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Confeffion deviennent les {a) direfteurs & les medecins des ames infirmei,'
Ils les gueriflent au nom du Seigneur, mais au nom du même ils leur dénoncent
la mort, fi elles négligent les remedes fpirituels qu'ils ordonnent.
Cependant quelles que puiffent être la veneration & l'autorité que les Confeffcuts
Lutheriens s'atcitent par la Confeffion, ils font relies fort au deflbus des
Confedeurs Catholiques, (h) Mon Auteur &it médiocrement valoir le mérite
& la nécedité de la Conteffion telle qu'elle eft pratiquée dans fon Eglife.
, Il eft, dit-il, fur le témoignage d'un Théologien de là Communion qu'il
"i cite, 'du devoir des Eccleîîaft'iques d'écouter les Confeffions & de donner
„' Tabfolution, conformément au pouvoir des Clefs &c. Ce pouvoir feroit
inutile, s'il ne falloir p.is fe confefler devant un Mmiftre de l'Eglife, & recevoir
(eufuite) hibfolution (de ce Minillrc. ) Ainfi quant m genre, la
ConfelTion particulière ou privée, & l'abfolution font (bien) . . . . d'infti-
„ tution divine : (cependant) qtimi à hffèce, la maniéré dont il fe faut con-
" fenér,& Itfems auquel on le doit, c'eft l'Eglife (Luthericne) qui a droit de
" déterminer ces clîofes." La conféquence qu'il en faut tirer, c'eft qu'elles font
donc arbitraires & qu'on pourra les changer comme les Eglifes particulières le
jugeront à propos. C'eft aullî ce qui arrive. M. Maichelim dit ce qui fuit fur
la Confeffion qui précédé la Communion, (c) „ Avant la Communion, l'on
„ lé confefTc devant le Miniftre, qui, conformément à la parole de Dieu, an-
„ nonce la remiffion des péchés .aux vrais pcnitens. Cette Confeffion n'efl;
„ pas mricuUke, mais genenile : cependant clic ne fe fait p.is de la même maniéré
chez tous les Luthériens. En quelques endroits plufieurs pcnitens viennent
"„ tous enfemble devant le Miniftre Confeftèur. Un d'entr'euï recite une
" Confeffion générale, après laquelle le Confelfeur demande, fi tel eft le fen-
„ timent de tous les autres. Aptes qu'ils ont repondu ouï, le Confelfeur
'„ leur fait une exhortation plus ou moins longue, felon qu'il le croit à pro.
nos, & c<iLi--&-tcrmmc-parl'atitb]ution.' Cette coutume eft des grandes vil-
" les, où il feroit impoffible d'entendre la Confeffion de chacun en particulier.
" En certains endroits le Miniftre qui confeffe propolê ces trois queiïions, qui
, font comme autant de conditions requilès pour être admis à la Communion.
j fi l'on a une fincere repentance des péchés dont on fe trouve coupable en
" fa confcience. 1. fi l'on croit & ptofelfe que le corps & le (àngdej. C f o nt
véritablement & réellement préfens fous les fymboles du pain & du vin. 3.
" fi l'on promet de vouloir toujours demeurer dans la Religion Luthericne."
('cette derniere demande renferme un principe d'intolerance : & l'on lâit affés
que les Luthériens penchent generalement de ce côté l à , non feulement à l'é-
(iard des Catholiques Romains, mais auffi à (d) l'égard des Cilviniftes qui
Feur ontfiit fi genereufement des offres de fraternité.) „L'impofition des mains
fe pratique auffi à Rambourg, enlSaxeôc ailleurs, lors que le Miniftre fe
ifpofe d „ difpofe dee pprroonnoonncceerr ll 'abfolution & va commencer la remiffion des péchés."
Cette impofition des mains fe fait de la maniéré fuivante. Le Miniftre Confelfeur
pofe la main jufqu'à trois fois fur la tête de celui qui vient de fe confeffcr
(a) Seelfmer en Alleman lignifie dircfteur de l'ame.
(4) Chap. 1 9 - d e l ' - f i / î - ,
te) Mamfcric liir lu Dimii & Us Cirim. Luthn. cite llbi lup. , . „
<d) Channiit opine pour l'expuinon des Calviniftes. Il dit que le! chofes n'en iraient que mieux, lî
on les ehalToit de tous les endroits où domine le Lutheranifrae V . C a r p z o v . . » &c. ubl fup. Celuici
ajoute, iei Luihiritus >ie rcco»noi[fttir mlUment lei Cdviniflei four htri frerei> quoique ceux-ci infiilent
beaucoup fur cette prétendue fraternité.
