
RELIGION DES PROTESTANS. 373
tron que j'en trouve dans le (a) Voyage de CWfa Ogier. Les Dames, dit-il,
„ s'affcmblent i midi dans la maifon où fe doivent faire les nôces ; les hommes
„ amènent l'époux dans le veftibule, & pour cette ceremonie fi grave il faut
faite une elpcce de proceUîon, car ils marchent deux à deux. Il en eft de
„ même de la mariée, qui arrive conduite par un cortege de filles : mais elle
„ marche la derniere entre deux des plus âgées de la troupe. Cette mariée eft
„ en noir ; les autres filles font en habits de couleur. Le Minlllre qui doit
faire le mariage fe tient vis à vis d'un banc qu'on met au millieu du veftibule
entre lui & les mariés. C'eft là qu'il leur lit le formulaire Lutherien du
mariage,après quoi il fait une exhortation à ces mariés, & acheve la cere-
„ monie par la benediftion, qui ne manque pas d'être fuivie du chant & de la
„ mufique, fans parler des autres marques ordinaires de joye. Après la bene-
„ diaion du mariage l'on mene la mariée tout près de la porte , & c'eft là
que tous ceux qui font invités aux nôces viennent la féliciter & lui apporter
'„ des préfens. (Cet ufage n'eft pas nouveau chez les Allemans , mais on af-
" fure qu'il s'abolit peu à peu.) Au repas nuptial auquel affifta notre voya- .
„ oeur, Us paranymphes fervirent les conviés . . . la mufique & l'yvrognerie
„ durèrent également pendant ce feftin. L'eau, {dit encore notre compatrio-
„ te) eft tellement haïe dans ce pais-là, (i) qu'on n'y connoit m les pou-
„ ees ni les bouillons. Dans les fumées du vin il s'éleva de tous cotes des te-
" licîtations & des lintés tumultueufes, mêlées de tranfports bachiques, & ce
„ fut au lieu de ces tranfports que fe fit une diftribution generate d'epitala-
„ mes & d'odes nuptiales". (Les Allemans, & en general toutes les Nations
du Nord, font toujours pourvus de pieces de cette forte pour le befoin. Lapoefic
ne leur coûte pas davantage que la profc. Le Poète qui a le bonheur de
naitre dans ces climats produit fins peine en moins d'un jour deux ou trois
cens vers, qui felon l'occurrencc peuvent. Jevfnit épitalames, odes .épitaphes ou
éleuics ) D.ans ces pieces de poèfie, continue notre voyageur, les mariées
Ibnt toujours des Venus &; des Helenes , les mariés y lont plus fpitituels
" qu'Apollon, plus ingenieux que Mercure,plusprudensou plusfages que So-
" crate" Ne reprochons rien fur cet article aux Allemans : nos Poètes 6c nos
beaux efprits ont, comme les leurs, un fond^ de louanges, de phrafes pompeufes
&'de comparaifons magnifiques qu'ils appliquent indifféremment au grand Seigneur
au Magiftrat & au Financier. Tout cela coufu bout a bout fart en
certams tems une Epitre dcdicatoire , en d'autres un Difcours académique : Se
fi la verve fécondé le bel efprit, cela devient quelquefois un poeme hcroique,
ou du moins une ode. . , , i •
Te finis fur cette matiere en remarquant dans les mariages des Lutlienens
du Nord que pour les rendre valables en Dannemarc, il b u t , outre le confentcment'de
la femme, celui de fes parens ou de fes tuteurs ; que ceux-ci font
en droit de retenir l'adminiftration de fes biens, & même de jouir de fes revenus
pendant fa vie, fuppofé qu'elle fe marie contre leur confentement : mais, que
fi un tuteur néglige de marier fa pupille après dix huit ans accomplis, les parens
peuvent fe plaindre i l'autorité fouveraine, afin qu'elle foit pourvue au
plutôt • qu'en Suede, & en Dannemarc aufli, les femmes & les filles ne peuvent
ni vendre ni aliéner leurs biens de leur chef, & que mêmes les veuves retournent
né p ' ^ o i , , y =11 devenu un des plus prfaits fl,i.;fhé„ de l'Europe.
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