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& autres fcmblables, il ne b i f f e pas d'établir en termes formels la créance
" de la Tranfubftantiation, & de reconnoitre que Jclus Chrill a caché
comme fous un v o i l e , la fubftance divine fous les accidens du pain & du
viti.(^). le paffe fous filence ce grand nombre de miracles, que ce merne
A ^ i u s a rapporté, pour prouver la vérité de la T r a n f u b l l a n t i a t i o n , parce
c j oe ces miracles, foit qu'ils foient vrais, ou 6 u x , ne fout rien a notre
" " ' o n peut encore ajouter au M o i n e A g a p i u s , Michel Cortacius de Crete
„ dans fon Sermon qu'il prononça p u b l i q u e m e n t , & qu'^ dcdia au Patriarche
d'Alexandrie. Ce Sermon fe trouve imprime a Vernie en 1 5 4 1 , lous le
" titre de 'O^AU, OU A.V®- -CFEI V Difcours tm-
" chM la dignité </« S^erdoce. Cortacius compare dans ce D i f c o u r s le Prêtre
' avec D i e u , & il dit entre autres chofes, que comme (i) Dieu a change
" l'eau en v i n , de même le Prêtre c h a n g e , & pour me fervir de fon terme,
tranfubflantie le v i n au fang de Jefus C h r i f t . Il déclame de plus contre les
„ nouveaux Hérétiques, qui n'ajoutent pas foi d la vente de ce myllere- &
& pour les défigner m i e u x , traite CO Luther d'impie & dabominable He-
" refiarque & A p o f t a t , qui a féduit par fa d o d r i n e une mfinlte de perfonnes.
" Au-refte, on ne doit pas être furpris, de voir un Grec s'emporter (1 tor-
" tement contre les Proteftans, ni inferer de l à , que ce Sermon lui ait ete
" fuegeré par quelque Moine Latin ennemi des Proteltans Ceux qui la-
" vent ce qui s'eft pa(K à C o n f t a n t i n o p l e fous le Patriarchal de C y r i l l e,
" grand fauteur des Proteftans, & qui a t t i r a i ce parti-la plufieurs Eveques,
Prêtres Se M o i n e s , ne feront point étonnés de ces inveftives de Cortacius,
„ qui étoient alors de faifon.
Te ne croi pas qu'après cela Monfieur Smith ofe d i r e , q u i l ne le trouve
g u i e s d'Auteurs qui fe foient fervis du mot p . W « ^ . ! , à l'imitation de
" Gabriel de Philadelphie. On aura plus de raifon de dire, qu'il y en a
" fort peu qui ne s'en foient fervis depuis ce tems l à : & fi j'avois été alTez
" heureux que d'avoir fait un voyage dans le L e v a n t , auffi bien que Mr.
" Smith, je pourrois en fournit un plus grand n o m b r e , & en faire part
" Mais les deux Synodes tenus à Conftantinople contre C y r i l l e L u c a r , ne
b n c point mention, dit Mr. S m i t h , du mot d'où il infere,
" qu'ils s'en font abftenus exprès, pour ne pas favorifer une nouveauté. On
" ne peut lien voir de plus mal-fondé que cette o b j e f l i o n , & il ne faut
" qu'un peu de feus c o m m u n , pour en découvrir la faiiffeté. Il s'agit dans
" ces deux Synodes de condamner les propofitions hérétiques avancées par
" Cyrille fous le n o m de l'Eglife Orientale. Ainfi ces deux Synodes fe con-
" tentent de rapporter les propofitions de Cyrille felon fes termes mêmes, &
" de les anathematifer. Si C y r i l l e s'étoit fetvi dans Ci prétendue Confeffion de
" Foi du terme i ^ m n m , les Eveques de ces deux Conciles n'auroient pa:
manqué de s'en fervir. Voici les termes du (d) premier Synode tenu fous
(«) Tout cela eft rarjncke' dans l'Edition de Paris, dont j'ai parli d-dcffu!.
(It't Mich. Cortac. Serm. de tli!», Sacerd.
„ iolt.L', mm c„ Imr U d.Brin, d, U f P f c J'ai un peu parapnra« ce paflige
f 7 On do t lire ce qu'a & „ t Claude fur la fuppofition (felon lui) de ces dcuJc Synodes L>v 5. Ch.
. „ > VlZr. i &c. Le moins qu'on piiilTc dire de fes talfons cft qu'elles font fort
YTT de la Réponfe a la perpetuue « c . i-c moiii> «.[" " " P"""- H';'. ^ """"o "i"
S L S . Poli le Sieur Aymon. il traite ces Synodes d'afTcmblécs de fourbes, que l'ignorance & h
R E L I G I O N D E S G R E C S . 49
C y r i l l e de Berliéc en lô^Z. (a) Anathcme d C y r i l l e , qui enfeigne & qui
c r o î : , q u e le pain &: le vin qui font fur l'autel tie la Prorheie, ne (ont poiii:
changés au véritable fâng Se au corps de C h r i f t par la benediction du Prccre S>c
par la defcente du St. Eipnc. Cela feul eil une preuve convaincante, que
le verbe (h) /j.iT<xSx\Xi^ cil la même chofe parmi les Grecs, que le nou-
„ veau ternie t^truffiS.^, qui répond au Latin trcvnfubjlatitiari j puifque Cy-
„ rille Lucar s'en ferc pour nier la Tranfubllantiation de l'Eglife Romauie. De
, , plus, les Eveques de ce Synode monllrenc évidemment , quelle ell leur
3, créance touchant ce myftere, quand ils anachematifënt au même endroit .ces
, , paroles de C y r i l l e , tirées de l ' A r t i c l e 1 7 . de fa C o n f e f l l o n : Ce qu'ait 'voitdes
„ yeux quon reçoit dans le Sacrement, n'ejl point le corps du Seigneur. Peut-
„ on rien apporter qui prouve plus nettement la doélrine de la Tranfubdan-
„ tiation, que cet anathême? Le IL C o n c i l e , t e n u d C o n f l a n t i n o p l e en i ^ 4 1 .
