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26a m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
n ' y font pas non plus foufftrts. Tout ce qui peut troubler la devotion y eil
défendu. Dans le Sanûuaire il n'entre que des Miniftres de l'Autel. Le
Czar y entre lors qu'il eft ficrc ou qu'il communie ; quelques Laïques diftingues
y entrent auffi pourvu qu'ils s'y tiennent loin de l'Autel. Puis que j'ai commencé
de parler ici de la Melïè des Ruffiens , il 6 u t apprendre au lefteur»
qu'on dit la Meffe dans l'ancienne langue Efclavone, qu'une grande partie de
cette M e f l è e f t recitée à voix baflè; que les fidelles s'inclinent devant le Sacrement
pour l'adorer; que depuis la préface de la Meflè jufqu'à la Communion
l'on ferme les portes du SancSuaire & l'on tire un rideau par deflus,
qiii couvre l'Autel ; mais que dans la fem,aine de P.âques les portes de ce
Sanftuaire demeurent toujours ouvertes , & même pendant la Mefli 5
qu'aux u f e s obfervés à la Communion conformément au Rite des autres
G r e c s , il faut ajouter, que felon Olemus,ks Mofcovite'i communient les (a)
que crime capital ne peuvent communier qu'à leur mort.
que l'on donne quelquefois au m.ilade, avant que de le communier, de l'eau.
& fouvent même de l'eau de v i e , où l'on a fait tremper des Reliques.
J ' a i déjà montré avec quelle ptéfomption les Mofcovites traitent ceux qui
ne font pas de leur ReHgion. Selon la plupart des Relations, ils en veulent furtout
aux Catholiques Romains, mais il efl faux cependant que la haine des
Mofcovites pour ceux-ci aille auffi loin que le voudroit perfuader l'auteur
d'une mauvaife compilation intitulée la Mgim des Mofcm>iles. Il eft bon de
remarquer ici que cet auteur & la plus grande partie des auteurs fes compatriotes,
exilés ou f û g i t i Ê , comme lui, n'ont jamais manque l'occafion d'exhalet
leur bile contre une Communion qui, pour dire la vérité, a trop maltmite leurs frétés.
Avec cette dilpofition d'efprit fi contraire à la vérité qu'exige l'hiftoire, ils n'ont
eu garde de lailfer écliaper les moyens de maltraiter à. leur tour cette Comont
été plus retenus. Tel eft l'effet d'une fougue aveugle qui gouverne tyranniquement
les hommes dans quelque Communion que ce f o i t , & que l'on ne
diffingue du zélé qu'après avoir fait de gtans efforts fîir foi-même. Ce que l'auteur
de la Religion des Mofcovites avance au fùjet du Vieux Teflament, ,, que
„ bien loin d'en faire publiquement la lecture .lu peuple, ils ne l'eftiment pas
„ digne d'être rflanié & qu'ils croiroient proplianer leurs Eglifes s'ils l'y portoient,
„ n'cff pas moins exagere " . Il eft vrai q u ' O W i a x , après avoir d i t , „ que les
„ Mofcovites foiident leur Religion fur les livres du Vieux & du Nouveau T e f i
„ tament,ajoute qu'ils ne fouffrent point que l'on porte toute la Bible à l'Egli-
„ fe de peur de la prophaner par plulîeurs paffages peu modeffes qu'ils trouvent
„ dans le Vieux Teftament. . . Que l'on n'y porte que le Nouveau, & q u e l.
„ ques textes tirés des Pfeaumes & des Prophètes, mais il ajoute auffi qu'on
„ permet de lire route la Bible chez foi "
La Vetfîon de leur Bible eft en Efclavon & faite fur le Grec des feptante,
Si
U) Cet ufage a quelque cliofe de fembhble à ce qui fm ordonne' par un Canon d'un ConcUe convoqué
en Dannemaro en que fi le malade n'avoir pas k force de retenir ce qu'il devoir pren-
„ dre de la bouche; pour éviter les fuites proplianes de cette foiblefTe, on lui montreroit feulement Ic
, , Corps de J . C. en lui difant en même tems, CToyes ^ vota I'myol reçu,
(l>) Ne feroit-cc pas une faute d'impreffion ? il faut peut être lire quelque faut ferment.
