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58 D I S S E R T A T I O N S U R LA
3, (a) Leur different confiftoic feulement à iâvoir , fi le pain dévoie encore
„ ccre nommé antitype après la confécradon. Les Iconoclaftcs l'affirmoicnc,
„ & ils avoient pour eux i'Antiquicc. Les défenfèurs des Images le nioient,
,, 5c ils tomboicnt dans une erreur de fait, qui ne nuifbit en rien à la chofe
„ dont il s'agit. Ainfi, de quelque manière qu'on explique le mot antitype,
„ les Proteftans n'en peuvent tirer aucune conféquence contre la créance de b
, , Tranfubftanciation.
J'ajouterai deux remarques à ce Chapitre du Pere Simon. La premiere,
que, félon la plupart des Protertans, la maniéré hyperbolique dont on a parlé
de la vertu des Sacremens a inlenliblement donne lieu aux Dogmes de la
Tranfubftantiation, & de la Prcfence réelle. „ Le mal {h) a dit tm à'entreuxj
,, a commencé dès la ƒ« du fécond fie de. Dans les fiecles fuivant on fupprmia
ces mots trop vulgaires de pain S>c de ^in , qui ne donnoient
qu'une idée fimple & commune aux Catechumenes , on commevça de farkr
foHi;ent du Corfs & du Sang, & enfin l'on ne parla plus autrement. Cela
eil ingénieux ; il ne s'agiroit que de bien prouver. Mais d'où vient que le
Sacrement myfterieux du Baptême n'a pas eu le même fort î l'hyperbole n'adonc
fait fentir fes excès qu'à l'Euchariitie ? pourquoi prendre pour hyperbole
cette façon de s'exprimer confàcrée par Jeiîis Chrifl: même? le Seigneur n'avoit
il pas propofé à fes Difciples de taire mavger fa chair de de donner yô» fang
à hoire? fi l'abus efl dû à des exprelfions excelTives, celle-là l'étoit: jamais on
n'en a employé de plus fortes. Elle révolta lesjuifs & même une partie des Difciples
de Jefus C h r i i l , qui prirent cette exprellîon dans le fcns propre. Si l'on
dit quelle ne fouffre qu'un fens figuré, pourquoi Jefus Chrifl; ne le faifoic il
pas connoître, étoit il digne de Dieu de laifTer les peuples dans la furprifè Se
l'erreur î On ajoute encore , qu'un certain Anaftafê le Sinaïte , Moine dit
fèptiéme fiecle, fit un livre, où il s'avifâ tout à coup de parler d'une £içon d'autant
plus étrange, qu'elle étoit ahfolument nouvelle & inufitée. Il avança hardiment
que le pain ôc le vin de l'Eucharilliie font le corps &: le fang de Jefus
Chrili Si la remarque eft vraye , c'efl un phénomène des plus extraordinaires
, & il ell bien étonnant qu'un Religieux, qui parloit un language
fi oppofé aux notions communes,n'aie été ni refuté , ni cenfuré des Grecs
de fon tems. L'expreffion étoit de trop grande conféquence pour ne pas
demander le plus ferieux examen des Dodeurs contemporains de ce Moine.
Qiielque effort qu'on fàlTc, il me paroît impoffible de démontrer la nouveauté
de ces Dogmes fi conteflés. Si l'on trouve dans les premiers fiecles
des expreffions qui femblent Eivorifer le parti, qui s'eff déclaré pour la figure,
tout à coup ou en rencontre d'auflï forces qui les combattent, il n'en efl p s
ainfi des Ceremonies qui accompagnent l'Eucharirtie. On décide pour leur
nouveauté. Elles s'établirent rapidement, & fans doute avec trop de forupule &
trop de détail, dans un fiecle où la Religion avoit entièrement dégénéré en pratiques
extérieures. Les Proteftans difent que la confirmation du Dogme de la
Travfubfîantiation (mot inventé dans l'onzième fiecle pour mieux exprimer le
myftere de l'EuchariiHc) autorifâ toutes les fuperflitions qui fîiivirent fâ victoire.
En conféquence du Dogme, il fallut, continuent-ils, ferrer précieufèment
l'Euchariftie , l'élever & l'expofer religieufement aux yeux du peuple,
l'éclai-
(<») Dans !c même extraie on a remarque que ces paroles leur difcient & c . jurqn'aii mot excliifivement
ont aufTi été retranchées dans le livre de h Créance &c. (l>) yllbcrtims de Enchar. Liv. III.
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l'éclairer la porter folcninellement en proceffion, l'adorer, prévenir par des
(oins infinis les moindres inconveniens &c. Les Catholiques fbutiennent, que
l'excès du culte & des foins efl une julle reparation des outrages que l'hercfie
a fait au St. Sacrement, mais que vrai-femblablement on ne fèroit pas allé
au point que l'on ell aujourd'hui, ni peut être plus loin que les Grecs, fi
l'on n'avoit infiilté le St. Sacrement par des opinions prophanes.
