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184 IIL D I S S E R T A T I O N SUR LA
moins injurieux à !a Divinité que les (3) Autot facrammlaks cl'Efpagne & de
Portugal. Les hommes danfent fculs, les iîlles & les femmes de mémé.avec
toute la modeftie & toute la retenue poffible , à ce qu'on nous i t.
Avant que de commencer la danfe, on fait le figne de la Croix, & l'on cliante
l'Oraifon Dominicale avec un Cantique à l'honneur de Saint Thomas.
Les Indiens parmi lefquels ces Chrétiens vivent, mêlent aufli les danfes à leur
Culte religieux, & l'on fait affés qu'elles iàifoient l'ornement & une partie de
la devotion des- Fêtes de l'ancien Paganifme. Pour dire un mot de leurs chanfons,
après avoir parlé de leurs danfes, ils ne chantent que les vertus de leurs
Saints, ou les belles adions de leurs ancêtres.
Il ne me relie plus qu'à dire un mot des traces de Chriflàanifme que l'on
trouve au Nord de l'Afie & dans quelques endroits écartés des Indes Orientales.
Ce Chridianifoe corrompu ou imparfait appartient aux Miffions des
Nelloriens. On trouve dans le Thibet & ailleurs dans la Tartarie un refte de
Doctrine de la Trinité, la Paillon de la fécondé des trois Perfonnes, la repréfentation
de la Croix, un facrifice que le grand Latnti fait avec du pain &
du vin, la tonfure de ce grand Lma &c. C'eft Mr. la Cmzt qui me fournit
ce petit détail. J'avoue avec lui qu'il y a quelque reflemblance d'uCiges
& de doctrine entre les Tartares & les Chrétiens. Cependant il faut fe défier
de ces prétendus rapports. On en avoit trouvé au Mexique de bien plus
marqués, qui paroilTent n'avoir été qu'un pur effet du hazard. Je 6is le même
jugement des rapports qu'on veut trouver entre la (h) Trinité du Christianù'me
& diverfes idoles de la Tartarie & des Indes. Ces recherches donnent
lieu à des découvertes ingenieufes, mais qui ne vont jamais au delà d'un certain
degré de probabilité.
Dans les terres du Saraorin de Calicut on a trouvé d'autres prétendus Chrétiens,
qui, pour toute Religion, adoroient un tableau qui repréfentoit ua
vieillard, un jeune homme & un oifeau. ils donnoient à ce Dieu le nom de
BUi & le qualifioient VAateur di toute U nature, (c) Biâi dans la langue de
ces Indiens fignifie le On nous dit qiie deux Caçanates réunis aux Latins
donnèrent aux Indiens une autre explication de cette image: le Vieillard, leur
dirent-ils, c'eft Dieu le Pere, le Jeme homme. Dieu le Fils, & WifeauU St.
Efprit. Enfuite d'une explication û claire & fi convaincante, les Indiens reçurent
le Baptême, écoutèrent la prédication des Prêtres & fe foumirent.
St. François Xavier trouva d autres demi-Chrétiens dans l'Ile de Socotcraprcs
de l'Arabie. Il parut aux Millionnaires d'alors qu'ils avoient beaucoup de veneration
pour l'Apôtre St. Thomas, qu'ils adoroient & encenfoient la Croix,
& qu'ils allumoient une lampe devant elle. Ils portoient une autre Croix fur
la poitrine. On ajoute que quarante ans après la mort de St. François Xavier
on ne trouva chez ces Infulaires d'autre veftige de Ciraftianiûne que la
Croix.
W Voyés la jldcription de ces an Tom. I. des Cm Rtlifiinfi: des „„ id,l„r„:
. V ' T 1"' 'lonn» lira » découvrir des rapports frivoles entre la Nature & la Tri.
wte. C ell ainfi que quelqu'un a dit qu'on trouve des preuves de la Trinité dans toutes les- Créatures
Par temple il y dans l'etre créé „ la fubftance , la forme & l'ordre ou l'arrenRiment : v,MÛ
la Trmite. Dans 1 homme on en trouve une antre, qui eft l'entendement, la volonté , la meraoire.
La volonté proceA de 1 entendement, & la mémoire procédé de l'entendement & de h volonté, comme
le Fils & le St. Erpnt procèdent du Pere dans la Tnnité du Chriftianirme. Sim p „„
F:lm,, f.r» « Ac Fili, frmm Spirim SaH«:, im „ wldt,lt„ »/««..r, à-h„ Jmbmfnç.
