
i l t ' ^r
ib.
f
•.fît
io6 II. D I S S E R T A T I O N SUR LA
,, tudic en Italie . . . ne doutent point c|ue leur Eglifè ne (bit revêtue de la
„ même autorité cjue la Romaine, fi elle niait anjjî le pouvoir des dilpen-
„ Tes &;c.
Enfin le Medecin Spon,en parlant des jeûnes & des jours maigres des Grecs,^
nous dit, j, que tout bien compte, il n'y a qu'environ cent trente jours dans
55 l'année qu'ils peuvent manger de la viande ^ ni les vieilles gens , ni les enj,
fans, ni même les malades ne font exempts de ces jeûnes . . . qui rendent
j, les Grecs fees & billieux.... Avec cela ils (ontjcontinue-t-iljprompts&coleres,
gransjureurs & blafphemateurs". Voilà, par exemple, une de ces foiblet
fès de l'efprit humain, qui tous les jours eft obligé de ceder au temperament
du corps & aux influences de l'air.
De ces aullerités paflôns aux Fêtes, ces jours partagés entre la dévotion &
le plaifir, qui (ûrtout fe décele avec violence vers la conclufion. Et c'eft alors
que commence le weritahïe jour du Sei^eur , pour parler le language d'un
(a) faux Evangile. Les Grecs commencent l'année au premier Septembre : c'eft
en même tcms leur premiere Fête. Ils fe figurent „ que par le moyen d'un coni-
5, mencement fi joyeux toute l'année fera heureufè , S' ces premiers niou-
„ semens de joye fovt un préfage de ce bonheur. Cependant l'Eglilè ne défend
•„ pas de travailler ce jour-là. . . . .
„ Dans l'Eglife Grecque, ainfi que dans les autres Communions Chrétien-
„ nés , Pâque eft la principale Fête de l'année. . . . Les Grecs ont la cou-
„ tume de fe dire alors les uns aux autres en s'abordant, Jefus Chrijî ejî reffufcité,
à quoi celui qui eft abordé repond , il eji 'veriîahlement rejfufcité".
En même tems ils Ce baifênt trois fois, une fois fur chaque joue , &c une fois
lîir la bouche. Endiite ils (è feparent. Cette coutume fe pratique le Vendredi
Saint, le jour de Pâques & les trois fùivans, même jufqu'à la Pentecôte.
(h) Tournejort, Spon & quelques autres Voyageurs ajoutent, que le Vendredi
Saint, pour celebrer la memoire du (âint Sepulchre, deux Papas portent dans
la nuit en proceftîon fur leurs épaules la repréfèntation d'un tombeau , dans
lequel Jefus Chrift crucifié eft peint fur une planche. Le jour de Pâques on
porte ce tombeau hors de l'Eglife, ôc le Pictre commence à chanter, Jefus
Chrijî ejl rejfufcité, il a vaincu la mort ^ donné la 'vie â ceux qui étaient dans le
tmheau. Enfuite on rapporte dans l'Eglife cette repréfcntanon du faint Sepulchre,
on l'encenfe, on continue l'Officc. Le Prêtre & l'aflèmblce repetent
à tous momens Jefus Chrift ejl rejfufcité. Après cek l'OfSciant fait
trois fois le fignc de la croix, baife l'Evangile &c l'Image de Jefus Chrift:.
On tourne la planche de l'autre côté , où Jefus Chrift eft repréfentc fcrtant du
fepulchre. Le Prêtre le baife en répétant plus haut, Jefus Chrift ejl rejfufiité.
Les aftiftans en font de même. On s'embrafle, on fe reconcilie, Se dans les
tranfports de joye qu'excite cette image groffiere de la Refurreftion, l'on tire
des coups de piftolet, qui fcuvent mettent le feu à la barbe & aux cheveux
des Papas. La ceremonie finit par la benediâion du Papas officiant.
Les femmes pratiquent la même dévotion entre elles dans l'endroit de l'Eglifc
qu'elles occupent, excepte les coups de piftolet. Wheler (c) ajoute , que le
Lundi de Pâques le Papas envoye des cierges aux principaux de la Paroiilè, Se
l'Archevêque aux plus confidcrables de la ville.
(k) Le jour dn Seigneur approche j il ejl défendu de s'affiiger dit le Prot—tVMgilt de St. Ja^wu
ib) Tourne/on Voyages Lettre 5. Spon Tome II. pag.- 177.
(c) Fôjages Tome II. pag. 4.14.