RELIGION DES PROTESTANS. 365
ïer en nommant à chaque fois une perfonne de la Trinité : après quoi il lui
dit ces paroles, a/ïéx 1« paix, fte la grace de N. S. J. C. foit aniec &;fai:
m même tems le figne de la croix fur lui.
: Mon Auteur Saxon rapporte ce qui fuit fur la Confeffion. Le pénitent récité
affis, debout, ou à genoux, en un mot, dit-il, comme il lui ^lait, le for*
mulaire de Confeffion qui fe trouve dans les Catechifmes Luthériens, ou dans
les {a) livres de Communion. Le commun peuple recite ordinairement la Confeffion
Ecclefiaftique, qui le Ut tous les dimanches après le Sermon. Plufieurs employent
toute leur vie le formulaire de Confeffion qu'ils ont apris à l'école; &c
tout cela le pratique fouvent avec une negligence que l'Auteur Luthérien ne
manque pas d'infinuer. Le Lutheranilmc a des Automates comme toutes les Religions.
Quoiqu'il en foit, d,ans le petit Catechifme Lutherien (h) l'on trouve quelques
formulaires de Confeflîon pour ceux qui n'ont pas affés de capacité
pour refléchir & mediter par eux mêmes fur leurs péchés. Tels font, pat
exemple les modelles de Confeffion pour les maitres 6c pour les domeftiques.
A la tête de ces formulaires on lit ces paroles qui commencent l'entretien dui
pénitent avec le Miniftre auquel il va fe confefler. (c) Venerable & cher Sei-
^eur, je 'vous fuplie de vouloir écouler ma Canfejjim, ^ de m'accorder pour lamour
de Dieu la remijjion de mes péchés. Si le pénitent ne fe trouve pas chargé des
péchés marqués dans les formulaires, qu'il (d) dife en gros quelques péchés
nui lui font connus. S'il ne le connoit aucun péché, choie prelque impoffible,
lit le Catechifme, («) qu'il n'en recite dmc point en détail, qu'il refoive (hardiment)
la remijfum de fes péchés, après avoir fait une Cmfejftm générale. Le
même Catechifme dit que le Confelfeur fait cette demande à fon pénitent, (apparemment
entre la Confeffion 8c l'abfolution: ) Ue croyés vous pas que cette abfolution
que je vous donne ejl l'abfolution de Dieu? à quoi le pénitent ayant répondu
oui, le Miniftre ajoute, ainji foit il.
J e ne dis rien des Prieres, des Cantiques, Je» Pfeaumes de pénitence qui
doivent preparer à la Confeffion, ni du Sermon prononcé la veille ou furveille
de la Confeffion, par lequel les pénitens font exhortés à s'acquitter chrétiennenient
de cet aûe de dévotion.
On voit if) ici dans une figure la maniéré dont on le confefîê à Augsbourg;
& celle de l'ablblution. Il n'y a pas beaucoup de différence de cette maniéré à
celle de Saxe. Dans l'une & dans l'autre on prendroit la Confeffion pour auriculaire.
Cependant elle n'eft pas abfolument telle, du moins s'il faut croire
les Luthériens d'Allemagne, feuls juges fur cette matiere. (g) Un habile Voyageur
nous décrit celle qu'il vit à Stocholm. „ Le Prêtre, dit i l , en botes ou
„ botines, les éperons aux talons, & en habit ordinaire donnoit l'abfolution
„ a une douzaine d'hommes & de femmes, qu'il venoit de confefler. Ils
„ étoient atttour de lui à genoux. " Après une interrogation à peu près femblable
M Les Fidelles du Calvinifme les appellent des Inm di friptratim i h Cat ou Communion.
0) f^ide Catech. mimrem inter Libras Symbolisas * Pfa^a colUtias.
(c) Revertiide 4ilfUc Domine, ra^o te nt ta>sfefflantm mtdm siHslial, mihi prepltr Denr» nmijfmm
(J) Unum atejue altemm peecaium ftbi notam recîtet.
{<) S0i1 ver1a pl..a^In ^é. .n.thn.fl UnuUsi nbi con»!f cius etsw irindlhll
» &c'. Il n'y a que les Pharifiens qui ne 1
( f ) V o y . la planche à la H«-
tfi, nullum tti/m in fitcit mitts, fed Accipias
ConnoifTenc point de péche's.
Ig) P^idimis'ftcerdotem w Mitt vejîeque vulgori cum ocreh & calcarihs, dnodecim aut Amplius tan
viris tjuitf» feminis abjolmiomm impenitmem. in Efcleji» CermaniSA ebftrvA'vimHSJingulcs in mnm m^
nijiri confiteri & c . Ogerius in Itin. Sutcito & c . p. 1 5 7.
Tome III. Part. II. Zzzz