S
RELIGION DES GRECS. 263
Si l'on veut favoir quels font les Dodeuts de l'ancienne Eglifê eftimés des
RUITCS, de quels Rituels ils fe fervent, & les livres de Théologie ou de devotion
qui font imprimez chez eux , on doit lire au moins l'extrait de l'Ouvrage
d'un Alleimn nomme Bergius dans le Recueil des lÀturQes du P. U
Brim. Je trouve auffi dans cet extrait les titres contenus dans un petit R i -
tuel Mofcovite. Ces titres indiquent les ufages fuivans : i . Des prieres pour
le jour qu'une femme eft .accouchée d'un enfant mâle. 2. Pour le huitième
jour après la naiffance de cet enfant, qui eft le jour qu'on lui donne un
nom. ;. Pour le quarantième jour de l'accouchement. 4. Pour la femme
qui a fiiit une faulTe couche. 5. Pour l'exorcifme. 6. Pour reconciher à
l'Eglife. 7. Pour le divorce. 8. Lors que la Communion doit être donnée
aux malades, j. Prieres à Jefus Chrift & à la fâinte Vierge pour le fidelle
agonifant. i o. Ordre qui doit s'obfèrver pour la fèpulture de ceux qui meurent
à Pâques & d,ins la Semaine fainte. 11 : Pour un Prêtre défunt. 1 1.
Pour la fepulture d'un enfant. 13. Prieres pour la benediélion des viandes à
qu'il y eft tombé quelque ordure 14. Prieres pour ceux qui ont mang
quelque chofe d'impur, i 5. Prieres pour la purification d'un vafè fouillt
I fi. Pour les grains, pour les femailles &c. Ces titres fufKtont au lefteur
pour la connoiU'ance des ufages qu'ils indiquent.
e ne répéterai rien de ce que les Relations nous rapportent touchant (h) la
reg c des Moines Ruffiens, leurs jeiines, leur ignorance &c. Il faut remarquer
feulement, que Pierre le Grand (c) o(à le premier mettre des impôts fur
les Couvens , & ordonna de n'y recevoir „ que des perfonnes au defTus de
„ cinqu.ante ans . . . . remarquant qu'il s'y renfermoit un nombre confidej
, rable de jeunes gens qui devenoient inutiles, & qui ne fiifoient que met-
„ tre obftacle à laccroilTement de fes fujets, dont il avoit befoin pour l.a guer-
„ re".
On trouve chez les Mofcovites la veneration des Reliques & des Images,
l'invocation des Saints, le Crucifix & le figne de la C r o i x , grand nombre à'inclinations,
de gemiflexions, de proflrarions devant des objets ou .adorables. Ou
venerables, beaucoup de procefHons, beaucoup de pelerinages: Se comme ils
joignent encore aujourd'hui be.iucoup d'ignorance & peu de méditation à
ces dét.ails de la devotion extérieure, auffi confervent ils dans leur coeur Se
dans leur conduite (</) toute la corruption de l'humanité. (<•) A Mofcou
l'Eglife
(«) On confacre en même tems la maifon avec du fcl. Corneille le Brun pag. 5 j . de fes J^ojages de Mofcûvie.
Edit, in folio dccric ainli la confécration d'un palais du Czar faite en 1701. ,, Le plancher é-
, , toit couvert de foin, & il y avoit à droite une grande table garnie de grands & de petits pains, fur
„ quelques-uns defquels il y avoit une poignée de fel, & fur d'autres une faliere d'argent remplie de
3, fel , . . C'efk la coutume que les parens & les amis de ceux qui vont habiter une nouvelle maifon la
„ confacrenc en quelque maniéré avec du fcl, & même plufieurs jours de fuite. C'eft une marque de U
5j pvofpérité qu'ils leur fouhaicent & qu'ils n'ayent jamais befoin des chofes néceflaires à la vie . . . Lore
„ qu'ils changent de maifon, ils laiiTent à terre dans celle qu'ils quittent, du foin avec du pain , em-
„ blcmc des benediftions qu'ils fouhaitent ï ceux qui doivent y entrer après e u x " . Il y a apparence
que h coutume de pre'fenter aux amis & aux étrangers du pain cïécoupc avec du fel dans les découpures,
établie chez les Allemans, & même chez les Hollandois, fe doit expliquer comme l'ufage des Ruffes,
(l>) La Règle eft celle des Moines Grecs.
(c) Perry ubi fup. pag. iS(5.
(d) Je renvoyé le lefteur à Olear'ms, le Brun, Pcrij Scc.
ie) Le Brun Voyagti Scc. Ed. in folio pag. 74.
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