans qu'il foit befoin de le cuire ; qu'en ce
„ heu-là l'on n'eft point fujet à dormir, ni aux autres nécelTités du corps ;
„ qu'il y a des filles Se des femmes divines & celeftes, qui feront exemptes
„ de toute forte d'incommodités. C'eft ainfi qu'ils décrivent leur Paradis. A
„ l'égard de l'Enfer, ils difent que les Infideles y demeureront éternellemeiic
„ avec les Diables ; qu'ils y feront tourmentés par des ferpens plus grands que
„ des chameaux. Se par des foorpions plus gros que des mulets , aufli bien
„ que par le feu & pat l'eau bouillante ; qu'étant brûlés Se réduits en cliar-
„ bons, Dieu les fera refTufciter de nouveau pour les 6irc fouffrir, Se qu'ain-
„ fi leurs tourmens ne finiront jamais.
3, Ils ciroyent aufïl communément la prédeftination, difent que le bien
, , & le mal n'arrivent que parce que Dieu l'a ainfi ordonné. Il a , difènt-
„ ils, écrit de toute éternité fur une table les chofes qui font & qui doivent
„ être, & il eft impofîible que le contraire arrive. L'infidélité Se la méchan-
„ ceté de l'Infidele font aufïi bien félon fà connoiflànce Se fon défit, que l'o-
,, beïflànce Se la foi du Fidele. Ils ajoutent de plus, que fi l'on demande
„ pourquoi Dieu a créé les mechans & les Infideles, il faut repondre à ce-
„ la,que ce n'eft pas à nous à rechercher trop curieufement les fecrets de Dieu;
„ qu'il fait ce qu'il veut, & qu'il n'y a perfonne qui puillè lui demander rai-
„ fon de ce qu'il fait. C'eft pourquoi un véritable Sedateur de Mahomet
„ doit dire, je croi en Dieu, à fès Anges, à fes livres Se au jour du Juge-
„ ment. Je croi de plus, que le bien Se le mal viennent felon qu'il l'a or-
„ donné, Se qu'enfin c'eft lui qui a créé l'un Se l'autre.
„ A l'égard des Fideles qui meurent fans avoir Bit pénitence de leurs pé-
„ chés, ils tiennent qu'ils demeurent en fufpens après leur mort, Se que
„ Dieu en difpofe felon fâ volonté; qu'il pardonne aux uns, & qu'il con-
„ damne les autres à fouffrir les peines qu'ils méritent à caufe de leurs péchés,
„ étant neanmcSns alTurés d'aller en Paradis après avoir expié leurs fautes. Ils
„ font enfin perfuadés, que Dieu remet toutes fortes de péchés, à la refèrve
„ de l'Atheïfîne Se de l'idolàcrie : Se c'eft pour cette raifon, que dans les prie-
„ tes qu'ils font pour les morts, ils prient aufli bien pour les naéchans que
Tome III. Purt. I. S f f „ pour
m a