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„ ment, ils avoient une veritable intention de l'adminiflrcr. Et fur cela (a) il
„ doute, s'ils confacrent véritablement le pain & le vin, parce qu'ils ne fâ-
„ vent ce que c'eft que cette intention. Il leur demanda de plus, en quoi
„ ils faifoient confiller la forme de la confccration. Et ayant feit cette quellion
„ à pkifieurs d'entre eux, il n'y en eut qu'un qui le Citisfit, Se qui lui reci-
„ ta en effet les paroles de cette confccration. Mais il eft aifé de juger, que
„ le Mengrelicn, qui contenta Li-dcirus le P. Zampi, parla plutôt lelon lé fcn-
„ riment du Pere, que felon le fentiment de ceux de & nation. Ce qui
,, mérité le plus d'être remarque, & qtr'on aura de la peine à croire , cil la
„ rcponfe d'un Prêtre Mengrelicn, à qui le même Pere (h) demanda. Ci après
„ la confccration du pain & du vin, ce pain & ce vin croient véritablement
„ changés au Corps & au Sang de Jefus Chrift ? A quoi il répondit en foû-
„ riant, qu'on ne pouvoir comprendre que Jefus Chrift pût quitter le cicl
„ pour venir fur.la terre, & qu'il pût être renfermé dans un fi petit mor-
„ ceau de pain. Mais cela ne s'accorde gueres avec le témoignage que le P.
„ Zampi a rendu ailleurs de la créance de c:s peuples touchant l'Euchariftie!
„ Et comme ces fortes de queftions fe font hors de propos par les Million-
„ naircs aux Peuples du Levant, qui ne font point inllruits de nos difputcs
„ fur ce Sacrement, auflî ne doit-on pas s'étonner de leurs reponfes, fi elles
„ ne s'accommodent pas toujours avec nos principes. Ce Papas Mengrelien
„ ne confulta dans cette occafion que Ces fens, & fit à peu près la même re-
„ ponfe que les Capharnaites firent à Notre Seigneur, gaowo^ pstejl hic no-
„ lis dm cmiem fuam ? Le P. Zampi ajouta .à ces queftions une autre qui c-
„ toit aulli inutile que les premieres. Il demanda .à ce même Papas , fi au
„ cas que le Prêtre oubliât les paroles de la confécration, la Meffc feroit va-
„ lide. A quoi il repondit. Pourquoi non! Le Prêtre, à la vérité, péche-
„ roit ; imis il ne manqueroit rien à la Me/Te pour être véritable. Il cft é-
„ tonnant qu'un Miffionnaire fiffe ces fortes de queftions à des peuples qu'il
„ reconnoit être dans une profonde ignorance, & tiui,bien loin de Civoir les
„ queftions qui fe traitent depuis quelques fiecles feulement dans les écoles des
„ Latins, n'ont qu'une teinture fort legere des principes de la Religion Chréj,
tienne. "
„ Mais ce qui fcandalifa le plus le P. Zampi, fut de voir le peu de refeeâ
„ que les Papas de Mengrelie ont pour le Sacrement de l'Euchariftie, qu'ils
„ ne confervent pas à nôtre maniéré dans des valês précieux, mais dans un
„ petit fac de cuir ou de toile, qu'ils ont toujours attaché à leur ceinture
„ le portant par tout avec eux pour s'en fervir dans les occafions, lors qu'il
„ faut donner le viatique aux malades ". (Quand ils fe couchent, ils mettent
cette bourfe ou ce fac fous leur chevet.) „ Ils ne font même aucune diiEculté
„ de le donner à porter .à d'autres perfonnes, foit homme ou femme :& comme
„ le pain conficré efl: dur, ils le rompent en petits morceaux pour le fiirc
„ tremper, Ce mettant fort peu en peine des petites parties de c c pain conià-
„ cré qui tombent .à terre , ou qui demeurent attachées à leurs mains".
(Souvent ils reduifent le "Viatique en poudre , le détrempent dans du viri
&
f t fia vMiJ.tU
M Cira timmiùm, mn faam cbijia, fih ftr «fa«ia akiram , f , r filctuifm. P,r c
tùtiftcrMiotse mi rimitrg a' Doltori.
(S) Imrngn mo di t^mjli Snm«Ji, fifalu U cmfiinwm M p.vit e uim cm h fij„„ ,
mmc J.,. , vi«. f . f f , U „ r f , , fm^m M Cimf,. Qtujl, , cm, fi gU ktrnf, d,m «»j
jamia, dilJ,, cbipinaCbriPmlpm,! & ame fm •semrvi, c ami tm Ji.wi in a/! p,u pac > tirebi/!
%ilimiriddii,l,/irvimri,,l,rra',mmaif,ivipfimUcmfa. ' ' ' '
R E L I G I O N DES GRECS.