3, fous Parthenius, confirme la créance de l'Eglife Latine avec la même évi-
„ dence que le premier. Il (è contente de rapporter les paroles de la Confèl-
„ fîon de C y r i l l e , & de les condamner comme herétiques. Ces paroles ti-
„ rées de l'Article 1 7 . confiftent en ce que Cyrille avoit avancé, (c) que la
„ diTJÏne Eucharijîie nétoit qu'une figure pure ^ Jimple. Les E v e q u e s aifemblés
„ dans ce Synode o p p o f e n t à c e l a , que (d) Jefus Chrifi n'a pas dit, ceci ejî la
3> fig'^^^ de mon corps, mais ceci ejî mon corps, fa-voir ce qiion 'voit, ce qu'on
„ reçoit, ce qui a été rompu, ce qui a été déjà fanUifié ^ heni.
„ Je pourrois joindre à ces deux Synodes, ( 0 un troifième tenu à Jerufà-
„ lem
mauvâifc foi à forcé de fe contredire. C'cft Pjrtlicnius Patriarche de Confbntinople qui a forgé tout
feul les decrets du Synode de Moldavie i Conftantinople, & les a fait approuver aveuglement, fans répliqué
& fans examen à Jaffy en Moldavie. Il ne traite pas mieux le Concile de Conftantinople aifcmblé
par Cyrille de Bcrcc.
(a) Le Sieur. Aymon appelle cet Anarhcme le plus Antichretien de tous les Anithemes. I! tache de 1«
rendre abfurde par des raifonnemens aftes extraordinaires. Voici comme il argumente. Les Grecs Lutini-
Jcs ^ Us Piipijles eH>^ mêmes dijent que ce tjue les yeux découvrent c'efi les véritables accidens du
pain, du vin »on fas le corps de], C. Or Cyrille n'a dit que cela, donc l'Anachême eft injufte;
H ejî l'ejfet de l'animante', de l.i fureur, de la folie, de l'aveuglement des Grecs de Co»flaniinop/e. Si les
Grecs ont fu ce tjtt'ils dijôient, ils ont prétendit le pain euchariflifie n'eji- appelle le corps de J. C. ^»e
dans un fins fimréypuis qu'ils dijènt formellemcm, que et qh'on voit des yeux corporels efi le propre corps de J.
C. Les Papifles ^ ceux qui croient l'impanatioa, ou la Pré fence réelle ,conviemieni également que Lt..,. chair
(è- le.... fang de J.C. ne fine pas vifiblcs dans les Symboles de l'Eucharijîie. Il faut donc que ceux
qui difeii[,qr(e ce qu'ils voyent des jeux du corps ^ ce qu'ils touchent de leurs mains.... eji le corps de J. C.
entendent quelque chofe de bien difc'reiit de ce corps crucifié & rompu &c. Le Sieur Aymon conclut par
une efpèce de Dilemme : ou les Grecs qui one compofé les decrets du Synode de Confiantinople ne crojoient point
1.1 Tranfub/fantiaiio», ou s'ils l'ont crue c'étaient des Grecs Latinif's mal iafh-uits des.... fentimens de l'Eglife
Romaine fur ce Dogme, qui ont cru, que pour faire pîai/ir il fallait dire.... que non feulement le Pain
Encharifiique étoit changé au propre corps de J. C. mois qu'on voyait ce même corps des yeux matériels, fans
qu'il fut couvert d!aucun voile des .tcci^ns de ce pain Scc.
(b) Mais le Sieiur Aymon, qui fe flate peut-être de favoir mieux le Grec qu'aucun autre, trouve dans
fon Didionnaire, (iS-ra^cihMÇM peut fignifier un fimple changement d'ufige, plutôt qu'un véritable cHm^
gement de fubjiance Src.
(c) Ces paroles ne fe trouvent pas dans l'Article 17. de la Confeflion de Cyrille.
(d) Dans l'Edition de Paris on a retranché de ce palBge ces mots ce qu'on voir. Sur ce qu'on a traduit
le mot Grec qui a été rompu, au lieu de qui efi rompu, felon la vraye fignification du Participe
K>.w(i'.vw, l'Auteur de l'Extraie dans la Bibliothèque Vniverfelle Tome V , fait cette réflexion. Les Proteflans
ne feront que fe confirmer par là dans la penfée où ils font ( il falloir dire oîi quelques-uns font )
qu'il y a long tems que les Grecs ne favent eux mêmes ce qu'ils veulent dire, lorfqu'ils parlent de divers ar-.
tides de la Religion Scc. Si pour toute controverfe on s'en tenoit là, non feulement à l'égard des Grecs,
mais auffi dans les difputes que les Chrétiens d'Occident ont entr'eux depuis long-tems, on s'épargneroitbien
de la peine, & la Religion n'en iroit que mieux.
(e) Ce Concile a été reimprimé de h traduélion & avec les remarques du Sieur Aymon en i7o8. à
h Haye, dans le Recueil intitulé Monumens autentiques de la Religion des Grecs Ôcç. L'examen décaillé
de cette tradudion & des Remarques ne convient nullement ici. Selon le Sieur Aymon, la tradmftion
donnée ou produite par le Peut Royal eft pleine d'omiflions volontaires & de falfiflcations, mais avaiic
que de prendre parti pour ou contre,on verra du premier coup d'ceil, que les Remarques de ce nouvel
T»r?je I I L Pm. /. N Edi-
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