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102 II. Dl S S E R T A T I O N SUR LA
„ en berceau, & Ie clocher, (a) qui eft fort inutile, puifcjuïl eft dégarni de
„ cloches, eft place au milieu des deux toits fur le frontifpice les Grecs
„ ontconfervé l'ancien uCige des domes, & ne l'exécutent pas mal pour
„ les Eglifes des Monafteres, elles font toujours au miheu de la cour, & les
„ cellules tout autour de ce bâtiment la nef eft aujourd'hui la plus grande
„ partie des Eglifes Grecques : on s'y tient debout ou affis dans des chailes a-
„ doffées contre le mut, de maniéré qu'il femble que l'on foit debout. Le
„ fiege du Patriarche cft tout au haut dans les Eglifes Patnarchales, ceux des
„ autres Métropolitains font au dcfl'ous. Les LecTieurs, les Chantres, les petits
„ Clercs fe mettent vis-à-vis, & le pupitre fur lequel on lit l'Ecriture, y eft
„ auffi. La nef eft fépatée du Sanûuaire par une cloifon peinte & dorée, éle-
„ vée du bas jufques au haut : elle a trois portes. On appelle celle du milieu la
„ porte fainte, laquelle ne s'ouvre que pendant les Olfices folemnels & à la
„ Mefle, lorfque le Diacre fort pour aller lire l'Evangile, ou quand le Prêtre
„ porte les Efpèces pour aller confacrer, ou enfin lorfqu'il vient s'y placer pour
„ donner la Communion. Le Sanûuaire ert la partie de l'Eglife la plus élevée,
„ terminée dans le fond par un demi ceintre
A toutes ces remarques il faut ajouter celles-ci tirées en partie du même Auteur.
La cjuantité extraordinaire de Moines & de Papas contribue à multiplier
les Chapelles. Tous les jours ou en bâtit de nouvelles Se la permiffion s'en achette.
On ne peut relever celles qui tombent en ruine fans payer des. droits.
En cela il n'y a rien de contraire à la juftice; puifque l'exercice public d'une
Religion étrangère dépend de la volonté du Souverain. Les CLipelles des Catholiques
font traitées de même en Hollande. C e f t toute la tolerance que peut
exiger celui qui ne profclfe pas la Religion de l'Etat, Tomtefirt nous dit auffi ,
que chaque Papas croit être en droit de poffeder une Chapelle, de même qu'il
a celui d'époulèr. une femme. Celebrer dans l'Eglife d'une autre paroît à ces
Prêtres, fi peu fcrupuleux en d'autres chofes, un adultéré fpirituel. Tel eft le
genie de ceux qujon appelle Clergé; promt à maintenir la gloire de Dieu dans
certaines inftitutiôns inutiles, attentif.! de vaines bienfeances, jaloux de certaines
opinions indifférentes jufqu'à diifamer autant qu'ils le peuvent ceux qui
ionc contraires .à leurs opinions. Mais laiffons des gens qui portent ordinairement
leur vengeance jufqu'â traduire la foi devant les juges feculiers.
J e viens à l'Autel. J e ne faifi tous les u(âges,dontil cft parlé dans le Pontifical
fe pn-itiquent encore par les Grecs avec autant de foin & d'exaûitude qu'ils
y font décrits. Quoiqu'i en foit, en le pofant & l'affurant à l'endroit où il
doit être, on chante quelques Antiennes & verfets de Pfcaumes. Enfuite le
Prêtre, ou celui qui a le droit de bénir & de confacrer l'Autel, prononce la benediaion,
l'encenfe tout autour, & cependant un Diacre recite des prières
Dans un endroit de ces prieres on demande expreifement à Dieti, qu'il change
«a cmfs eJ- au fang de fm fih tes mdimes von fmglmtes qui lui [emit of mes fur
cet Autel. Pour faire l'ablution de l'Autel, le Patriarche, (ou tel aiitre a qui
cela eft permis,) environné du Chartofhylax (le Grand Officiai,) & de quelques
autres
W il faut remarquer que les Grecs ne (c font (crvls que tard des cloclics. Avant cela ils
appelloienr à l ' E g l i l e en frappant lur des lames de cLuvre. Sur cette raatiere je renvoyé à VEucholesc du
P. Omr. Les Turcs défendent aux Grecs l'ufage des dociles, parce qu'ils s'imaginent que leur Ion
trouble le repos des ames. Spon attribue aux Turcs une autre imagination tout auffi plaifante. (Tome
prem._ de fcs Voyages p. 1 7 5 . Edit, de 1 0 7 9 . ) Ils gâtent, nous lîit-il, toutes les fcnlptures autiques,
& meme les plates peintures, parre qu'ils font follement perfuade's qu'à la fin du monde Dieu donnera
une ame à ces figures, & punira ceux qui ont eu la témérité de les f a i t e , ce q u ' i k appellent avoir voulu
imiter la puiflance du createur.