& font boire au malade ce Viatique pulverifé, en priant l'Image pout laquele
{a) ils ont de la devotion, {h) de ne les pas tuer. Leur groffiereté va plus
loin encore .-peu de Mingrelicns prennent ce Viatique, parce qu'on le rc".ude
comme un mauv.iis augure dans la maifon d'un malade. Au lieu de îc lui
domiet, on le met dans une bouteille avec du vin, ou dans une petite calebaffe,
fur aquelle on fait enfuite des obfervations. Si le Viatique va au fond
de la calebafle, c'eft un figne de mort pour le m.i!ade, s'il fumage, c'eft un
ligne de convalefcence ) „ J'.ivoue que ces peuples n'ont pas aflez de rcf-
„ ped pour cet .-lugufte S.icrement : mais auffi n'eft-ll pas jufte de les fou-
„ mettre a tout le culte exteneur qu'on lui rend dans l'Eglife Occidentale
„ puis qu'ils n'ont pas les mêmes raifons de le faire , n'.iyant point parmi
„ eux de Berengariens, ni de Proteftans, qui les puilTent obliger adonner
„ ces marques exteneures de leur créance. Nous ne pouvons exiger d'eux
„ que ce qui s'eft pratiqué dans les premiers fiecles de l'Eglife: & il „'eft
„ pas p.irticuher aux Mengreliens de renfermer dans un Cic de cuir le Sa-
„ crcnient qui doit fervir de Viatique. Cela s'obferve auffi dans quelques
„ Eg ifes Grecques, qui le confervent de cette maniéré dans leurs Edifes .at-
„ tache a la muraille".
(Le P. Zamfi rapporte que les Moines Mingreliens ne mangent jamais dé
viande, qu'ils jeûnent & prient avec beaucoup de régularité, mais qu'avec cela
ils ne s'embaraffent pas du falut des ames qui leur font commifes. Pour
faire un Btre, (c'eft te nom qu'ils donnent aux Moines,) ils lui mettent fur
la tcte, fouvent même dès l'enfance , une calotte qui lui couvre les oreilles.
Des lors il doit s'.abftenir de viande, & l'on commet à d'autres Beres le foin
d'clever ce petit Novice. Pour ce qui eft des Religieufes, non feulement elles
ne gardent pas la cloture, mais même elles ne feint engagées dans la vie Monaftiquc
qu'autant qu'il leur plait. Il paroit par la Relation de ce Miffionmire,
que c'eft un affemblage de filles qui méprifent le mariage, de fervantes
qui font fans maitre, de veuves ufées, de femmes répudiées, de pauvres
filles qui font bien aifes de trouver retraite, & de vieilles prudes hors de iervice
La marque de Religion eft le voile noir & l'habillement de même.
Pour fuplement .à ce que le P. Simm a dit de la Meffe des Mingreliens, j'en donnerai
ICI ladefcription. On dit la Meffe chez eux en langue Géorgienne que le
P. Zamfi appelle littérale, (cette langue n'eft plus vulgaire,) Le Prêtre por-
« Selon le P 2;^».,,, ce n eft pas 1 objec rcprcfenté pjr l'Image q „ i excite la devotion des Mingrel.
en, c eft la figm-c matmellc de l'Image, & cette devotion eft plus on moins grande fdon que l ' I -
mage eft plus on moms parce & la matière pins on moins pr&imfe &c. Le bon Millionnaire dit en
même tems, , q u e n cela ils tiennent bien plus du Judaifme & du Paganifme que du Cliriftianirme "
Comment a-t-il pu ignorer que les J u i f s , bien loin de rapporter leur culte à la matière peinte ou fculotee
, n ont chcs eux m peinture ni image ? . c f
(h) Sans entrer dans tout le détail dc'la devotion timide & groffiere qu'ils ont p om leurs Images &
fans parler aufli des requetes ridicules q u ' i b leur prefentent contre leutî ennemis , je rapnorteraï qu'ils
font leuLj ftrmens fur ces I m a g « , & que ces fetraens font fans appel : cependant il fe trouve des Mingrehens
11 Icrupuleiix en apparence, qu'ils ne veulent juter fur aucune Image. Une ceremonie funerftineufe
alfes remarquable c'eft l'offrande mêlée d'imprécations qu'ils font de la maniéré fuivante, pour
faire périr leur ennemi. „ Ils vont alors, dit le Pere Za,n(i, 4 l'image à laquelle ils ont le plni de
„ devotion, avec une ollrande compofée de deux petits pains & d'une petite bouteille de vin. Etant
„ devant l ' M a g e . l e Papas tourne l'offrande autour de la tête de celui qui la fait. Enfuite il s'adrelTe
„ a e l l e , _ & l n i d i t , fi pat exemple c'eft nn voleur qu'il dévoué à la colere de l'Image, « Ctis m , f ai
„ , s- «p,,is .v,ir k U,rm Mr, „.a r» „ prlfim j, „ftis, j , „ pri,J, ta-
„ m t m r . lin même tems il fiche un pieu dans la terre devant l'Image, & l'enfonce i coups de maillet
„ ajoutant ces paroles, lors que le pieu eft entièrement enfoncé, « l, pri, d, f m , k am v,Lr c, m, ,',;
„ Jtitt A et pieu, I - 1 J
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