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244 m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
& qu'on leur a donne ce nom de Kclh'ms, cjui fignific chiens, par derifion &
par mépris. Miiis on trouve aufli (a) que ce n om leur a été donné à caufe du
culte qu'ils rendent à un cliien noir. Remarqués pourtant, qu'il ell parle dan:
l'Antiquité de certains Calbiens (Calbij) habitans du Mont Liban. Cell dan:
HiJe que je trouve cette remarque. Les fimediens, dont quelques autres Relations
nous ont parlé comme d'une elpcce de Barbares (ans police &; prefque fans Religion,
qui habitent dans les forêts & dans les cavernes du Mont Liban, profeffent
auCTi un melange de Mahometilme Se de Chrillianiûne ; & quoi qu'ils
fe donnent plutôt pour Mufulmans que pour Chrétiens, ils font généralement
ennemis jures des premiers. Ces Amdiem que Hide nomme Homeïdkns, pourroient
bien être les mêmes que ksNaJferies: Se je doute que les D r / ^ i , dont je
vais parler, iôient fort différens des uns & des autres
On croit que ces (J) Drufes, nous dit bonnemeiit le P. Be^^oti que je viens
de citer au fujet des/Va^rieJ, font venus de la ville de Dreux, ancien fiege
des Druides: & il trouve qu'il leur refte encore beaucoup de cette humeur
Françoiiè 6: guerriere, qui rendit nos. Ancêtres redoutables ans Infidelles. Ces
rechapés des Croifés fe retrancherent idsns; le Liban, & l'Antiliban, „ o ù ils
„ maintinrent long-tems leur liberté Se leur Religion, julqu'à ce qu'un faux A-
„ pôtre leur prêcha une nouvelle loi leur laiila un JïVre intitulé de la Sapim-
„ ce, Si appellé Achmé." Voilà les termes du P. Peffan- ce bon Miffionnaite
n'avoit peut-être jam.iis fu que le norii.dcs Drufes le trouve prefque de même
dans (f) Herodote. Les Mahometans appellent fouvent ces Drufes du Mont Liban
Mothedites, mot Arabe cjui lignifie impies, ou, felon l'explication qu'en donne
à'Herhelot, qui a renonce au Mufuhumifvie pour embrafler une autre Seéle. Cependant
ce n om de Moïhediles {Mulhedçm) a defigné particulièrement une Secte
d'ifmaeliens, qui autrefois s'étoit rendue fort redoutable en Afie,. fur tout
en Perfe, en Allyric ô: aux environs où elle a eu long-tems des Princes counus
fous le nom de Rois des Affalfins. Dans nos anciens Hiftoriens ce Prince
des Affaffins porte le nom de 'Vieillard de la Montagne, faute qu'ils ont &te
pour n'avoir pas fû ^ue Gebal, qui lignifie une Montagne, eft le nom {d) que
les Arabes donnent à une province de Perfe. Les Ifnuélites Apjjîns ont été aulfi
nommés Batheviens. On lit dans d'Herhelot, que bathen figiiifie la fcience intérieure
des mytliques Se leur Illumination. Or comme l'obéilfance aveugle de
ces Ajfajjîns étoit fondée fur une elpcce d'Illumination ou plutôt de fànatiline,
dont la fource étoit la recompenlè du Paradis & d'une vie bienheureulê à ceux
qui fe devouoient à la mort, Si s'en alloient aflaffiner de côté & d'autre au
premier ordre de leur Souverain ; je fuis porté à croire qu'à caulê de cela on les
a nommés Batheniens, comme aujourd'hui nous appelions illuminés plulieurs
fortes de Fanatiques.
Purchas Se quelques autres Auteurs parlent fort mal de CCS Dvujes. ils vivent
dans l'incefte. Dans leurs Fêtes folennelles ils fe mêlent indifféremment, les pères
avec leurs filles, les freres avec leurs (cçurs. Ils croyenr que les Ames des
gens de bien pafTent dans le corps des cn£ins qui viennent au monde, mais que
lame
(a) Voy. Hide append, ad Relig. ^ettr. Ptrf.
(h) Dnrt-i. à'Herbtlot dit aufTi qu'ils prétendent être ifTus des François qui fuivirent Godefroi d;
Bouillon. Leur Emir Fakhreddin qm vivoit dans le 17. Siecle fe difoit parent de h Maifon de Lorrain;
Voy. Bibliorh, Orient.
(c) Z)rK/«Herod. L. T.
iÀ) Voy. dans les Orig. dt la Langut Frm. f4r Mtnagt une lettre de U Moine, qui place ces AlTa''-
fins au pied du Liban.