R E L I G I O N DES GRECS. 107
J'avois prefqu'oublic le Jeudi Saint. Tomtiefart dit que les Evêques les plus
zélés lavent les pieds à douze P.ip.is, & que la ceremonie étoit autrefois accompagnée
d'une petite exhortation. Wheler décrit cette ceremonie comme témoin
oculaire. ,, Douze Papas des plus âgés accompagnent l'Archevêque à l'Eglife,
„ où il eft revêtu d'une robe violette. Une partie du fcrvice étant faite il
„ entre dans le Sanduaire, y quitte la robe violette & en prend une plus ri-
„ che. . . . . Les Papas, qui reprelëntcnt en cette ceremonie les douze A-
„ pôtres, ont chacun une robe de couleur différente. Le plus ancien & le
„ plus venerable des douze eft choifi pour repréfenter St. Pierre, & fè place
„ auffi le premier à m,iin droite. . . . Un d'entr'eux, qui doit avoir la bar-
, , be rou/Te, {a) pour rendre la ceremonie plus rejfemhiante yd. le malheur de repré-
„ fenter Judas. Tous ces Papas étant placés, le Prélat va changer d'habille-
„ ment. Se revient ceint d'une ferviette, un badin d'eau dans fès mains pour
„ laver les pieds à ces douze Apôtre. Celui qui repréfènte St. Pierre refufe
„ d'abord cet honneur, par ces paroles; Seigneur vous ne me Uwerés point les
„ pieJs-. mais le Prélat lui repond, fi je ne <vout law, vous n'aurés foint de
„ part avec moi. Alors le Papas ne refifte plus & fe lailTe laver les pieds. Lors
„ que le Prélat vient au reprefentantde Judas,i\ s'arrête un peu,comme pouc
„ lui donner le tems de fê reconnoitre, m.iis enfin il lui lave auITi les pieds &:
„ la ceremonie finit par quelques Antiennes.
Je place ici l'opinion que l'on attribue aux Grecs, affavoir „ que l'Eucha-
„ riftie, qui eft confacree le Jeudi iaint a une plus grande vertu que celles qui
j, font confacrées les autres jours". Un certain (h) Gui le C.ume .ajoute „ q u 'à
„ caufe de cela,ils ne conlacrent que le Jeudi faint l'Euchariftie qu'ils donnent
„ au malades. . . . & qu'ils la gardent toute l'année pour cet ufage". C'ell
une erreur que j'.ittribuerois uniquement à leurs idées confufes, dont une longue
ignorance eft la veritable caufe. Mais le P. Simon (c) les juftifie abfbluement,
jufqu'à louer cette pratique comme orthodoxe & pieufe , qui tend
à mieux honorer le jour que Jefus Chrift a inftitué le Sacrement de l'Euchariftie.
Pour cet effet, nous dit-il, „ les Grecs confetvent ce pain qu'ils ont con-
„ facré ce jour-là, & qui .a été trempé dans levin confâcre, fie ils le gardent
„ enveloppé d'un fàc de toile ou de fbye dans une boête bien fermée, afin
„ de s'en fervir pour le Viatique des malades".
Le 1. Septembre les feuls Religieux celebrent la Fête de St. Jean Baptifte,
qu'ils ont furnommé le Tempérant , à caufe qu'il a donné le premier l'exemple
du Jeune. Le i t f . eft confacré à la memoire de St. Jean l'Evangelifte. Ils
croyent que ce Saint a été enlevé au Ciel comme Henoc Se Elie.
Pour abréger des détails de Fêtes qui n'amuferoient ni les pieux faineans, ni les dévots
de bonne foi, voici un Calendrier Grec que je copie de Ricaut. Il indique feulement
les Fêtes les plus elTentielles, tant pour les Seculfers que pour les Eccléfiaftiques.
Au refte (d) Chrifiophle Angélus ne compte que trente-fix Fêtes folemnelles,
douze defquelles font à l'honneur de Jefus Chrift & de la Sainte 'Vierge.
Les vingt & quatre autres font des jours deftines à St. Jean Baptifte, aux
Apôtres & aux Martyrs. D'autres nous dilènt que les Grecs diftribuent les
Fêtes
(.1) )e parle felon le préjugé vulf^aire.
Ci) Allittins L. Chap. 18, Cenfinf. Sic. le mite de chAmp trei'fertile en mcttfingtt, & le P. sim»
Biblioth. Critiq. Tom. I. Chap. i i . de méchtint tiunur.
(c) Bibl. Crtttcj. ubi fup.
(d) Chrifiopb. .tiitgdHS Cap.
D d i