
iïl.f !
m
' Ai . Il
i " 11?
174 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ voit un plein pouvoir du Pape, il exerçoit par tout (â J u r i f d i a i o n , fins fe
„ foucicr des Ordinaires des lieux, avant même qu'ils culTent voulu recon-
„ noître là qualité. C'eft a i n f i ' q u c cet Envoyé du Pape plantoir en ce païs-
, , là la Religion Romaine, & qu'il n'epatgnoit rien pour en venir à bout. Il
„ donnoit les Ordres malgré les Evêques Diocefains, & il failbit auparavant
, , abjurer les erreurs des Neftoriens à ceux qu'il ordonnoit. (a) Outre la Pro-
„ fèflïon de Foi, ceux qui prenoient les Ordres étoient obliges de jurer obéïf-
, , fince au Pape, & de ne point reconnoitre d'autres Eveques, que ceux qui
„ feroient envoyés de fa part. Mais venons maintenant aux erreurs dont Me-
„ nefes accufe les Chrétiens de St. Thomas.
„ I. (h) Ils fbutenoient opiniâtrement les (èntimens de Neftorius, êc outre
„ cela, ils ne recevoient aucunes Images, n',idmettant que la croix, laquelle
„ ils honoroient beaucoup. L'on voyoit pourtant les Images de quelques Saints
3, dans les Egliles qui étoient voifines des Porrug.iis.
, , II Ils affirmoient que les ames des Saints ne voyent point Dieu qu'a-
„ près le jour du Jugement.
„ III. Ils ne connoiflbient que trois S.icremens, (avoir le Baptême, les Orj
, dres & l'EucharilHe : en la forme du Baptême il y avoit un fi grand abus
„ parmi e u x , que l'on voyoit être en ufige & en une même Eglife différentes
„ formes de Baptême. Il arrivoit fouvent à caufe de cela, quelle Baptême é-
, , toit nui : de forte que l'Archevêque Meneies rebaptifi en fccret la plupart de
„ ces Peuples. Il s'en trouvoit auffi plufieurs, principalement les pauvres, qui
„ habitoient les bois, lefquels n'avoient jamais été baptifés, parce que le Bap-
„ tême coutoit de l'argent ; Se néanmoins {ans avoir été baptifés, ils ne l.aif-
„ foient pas d'aller à l'Eglife, & de recevoir l'Euchariflie. De plus ils diffé-
„ roient aiVez fouvent le Baptême plufieurs mois, & même plufieurs .années.
„ IV. Ils ne fê fêrvoient point des Saintes Huiles dans l'adminiftration du
„ Baptême; Ci ce n'eft que trouvant dans leurs Rituels, qu'il étoit fait men-
„ tion d'onftion après le B.iptême, ils oigriôient les entans d'un onguent
„ compofé d'huile de noix d'Inde, (ou d'une efpèce de iàfran) fans aucune be-
„ nediftion ; & ils eftimoicnr cette onftion fiinte.
„ y . Ils n'avoient aucune connoiflànce de la Confirmation, ni de l'Extrê-
„ me-OnéTrion : ils en ignoroicnt même les noms.
„ VI. Ils avoient en horreur la Confelfion auriculaire, .à la referve de fort
„ peu qui étoient voifins des Portugais : & pour ce qui ell de l'Euchariflie,
„ ils communioient le Jeudi Saint & plufieurs autres jours folennels de l'année,
„ fans autre preparation, que de s'approcher de l'Euchariflie à jeun.
„ VII. Leurs livres étoient remplis d'erreurs confiderables, ((urtout contre
„ le St. Sacrement ) , & dans leur Meffe il y avoit un gr.ind nombre d'addi-
„ tions inferées par les Neftoriens.
„ VIII. Ils confacroient avec de petits gâteaux faits (c) à l'huile Se au fel,
que
(a) A tout cela il faut ajouter, que le Prélat Miflîonnaire affefta d'e'raler pompeufcment aux yeux
de ces peuples /a r»tijeflé & lufmMetédei ceremonits, felon les termes du P. le Bntn. A cet écht fe trouvèrent
Iienreufement ii\elées l'humilicc de la cercmonie de laver les pieds le Jeudi Saint, & les dévotions
du Vendredi de la patïîon. Les peuples fe fiapent facilement d'un tel alTembbgc. Je ne dois pas oublier
non plus, combien le Prélat fit valoir fort à propos cemines ceremonics inconnues à ces Chrétiens,
comme la Eenediâion des Saintes Huiles, & la ceremonie de renfermer le S. Sacrement dans le Tabernacle
&c.
