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deftinc aux Mtniftres, mais on les lia tout auiîî écroicemenc. Un aucic article
remarquable de cette célébré aflemblée fut celui qui interdifoit aux ProfeffeuYs
en Théologie de produire de nouvelles opinions conîradiBaires à la doïlrine reçue
en l'Eglife: qui vouloic même quit ne fut licite de remuerîegerement aucuns fcrufules.
. , . contre la doUr'me reçue. Qui pourroit s'miagincr qu'après taut de
précautions l'ivraye auroit jamais pu croitre parmi le bon grain? C'eft pourtant
ce qui eft arrive malgré des précautions foutenucs de l'autorité civile, &
malgré la vénération que le Synodes'eft conlërvée jufqua notre tems, vénération
qui va fi loin, qu'on lui rend même un honneur que les anciens Conciles
Oecumeniques n'ont jamais reçu. C e f t de faire tous les ans la reconnoiffance,
ou la vilite de Tes Ades de la maniéré que je le dirai bientôt.
Je viens maintenant à la Difcipline & aux autres ufages de la Reformation
Calviniene.
Les Eglifès Reformées font gouvernées par des Conjijlob-es : on appelle Cm-
JîJloire le corps entier des Pafteurs, Anciens èc Diacres d'une Egliîè, ce qui
n'empêche pas que les Synodes n'ayent décidé en France (a) que les Minif"
très ^ les /Anciens font le Conjtjoire. Le Confijîoire eft donc proprement le Confêil
ecclefiaftique de l'Eglife, auquel eft commis le foin de faire exercer la difcipline
ecclefiaftique & c . Les {h) Miniftres prefidentdans les Conjijîoires. Il leur
appartient de prêcher, èc d'inftruire dans la Religion, d'adminiftrer les Sacremens,
de cenfurer & de faire la paix dans les familles defûnies, de vifitcr
les malades &c. Cette charge eft à vie Se l'on ne depofe du Miniftere que
pour des crimes avérés & trop publics pour les pouvoir pallier. La Di(cipline
des Eglifes de France (c) ordonnoit aux Miniftres d'être prudens & retenus
dans leur maniéré de prêcher , d'imiter dans leurs prêches la fàmplicité de
l'Ecriture, de s'abftenir des digrelTions & des amplifications, d'éviter l'entaflèment
inutile J e panàg^a de li Rihie /V cette vaine érudition qui tunftftc à rapporter
un grand nombre d'explications différentes. La Difcipline des Pais-Bas
appuyé fur une partie de ces regies, (d) mais elle infifte furtout pour texplication
des principes de la B,eUgion Chrétienne, c'eft-à-dire des dogmes. Elle veut enfiiite,
que la Morale tire fes preuves & (es motifs de ces dogmesiCequiproduit,ccme
femble, une Morale féche & peu perfuafive, plus propre d'ailleurs à la (peculation
qu'à la pratique, Ôc qui n'excite que médiocrement l'attention des auditeurs.
Il cft vrai qu'on peut éviter ce dernier défaut en s'armant des figures
les plus fortes contre les fentimens oppofés à l'orthodoxie, à quoi l'on peut
ajouter une declamation vchemente, des expreftîons decifives, & prononcées
magiftralement. Tout cela peut ramener l'attention.
Il fè tenoit autrefois en France des Synodes Nationaux & des Synodes Provinciaux.
A ceux-ci croient fubordonnées les ClafTes que l'on appelloit aufii Colloques.
Ces Clafles étoient des afTemblées de quelques Eglifes de la Province,
<jui fe faifoient deux & même quatre fois l'année, ii les affaires le demandoient.
A ces ClafTes ou Colloques fe trouvoient un ou deux Miniftres de chaque
Eglife
(4) Voy. Difciplmc des EgUfis Scc. CU. V.
(é) Donnons ici l'origine vrayc ou faufle du nom tlf Minifln. On l'attribue à un nommé Bonhomme
un des trois Apôtres que Calvin cljoifit pour repandre la Reformation. Ce Bonhomme, qui avoic
auparavant enfeignc le Droit dans l'auditoire de Poitiers appelle' la Mini(irerie, <^toir ordiiiaircment furnommé
à caufe de cela le Miniftre, & l'on s'accoutuma peu à peu i nommer ainfi fes imitateurs ôc fes fuccefleurs.
( f ) Ubi fup. Cil. I. p. i6.
RegUmns &c. Ch. V.