ét Ajoutes i ces belles découvertes le TrianRlc 'des Indiens renfermé dsns un cercle
, les trois cordons de leurs Biamins, & le T,r„.m ics ancieiis.
(c) Bidi ne feroit il pas k meme eliofe qtie Bitdhn, Bmh^ rmiti & Bifdha î
R E L I G I O N DES G R E C S . 185
Croix. Ils ne connoiflbient plus ni Jefus Chrift ni Saine Thom.is; au contraire
ils adoroicnc la Lune ôc Ce fàifoient circoncire. Cependant ils avoient
encore une Croix fur un Aucel, & de chaque côté un bacon en croix , ou
plutôt en fleur de lis. lis obfèrvoient un jeûue alîès rigoureux pendant deux
mois, (a) Quelques années après un Anglois vit à Tamara dans la même lie
une Eglife de ces In{ulaires, où il y avoit des Images & une Croix fur •
l'Autel. A l'égard de leurs autres Ceremonies, je renvoyé à ce qui en a été
dit à la fin {h) de la DilTertation fur les Religions de l'Afrique.)
Des- COUTUMES CEREMONIES dey
JACOBITES.
„ Si l'on comprend fous le nom de Jacobites tous les Monophyfites du
„ Levant, c'eft-à-dire , ceux à qui l'on attribue l'Herefie de ne reconnoitre
„ qu'une Nature en Jefus Chrift, il eft certain que cette Seéle eft fort éten-
„ due; car elle comprend les Arméniens, les Cophtes & les Abyifins. Mais
„ ceux qui s'appellent proprement Jacobites font en très-petit nombre , &;
„ ils Labitent principalement la Syrie & la Melôpotamie. Ils ne font tout au
„ plus que 40. ou 4 j . mille familles. Il y a de la divifion parmi eux tou-
5, chant la doctrine; car les uns (ont latinifés, & les autres demeurent tou-
,, jours féparés de l'Eghlè Romaine. Il fè trouve même prélèntement quel-
„ que divillon parmi ces derniers , qui ont deux Patri.arches oppofés l'un à
„ l'autre, dont l'un refide à Caremit, & l'autre à Derzapharan. Outre ce-
„ la, il y a un autre Patriarche Latitiifé, nommé André, qui refide à Alep,
„ & il dépend de la Cour de Rome, à laquelle il eft entièrement foumis.
„ J'ai de plus appris d'un Prêtre Jacobite qui avoit demeuré à Alep, que le
„ Patriarchefouffroit beaucoup à caufe des MilTionnaires qui étoient là, & prin-
„ cipalement à caufe des Capucins.
„ A l'égard de leur créance, tous les Monophyfites , Ibit Jacobites , foit
„ Arméniens, ou Cophtes & Abyiîîns, font du iêntiment de Diolcore tou-
„ chant [c) l'unité de Nature & de Perlbnne en Jefus Clirift; ôc pour cela
, , on les traite d'Hcretiques, quoi qu'en effet ils ne different des Théologiens
„ Latins, qu'en la maniéré de s'expliquer. C'eft ce que les plus favans d'en-
„ tre eux reconnoiflfent aujourd'hui, ainfi qu'il paroin (d) de la conference
„ que le P. Chriftophie Roderic, Envoyé du Pape en Egypte, eût avec les
„ Cophtes touchant la reunion des deux Eglifes : car ils avouèrent qu'ils ne
„ s'expliquoient de cette 6çon , que pour s'éloigner des Neftoriens ; mais
„ qu'en eftet ils ne différoient point de l'EgUlè Romaine , qui établit deux
„ Natures en Jefus Chrift. Ils prétendent même expliquer mieux le myftere
„ de l'Incarnation, en diCint qu'il n'y a qu'une Nature , parce qu'il n'y a
„ qu'un Jefus Chrift Dieu & homme, que ne font les Latins, qui parlent,
„ di(ènt-ils, de ces deux Natures, comme fi elle étoient féparées , le qu'el-
„ les ne fiffeiit pas un véritable tout. C'eft auffi en ce fens, que Diolco-
(1) Voy. Relut, de Thomtis Rhat.
(i) Ceremenies Rilig. d» IHolatret Tom. II.
Ce) Jufques lH que pour mieux exprimer leur croyance fur l'unité de Naturejls font,nousditBwnyiiOii!,
le fîgne de la Croix avec un doit feulement, au lieu que les autres Orientaux le font avec deux.
C^) P.Smlim, Hijl. Suciet.pm. l. lik d.
Tome III. Part. I. Aaa
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