R E L I G I O N DES GRECS. 24^
l'ame d'un méchant homme entre dans le corps d'un chien. Ce que je vais
raporter des moeurs & de la Religion de ces Dmfes ell un peu moins odieux.
Quoi qu'ils le dilênt Chrétiens, ils ne font point baptifés : au contraire plufleurs
d'entr'eux font circoncis. Cependant ils ont quelque connoillàncc de [.
C. & croyent même les peines Si les recompenfcs d'une autre vie. Le P^
Be^on (a) réduit leur croyance à fept préceptes i. être Chrétien avec les Chrétiens,
Juif avec les Juifs, Turc avec les Turcs, i . (h) ne point prier Dieu,
parce qu'il connoit nos beloins. 3. honorer les quatre Evangeliftes &c lire leurs
Evangiles. Cependant ils n'ont ni ceremonies, ni alfemblées religieufes. Deux
Eglifes ou Mofquées, qu'on voyoit chez eux du tems du P. Beffoti, ne fervoient
à aucun exercice de Religion. 4. honorer notre Seigneur Se la Sainte Vierge»
feire attention à la Loi de Mahomet. 5 . f e confeffer; les hommes aux hommes,
les femmes aux femmes. 6. recevoir la Communion, qui confîfle en un morceau
de pain trempé dans du vin cuit. Le fepticme precepte regarde les Religieux.
Le Miffionnaire nous dit de ces Religieux, qu'ils jeûnent avec rigueur
& vivent dans les deferts, qu'ils quittent pourtant pour aller prêcher leur
Achmé. Ces Drufes haiffent fi fort l'ufure, qu'ils lavent l'argent qu'on leur
compte, afin d'effacer par ce moyen l'impureté qu'il peut avoir contraâé en p a t
fant par les mains des ufuriers.
Je mets ici les Curdes, autrement Turcomans, après les Drufes. Ces Curdes font
en partie etrans Se vagabons : Se peut-être aura t'on raifon de dire que leur
Religion efl auflî incertaine que leur demeure. On trouve parmi les Curdes-
Jafidies des traces de Manicheilme: car ils admettent, dit-on, deux principes,
Se appellent le Diable leur I>offear,ou leur (c) Chef, fie n'adorent point
Dieu dont ils reconnoilfent pourtant l'exiftence. 'Voilà du moins ce que leut
imputent les Chrétiens 6c les Mahometans, qui font également leurs ennemis.
{d) On confond aulïï ces Jafidies avec les Kelhins, & l'on ajoute qu'ils ont
beaucoup de veneration pour le noir qui eft la couleur du Diable. On
raporte que les Chrétiens fe divertiflent fouvent à faire des cercles avec de la
terre autour de ces Jajidies, qui n'oient firancliir la circonférence tant que le
cercle relie entier : Se pendant que le pauvre Jaftdie refte ainfi emprifonné, ils
lui crient, (e) maudit fait le Diable.
On confond generalement les Chretiens de Saint Jean avec les Sabéens. Je
ne m'étendrai point ici fur la Religion de ces derniers. Pour les autres on les
appelle Chrétiens de St. Jean à caufe de leur Baptême, Se de la veneration
particulière qu'ils ont pour St. Jean Baptifte. De la Valte s'imagine que ces
Chrétiens pourroient bien être des reftes de ces anciens Juifs qui reçurent le
Baptême de St. Jean Baptifte. Il femble que la Religion de ces Chrétiens
eft un mélange corrompu des trois Religions Juive, Chrétienne Se Mahometane,
Tammier eft celui des Voyageurs qui s'eft le plus étendu fur ces Chrétiens,
qui font, dit-il, en grand nombre à Balfara ou Bajfara, Se dans 1B
voifinage. Je mettrai donc ici en abrégé la Relation qu'il en donne, & ce
que d'autres Voyageurs en ont dit de plus remarquable, (ƒ) „ Les Chré-
„ tiens de St. Jean habitoient anciennement le long du Jourdain. . : quel-
„ que
(<*) Ubi fup. pr. partie Chap. 4. j r ' •
ih) Pour toutes prières ils felervent de ces expF;[rions, Die» efi grand, D:iii fiit lam Sec.
(e) .Scbeich,
(d) Vide Hide in append, ad Relig. Perfar.
( 0 Nuiflitr Seitajt. Voy. Hide ubi fup.
( J ) L. 2.
Tome IIL Part. ï. Q.qq