RELIGION DES PROTESTANS. 387
Eglife avec un Andcn : on les affcmbloit pour terminer ou regler ce qui ne
{c regloic pas dans le Confîiloire : mais ce que la ClalTe ne pouvoir régler écoit
cnfuite porté au Synode Provincial, même au National, fi la cliofè ctoit de la
derniere confcqucnce. Il paroit parce petit détail,que l'autorité (a) de ces Colloques
ctoit toujours foumife aux Synodes, comme celle des Confiftoires l'était
aux Clafles. Ccllcs-ci fe terminoient par une çenfure ecclefiaftique, c'eilàidite
par une admonition fraternelle au fujet des abus qui pouvoient s'être
gllffés dans les Eglifes particulières, & des fautes dont les membres de l'affcmblée
pouvoient fe trouver coupables : tout cela reifcmbloit affes aux
Mercuriales de nos Parlemens. Les Reglemens des Provinces-Unies touclunt
les Claffes différent un peu de ceux des Eglifes de France. Ils portent
que les Claffes fe tiendront pour les affaires que le Synode n'a pas etc en
état de terminer, ou pour celles qui furvienncnt entre deux Synodes. Telle cft
pat exemple la vocation d'un Propofint au Miniflere. Le Synode a feul droit
d'ordonner ces Claffes, à moins qu'il ne furvienne des affaires fi preffées qu'on
ne. ptlifle point attendre fes ordres. Alors il eft permis à l'Eglife Synodale,
c'eft-à dire, à celle qui a droit d'envoyer des députés au Synode, d'écrire des
lettres circulaires (è) à cinq ou fix Eglifès, principalement aux voifînes, pour
obtenir à la pluralité des fuifrages la permiflion de convoquer une Claflê. On
doit écrire à ces Eglifes ^uixze jours aiimt la cmmcatian de la Clajfi, chacune
doit emoyer m Pajleur é" •"> Ancien, ér autant que faire fe peut les mimes députés
qui auront apjlé au dernier Synode. Larroque, Auteur de la Conformité de la
DifcipBne EccleJîaJIique des Protejlans de France (c) compare les Claffes, ou Colloques
aux anciens Synodes Diocefains.
Avant que de paffer aux Synodes il faut parler du Ctetus. Cette forte d'af^
femblée a quelque chofe de fingulier & n'eft connue que dans les Provinces
Reforuiécs des Païs-Di». - Il t li Lijt i ia i-^fty«} (rfj nous dit-on, tous les
trois ans au mois de Mai une aflemblée de Pafteurs députés de toutes les fêpt
Provinces-Unies, à laquelle on donne le nom de C^etus, mot Latin, qu'un rafinement
afles ordinaire à ceux qui veulent fè diftinguer par des idées myftexieulès
ou par des termes cnigmatiques peut avoir fait préferer à un mot connu
du vulgaire. Ce Catus donc s'alfemblc par l'autorité de l'Etat, pour faire la revifion
ou la viftte des A6tes du Synode National tenu à Dordrech en i ^ i 8
& iSi 9 qui font gardes i la Haye. Ce même Catus va faire enfuite la vifite
des originaux de la verfion Flamande de la Bible traduite auffl par ordre de
ce Synode. Ces originaux font confervés précieufement à Leide.
Les Synodes font Nationaux ou Provinciaux. Ils devoient s'aflembler en
France deux fois par an, ou tout au moins une. Ceux des Provinces-Unies fe
tiennent regulierement deux fois l'année, vers le mois de Mai, & vers le mois
de Septembre. Le Miniftre député mene avec lui un ou deux Anciens. Si l'Eglife
a pluiïeurs Miniftres,chacun eft député à fon tour, & cela aux dépens de
fbn Eglife : fi l'Eglife eft petite elle peut fo concenter d'envoyer fon député
une fois par an moyennant qu'elle écrive une lettre de (s) foumiffion à ce Synode
(a) Voy. Difcip. tics Egl. Scc. par ^'Huiffeott Ch. VII.
{b) Les Reglem. du Synode Walon C h . X L Art. i . ordonne d'e'crire des lettres circuiaires à toutes
les Eglifes pour obtenir cette penniflîon. Edit de lyi«?.
Ce) Conformité & c . Ch. V I I . page 1 6 5.
id) Reglemens Scc. ubi fup.
(0 Reglemm Sic. ubi. fup. Ch. II. Art. 4.
E e e e c z
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