(É) Hifi. Orient, tiesprog. ri'j^lexîs Menefii. chttp. 20.
fO La coutume, dit M. la Cro^e, de paitrir le pain de l'Eucharillie avec (!c l'Iuiile & du fd efV
commune aux Neftoriens Se aux Jacobices de Syrie. Si je cite ici cet Auteur pour G peu de chofc, c'cit
pir-
R E L I G I O N D E S GRECS.
1 7 5
„ que les Diacres & les autres Ecclefiaftiques qui n'avoient que les Ordres
„ mineurs, faifbient cuire dans un vailfeau de cuivre, ayant pour cela un lieu
„ feparé en forme de petite tour. Pend.int que le gâteau cuifoit, ils reci-
„ roient plufieurs Pfeaumes & des Cantiques : & lors qu'on croit prêt de le
„ confâcrer, ils faifoient couler fur l'autel, par un trou qui ctoit au plancher de
„ cette pente tour, le gâteau dans un petit pannier de feuilles. De plus, ils
„ fe fervoient de vin qui avoit été fait d'eau, où l'on avoit fait tremper feulej
, ment des r.aifins fees.
„ IX. Ils difoient la Meffe très peu fouvent, & celui qui la fervoit portoit
„ une forme d'érole fur fes habits ordinaires, quoi qu'il ne fût point Diacre. Il
„ avoit toujours l'encenfoir à la main, & recitoit prefque autant de prieres, que
„ le Celebrant, en joignant à cela plufieurs autres ceremonies inconnues & im-
„ pies," (qui marquoient fur-tout leurs erreurs fur la nature du Sacrement.)
„ X . Ils avoient un fi grand refpeû p u r les Ordres, qu'il n'y avoit point
„ de famille où il n'y eût quelqu'un d'ordonné: & la raifon de cela ctoit, par-
„ ce que les Ordres ne les rendoient point incapables de tous les autres em-
„ plois, & qu'ils avoient par tout le premier rang.
„ De plus, ils ne gardoient point l'âge requis pour la Prerrife Se pour les
„ autres Ordres; car ils Êifoient des Prêtres à 1 7 . i 8. & i o . ans : & quand
„ ils croient Prêtres, ils (è marioient, même avec des veuves, Se ils fe rema-
„ rioicnt jii((]u'à deux ou trois f o i s " (On voyoit fouvent en même tems un
pere fon fils & fon petit fils Prêtres dans la même Eglife.) „ Les femmes des
„ Prêtres avoient quelque rang par delfus les autres, tant d.ans les Eglifes que
„ dans les autres lieux. Se elles fè feifoient remarquer pat une croix qu'elles
, , portoient au c o l , ou par quelque autre chofe qiu les diftinguoit". (L'habit
des Ecclefiaftiques étoit des caleçons blancs & par delfus une longue chcmifè,
à quoi ils ajoutoient quelquefois pour plus de décence une foutane blanche ou
noire. Leurs couronnes croient fèmblables à celles des Moines, ou des Chanoines
Réguliers.)
„ X L Ils .alloient reciter toils les jours à haute voix I'OliKcd divin en langue
„ Chaldaïque : niais ils ne croyoient pas être obliges de le reciter ailleurs : aufli
„ n'avoient ils point de Bréviaires pour le dire en particulier.
„ X I I . Ils commettoient fimonie en l'adminifltation du Baptême Se de
„ l'Euchariflie, tax.int ce qu'il leur filloit pour cela. Pour ce qui eft du Ma-
„ riage, ils appelloient le premier Prêtre venu, principalement ceux qui de-
„ meuroient à la campagne". (Souvent même ils le palfoient de Prêtre, Se
pratiquoient dans leurs mariages les Ceremonies fùperflitieufès des Idolâtres leurs
voifins ou leurs concitoiens. )
„ X I I I . Ils refpedoient extraordinaitement leur Patriarche de Babylone,
„ Schifrnatique Se Chef de la Sefte des Nelforiens : .au contraire ils ne pou-
„ voient fôuffrir qu'on nommât le. Pape en leurs Eglilès, où le plus lôufcent ils
„ n'avoient ni C u r é , ni Vicaire, mais le plus ancien y prefidoit.
„ X I V . Quoi qu'ils allaient les jours de Diimnche à la Meffe, ils ne
„ croyoient pas pourtant y être obligés en confcience: de forte qu'il leur étoit
„ libre de n'y point aller, & il y avoit même des lieux où l'on ne difoit qu'u-
„ ne Méfie par a n , en d'autres on n'en difoit pas une en 6, 7. Se 1 0 . ans.
„ X V.
parce qu'il afFefte en quelque forte de jullifier l'UfageSyrien, & d'en fair: une efpôce de parallèleodi:ux
avec l'Hoftie des Latins, qui felon lui n'eft qu'une colle fécliée & mélee de dre, plus conrraira à l'inftltution
du Sacrement que l'huile des EgUfes S)'ricnnes.
X x 1