L'autre remarque concerne uniquement les Grecs. Par la difpute qui s'éleva
fous le regne d'Alexis Comnene au fujet du myftere de l'Eucharifhe, on
peut prouver que la croyance de l'EgUfè Grecque fur cet article ne différoic
pas de celle de l'Eglife Latine. Cette difpute échauffa beaucoup les efprits.
Tout fè reduifoit à rechercher inutilement fi le corps de Jefus Chriit dans l'Eucharillie
eft reçu incorruptible par les fidelles , comme après fa refurreélion,
ou corruptible, comme il l'étoit aifant fa paffion. (a) Un Moine nommé Sicidite
avoit établi fous le Pontificat de George Xiphilin, que le corps de Jefus
Chrill dans l'Euchariltie efl mortel corruptible , fans vie , fans ame j
que ceux qui le reçoivent ne reçoivent pas Jefus Chrifl entier, mais feulement
une partie, laquelle ell brifee & divifée avec les dens, quoi qu'après la manducation
la chair de Jefus Chriil devienne incorruptible, comme avant fà refùrredion.
Nicetas femble avoir affedc d'accompagner ce fentiment de quelques
accefloires odieux : mais cela ne fait rien ici. Il fuffit de pouvoir conclurre
de cette difpute, qu'au moins les uns &: les autres admettoient le changement
de la fubflance du pain en celle du corps de Jefus Chrill. S'il ne s'étoic
agi que de figne & de figure,la difpute auroit été également extravagante &:
rifible.
C R O Y A N C E des G R E C S touchant l'adoration du
SACREMENT de L'EUCHARISTIE.
„ Qyoi que cette adoration foit une fuite ncceffaire de la Tranfubflantia-
„ tion, (h') il fe trouve néanmoins des Proteflans, qui accordent affez faci-
„ lement, que les Grecs font à peu près de même fentiment que les Latins
dans le fait de la Tranfùbflanuation j mais ils ( 0 nient qu'ils adorent élus
Chrirt
C<t) Nicetas Choniates L . I I I . cap. 5.
La plûpait des Proteftans nient qu'ils accordent fiicilement que le fentimînt des Grecs foit à
peu près la Tranfubftantiation des Latins. Tout ce qu'on a dit montre le contraire : mais il eft vrai
que pluficurs Proteftans, moins décififs que les autres,conviennent afles facilement que les idées des Grecs
font obfcures 8c eraKiraffees, qu'en general ils ne comprennent point l'état de la Controvcrfe qui eft
agitée entre les Catholiques & les Proteftans fur la Tranfubftantiation. Je renvoye à la fecondc
Diflertation ce qui regaide encore la matière du changement des ECpeces. (c) Voyez le Chap. 7. du Livre I l f . de la Réponfe a U Perpétuité Sic. par_ Claude. Voici en
gros ce que les Proteftans difent pour défendre ce qu'ils avancent contre les Latins. „ La Liturgie
„ des Ciecs ne m:irque aucun afte d'adoration adrefféc à l'Euchariftie immédiatement après k confé-
„ cration . . . . fi les Grecs faifoieiit profeflion de rendre à la fiibftance du Sacrement l'adoration
>, qui eft due a Jefus C h r i f t , ils n'auroient pii choifir de moment plus favorable que celui de fa pré-
„ fence fur l'autel . . . . L'adoration fuit naturellement la Tranfubftantiation . . . . fi l'Eglife Grec-
„ que adoroit, comme la Latine, le pain & le vin tranfubftantiés , elle leur décerneroit fdu moins en
„ partie) les honneurs que les Catholiques rendent à l'hoftie confàcrée; comme par exemple, les Fê-
„ tes & les ProcetTions, l'expofition dans les affligions publiques, & plufieurs autres dévotions gene-
„ raies & particulières " Outre cela, bien loin de trouver chez les Grecs aucune marque d'adoration
extérieure, on trouve au contraire beaucoup d'irreverence & de mépris. Leurs Prêtres tiennent l ' E u -
chariftie dans une petite boite de bois enfermée dans un chétif fac de toile, qu'ils pendent au mur,de
l ' E g l i f e ; ils allumeiu des chandelles devant les Saints, ils les faluent humblement, & tournent le dos
au St. Sacrement, lors qu'ils entrent dans une Eglife. Arcudius ku-méme, Grec latinifé , ne peut
s'empcchcr d'avouer, que" quand le Prêtre confacre, il ne rend ni r e f p e f l , ni culte» ni adoration au
P a Sacre