
302 DISSERTATIONS SUR LA
tiques opiniâtres. Quoique ce titre teponde afles à l'humeur peu {a) endurante
de ce Reformateur, on doit pourtant dire à fa décharge, que ce titre extraordinaire
étoit bien autant l'effet du gout de fon fiecle que de fon humeur. Calvin
donna des preuves de fon intolerance en fàifânt brûler {h) Server à Geneve au
mois d'Oflobre de l'année 1 5 5 ; . Les Proteftans ont effayc de juftifier cette
a f t i o n , &c le moins (ju'on ait dit chez eux pour excufer le Reformateur a été,
que cette exceflîve feverité était un refit de Papifme. Quoi qu'il en foit,les Catholiques
fe prévalurent de ce fupplice pour juftifier la maniéré dont ils traitoient
eux-mêmes les Heretiques furtout en France, où les dénonciations des Hcrefies
& les cenfures reïterées de la Faculté contribuoient à allumer les bûchers
deftinés à brûler les Proteftans.
En 15 5 5 . les conteftations fur la Religion, qui avaient toujours continué
.a1 Kla DT-i^eî-trtre. d'AAu iigr—sbkonu..r..g.*, s'y tetmi1n erent pa t une elpece dJe_ tolerance provi'f/i*o _-
juCju'a la
nelle, dont on convint ju^u'à tenue d'un Concile general, ou National.
On accorda 1 donc done que de d
part & d'autre on exerceroit librement fa Religion
St les lisEeS ufas;uiiAfai-gtaecs
<q-Tuiiii eonn dépendent , l0â<ntisf être fCo^r^c^Lé au contraire ; que chacun é'^ta.Lbll:i -
roit dans Ion païs la Religion qu'il voudroit, & que tout Eccléfiaftique qui abandonneroit
l'ancienne perdroit fes benefices fans être noté d'infamie. Il fut
aulîi permis aux Proteftans de conlèrver ceux qu'ils avoient enlevé aux Catholiques
pour les appliquer aux ufages de leur Reforme. Les Princes Proteftans
eurent droit de nommer à l'avenir des Affeffeurs & des Confeillers de
leur parti à la Chambre Impériale, & à cet effet la formule du Serment, qui
commençoit m nom de Dieu ^ des Saints,y fut changée en celle-ci, au nom de
Dieu des 55. E'vangiles , afin qu'elle put être commune aux deux partis.
Le Pape (Paul W.) cria fortement contre ce Décret, & peu s'en fallut qu'il ne
menaçât l'Empereur des foudres du Vatican. Les Proteftans répandus en Autriche
& en Bavière voulurent le prévaloir du Décret d'Augsbourg , mais on
.oîr avo Lr , H -f " " ' f J " P" '' P'^ê""« f»" '
1vi n amwû. Cc mS,,I ^Trimf . Ill aap. zy. Il y eJftr accufé d?' intolerance & de vanité': fur ce defer artCicalel-
on d,t, que Ca vin avo.t des gem apofté,, pour publier fes louanges " A l'&ârd
de I •„tokrance, . efl „„poOlble d'en juftifie, Calvin. On peut dire qu'il plafda la caufe d1 reSfe
Romaine, lors qu',1 foufnt après le fupfhce de Server, qu'oidoit puni!" les Heretiques de mort. On
tmuve que Luther a foutenu la même c U dans une de fes P4ill„. Mmijhm, . " . W Z " , «M'"
mma mmlufti. . . . amtt &c. Les SuccelTcurs & les Difciples de Luther Weftohale JV
autres ont eu te mcm^ p^cipes, Voy. Hofpin. H,fi. „bi fup."^ âTli „ p r o S ' et
prit dmtolerance aux Réformateurs fes contemporains dan, quelque, lettres infer&s parmi S &riK des
Socmicns Pouiquoi fe .-ecner aprè, cela contre l„p,rfécmj,d.F.fIfî,, Enf„pp„ft,S^Ti„o„s"mm
torn r < / « , m t o l e r a n c e d e v i e n d r a peutêtremoi
pSarîl er de ce D . „W qu.eut la ted"rfre ' dr'ac"c uffe'r™ G'u illaume S! .™ d' 'AthEeïcfcmléefi,a fptaiqriuee qu'on lailTo t auï
f ' v f " " " ? '' 'r ^ poi" l i « " ' " » " râtpoS dans
te commencemenî de 1 Armmamfrae. Dans le dernier fiecle le, Miniftres des P. V Voulu,
rent interdire toute refidence publique aux Prêtres Catholique, , & même empêcher qu'à i'a'venir on
LeVe"^ "l""™"."- ^ T r P ^ - t " ' d^'^'/«'«"»'Je de Wit. LesEtLfieftlmAles pTleur
figeK &par 1 „ çudence refuferent d'autorifer un lék qui n'étoit nullement conforme i la%hati-
K de IBvanp e. S. Ion veut voir outre cela jufqu'où l'intolenince de, Eccléfiaftique, peut aller,
migre le, barrières qu'on lu, oppofe dam les Etats Proteftans, on doit lire la lettre de Limbo h î
reponle, & la lettre XIX. ou Ion trouve une citation remarquable fur l'intoleiance des Prot. . . On
du te afe femblable a celle qu'on reproche au, Conft l^'o nraporct,e de, exem,pLte„ d. 'une con-
' ' ^ J " " " " ' imprimé dit-on) d'une lettre de Calvin, conçu en
ces termes : , ipren, que Servet doit être bientôt ici (à Geneve) fi cela eft, ie ferai qu'il n'en (brte
„ jamai, en v.e ". Je veix croire pour l'honneur de Calvin que ce paffige eft fcpé.^ ''
RELIGION DES PROTESTANT 203
rte voulut accorder aux Autrichiens que la Communion du Calice. La Polo^
gne fe mit auffi fur les rangs pour faire au Pape certaines demandes qui marquoient
de l'inclination pour la nouvelle Doihrine, comme les deux elpèces
à la Communion, le mariage des Prêtres, la Meffe en langue Polonoife, l'abolition
des Annates, un Concile National. Il paroit que ces demandes n'eurent
point de fuite, & qu'on fut content de ce que le Pape promit, tant d'un
Concile que de la Reforme, qu'il faifoit femblant de fouhaiter.