R E L I G I O N DES GRECS. 103
autres Eccle&ftiques, qui l'ont auparavant falué refpe£lueufement, commence par
cncenfer cet Autel ; à quoi il ajoute le figne de la croix & tine Oraifon fecrete
avant que de le dépouiller. Apres l'Oraifon il le dépouille au chant de quelques
Pfeaumes chantes p.ar les Diacres, & avec l'alliftance des Evêques prcfens à cette
ceremonie. On apporte pour cet effet tout ce qui eft neceffaire pour l'ablution.
Le Chartulaire s'avance avec une maniéré de petit feau qu'il renverfe fur la
fainte Table, difànt en même tems, benips Seigneur. Alors le Patriarche donne
aux Prêtres prefens à la ceremonie les hnges làcrés pour froter cette fainte
Table, & les éponges pour l'e.Tuyer, après avoir verè deffus de l'eau rofe.
Enfuite on lui met d'autres paremens Se l'on fait une priere, qui eft fuivie d'un
encenfêment circulaire de la Ciinte Table, & d'une benedidion accompagnée
d'un figne de Croix, qu'il fait avec le morceau de {it) drap qui couvre l'Autel.
La ceremonie finit par la diftribution des éponges.
Je paffe à la confécration de ce que les Grecs appellent Antimenfium, qui tient
chez eux la place d'un Autel portatif. D'abord on fait une triple afperlîon fur
cet Anîimenfimn, en ch.antant trois fois cette Antienne, Vous me lawerés auec de
l'hyjfope &c. à quoi le Patriarche ou fon Vicaire ajoute la benedi6tion. L'ayant
donnée il prend un vafe qui renferme des parfums, fait avec ce valê trois croix
fur l'Antimenfunij une au milieu, les deux autres à droite & à gauche, & chante
encore une Antienne. A la fuite viennent divers coups d'encens ; des prieres
& des élévations de coeur fùivent. On .apporte les {h} Reliques, le Patriarche y
verfe du Chrefme, & les configne dans un Reliquaire qui eft mis derriere l'Antimenfmm.
Cela finit par une priere.
A ces ceremonies, il faut ajouter la reconciliation d'une Eghfe ptophanéc
par des Hérétiques, ou par des Payens, ou par un homicide, ou-pat des abus
criminels. Comme il n'y a rien de particulier en tout ^ cela chez les Grecs modernes
, & que vr.ai {èmblablement ils n'dnt pas trc^ le pouvoir de pratiquer
en cette occanon ce que l'Antiquité leur a prefcrit, je renvoye au Pontifical.
J E U N E S, F E T E S &c.
j, [c)' Les Grecs ont' quatre grans jeunes, ou quatre Carêmes: le premier
„ commence le 1 5 . Novembre, ou quarante jours avant Noël. Le fecond
ell notre Careme (e) qui precede immédiatement Pâques, & qu'ils
« gar-
(a) Le terme Grec fe rend aulTi autrement, Se la vérité eft qu'on ne fait pas bien ce que c'eft-
L'ufage de conferver les Reliques des Saints cft trcs ancien. Celui de les employer' i la confécration
des Eglifes & des Autels ne l'cft gueres moins. Les Proteftans, qui fe font fi fore recriés contre la
veneration des Reliques, auroicnt dù confulter le cai-aétèie de l'cfprit humain. Clucun a chez foi des
difpofitions Hiyorables aux Reliques. D'abord on ne veut que garder comme un monument quelques
uns de ces precieux rcftcs appelle's Reliques : bientôt un afle de pieté fi louable devient une maUdie femblable
à celle des curiciix en coquillages & en antiques, qui ne ceftent d'admirer, de prifer, d'accumuler
même tout ce qui porte ce nom. Si des monumcns de cet ordre paflbieot par certaines miins, combien
n'en liabillcroit on pas en Reliques? Des rechcrciics curieufes & hardies contribuent prefque également à
f à r e valoir ks curiolîtés & les Reliques. En un mot les dévots, de même que les curieux, s'efforcent
d'enchcrir les uns lur les auti-es. C e f t par ce moyen que les Reliques de l ' A . . . P a . . ont déjà conftaté
fcs vertus divines, & je ne fai fi H prefent les connoiÏÏcurs pourroient decider entre lui & Mar.. î
la Co. . .
(c) Kicant Ch. V. de VEtat de CEglifi Grecque.
(ti) Les Grecs célébrant cc jeune non feulement à l'honneur de J . C . mais aufll en mémoire de ce
que Moyfc jeûna quarante jours fur le Mont de Sinai, Chrijtoph. Angtlns. cap. 4.
( f ) Ils appellent le Carême hdi.vme de l'unie, à caufe que chaque dixième jour devant être corifacré
au jeune pour racheter les péchés de l'ame, on a rafTemblé tous ces jours pour en faire le Carême. Mais
comme l'année a jours que le dixième de ^^o étant 56 il veftc cinq joure, on en prend encore
quatre pour ces cinq jours qui rcftoient, & ccU fait les quarante jours du Carcme. Cependant à comp