Le nombre des Calviniftes augmentoit fi fort en France vers l'année «558.
que les anciens Catholiques commencèrent de craindre une Revolution de
Religion. Plufieurs Grans de la Cour étoient à la tête des Calviniftes, & liiême
le Roi de Navarre, ce qui donna beaucoup de courage au parti, julques
là que dans Paris on chantoit affés publiquement les Pleaumes de Clement Marot.
En Allemagne l'Empereur Ferdinand effaya de perfuader aux Proteftans
de s'en rapporter à un Concile general, mais ceux-ci repondirent comme aupar.
ivant, que le Concile devoir être libre, convoqué en Allemagne, fans la préfidence
du Pape: en un m o t , ils refùlêrent ce qu'ils appelloient m Concile Papal,
Se demandèrent la confirmation de leur Religion lelon le traite de Pàffau
& le décret de la Diette d'Augsbourg dont j'ai parlé. Dans les Païs-bas le fer
& le feu que l'on employoit contre les partilàns des nouvelles opinions n'en
empêcherent pas l'accroiffement, parce que ces pais étant devenus le théâtre de
la guerre entre la Maifon d'Autriche & la France, les Suiffes & les autres
Proteftans <jui fcrvoient dans les armées contribuoient ainfi à entretenir la
nouvelle Religion dans ces Provinces. Ce fut là le premier motif de l'établiffement
de l'Inquifition en Flandres & dans les autres Provinces des Païsbas
, mais ce ne fut pourtant qu'après la paix de Cambrai conclue au commencement
de l'année 1555. tjue Philippe II. Roi d'Efpagnej Prince également
bigot & impitoyable pentà ferieufement à étabhr ce redoutable Tribunal chez les
FlamansîPour mieux en venir à bout on erigea trois Evêchés en Archevêchés,
& l'on fit treize nouveaux Evêchés : fous prétexte, difoit-on, que le pais étant invefti
d'Heretiques, il lui falloir de nouveaux Pafteurs pour le garder. De (bn côté
Henri 11. Roi de France pourfuivit les Lutheriens & les Calviniftes de fon
Royaume beaucoup plus rigoureulèment qu'auparavant. Entre ces derniers
Anne du Bourg Conlêiller au Parlement fouffrit le lûpplice du fett, autant
peut être pour avoir parlé trop librement devant le Roi à la Mercuriale du
Parlement, que pour l'Herefie qui lui étoit attribuée. Il fê fit un fi grand
nombre d'exécutions, que les Princes Proteftans d'Allemagne crurent devoir interceder
pour ceux de France : mais les perlecutionsj n'empêcherent pas ces
Religionaires de tenir leur premier Synode à Paris le 15. Mai de l'année 1 5 5 s,
& François Motel de Colonges y préfida. On régla dans ce Synode la
forme & la difcipline des Eglifes : dans la fuite on y fit plufieurs changemens.
Cependant les perfécutions & les fupplices irritoient les eforits au lieu de les
intimider. La haine & la fureur de parti commencèrent d'éci .ater en 15 tfo. par
une conjuration contre les Guiles. Cette haine 6c cette fureur continuèrent
long rems de part Se d'autre, Se cauferent de grans delbrdres daus le Royaume.
J'ai dit que les Vaudois s'étoienc unis de fentiment avec les Zwinghens t on
les perfécuta dans le même tems qu'on perfécutoit en France leurs fi:eres Calviniftes
& Lutheriens. Ils prirent les armes du conlèntement feulement d'une partie de
leurs Barbes ou Miniftres, tous n'ayant pas voulu approuver cette elpèce de
rebelhon, & ils maltraitèrent les troupes du Duc de Savoye, qui leur accorda au
mois de Juin de l'année 15 (T 1. la Uberté de confcience , avec quelques en-
G g g g 1 droits
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