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162 m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
c î é t é , puis qu'ils fè volent les uns les autres, fans crainte d'etre châties, &
même pour fe faire cftinier. A cela il faut ajouter la réputation qu'ils acquièrent
par des meurtres. Leurs mariages confirtent a (è donner mutuellement
parole en préfènce de quelques témoins. Le pré(ênt que le mari donne
au pere de fon accordée ratifie ce contract verbal: mais ajoute-t-on , fans
les préfêns o n ne trouveroit point de femmes. Le deuil commence par les
cris & les gemilTemens de ceux qui le rendent auprès du mort. Les parens fè
f o u e t t e n t . Tes femmes s'égratignent, pendant que le Prêtre chante fur le corps
du d é f u n t , & l'encenfè. Enfiiite ils mettent à manger for le tombeau, comme
je l'ai dit. Ce tombeau eft orné d'une eminence de terre. Les AbafTes
donnent pour cercueils à leurs morts des troncs d'arbres creufés exprès , qu'ils
fu/pendent avec des làrmens de vigne.)
De la CREANCE ^ des COUTUMES des
NESTORIENS.
„ Il y a plufieurs Seûes de Chrétiens dans le Levant, qui portent le n om
„ (il) de Chaldécns ou Syriens ; mais les plus confîderables de ces Chaldéens
„ font ceux que nous appelions Neftoriens, qui honorent en effet (h) Neftorius
„ comme leur Patriarche, & qui l'invoquent dans leurs prieres. Cette Na-
„ tion, auffi bien que les autres Orientales, a recherché plufieuts fois de fè
„ reunir avec l'Eglife Romaine: ce qui arriva fous le Pontificat de Jules III.
„ auquel les (c) Neftoriens écrivirent, pour lui demander la confirmation
j, de réledlion qu'ils venoient de faire d'un Patriarche ; & ils le prièrent en
„ même tems de les appuyer contre une &mille qui conÊrvoit depuis long-
„ tems le Patriarchat. Ce que l'on doit remarquer, parce que les Orientaux
„ n'ont d'ordinaire recours au Pape, que pour quelque intérêt particulier. C'efl
„ aufli ce qui fait, que ces fortes de reunions n e durent pas long tems.
„ La reunion des mêmes Chaldcens Neftoriens avec l'Eglife Romaine fous
„ le Pontificat de Paul V. efl encore plus confîderable que la premiere :
„ comme les aûes de cette reunion ont été imprimés à R o m e , nous en rap-
„ porterons ici tout ce qui peut fèrvir à faire connoitre la créance de ces pell-
„ pies, en y ajoutant quelques reflexions.
„ (à) Stroza, qui a fait imprimer ces a f t e s , affirme que la Sefte des Nefto-
„ riens eft fi grande, que leur Patriarche commande à plus de trois cens mille
„ familles, dont la plupart fe font foumis au Pape par le moyen des PP.
„ Jefuites. Le Pape Clement VIII. leur donna même un Jefuite pour les
„ gouverner en qualité de Métropolitain. Jufqu'au tems de Jules III. les
„ Neftoriens n'avoient reconnu qu'un Patriarche, qui prenoit la qualité de
„ Patriarche de Babylone : mais étant arrivé de la divifion entre eux, parce
„ qu'ils ne pûrent fouffrir q u e le Patriarchat demeunît toujours dans une mê-
„ me famille : comme il s'y étoit conlêrvé depuis plus de cent ans, ainfi qu'il
, , pa-
(a) Le Neftorianifme fe repandit premieremen: en Syrie,enfuite en Clnldc'e, de Ih dans li Tartarie,
les Indes & k Chine même, comme on prétend le prouver par le fameux Monument , dont on dira
quelque chofe dans cet article des Neftoriens. V. auflî Brercwood & le P. le Brm dans fon Kemtldt Li'
txrgies &c.
(b) Patriarche de Conftantinople au commencement du V. fiecle.
(c) Ep. Neßor. ad Jul. III. ex Syr» in Latin, converfa fer u^ndr. Maf.
{d) Pet. StTSx,fi de t)ogm. Chald. Edit. Rem. i6i-j.
R E L I G I O N DES GRECS. 165
„ paroit^ des (a) lettres qu'ils écrivirent à Jules III. pour appuyer leur nou-
„ velle é k a i o n ; le Patriarchat fut auifi divife, car ce Pape leur donna pour
,, Patriarche Sniion Julacha Moine de l'Ordre de St. Pachome, qui fit fa re-
, fidence à Caremit en Mefopotamie, où il ordoima en cette qualité plufieurs
, Evêques & Archevêques. Après la mort de Simon J u l a c h a , Abdjefu, ou
, Hebedjdù, pour prononcer à la mamere des Chaldéens, f u t mis Patriarche
, en (â place. Abraham Echellenfis, qui a fait imprimer un petit Traité Sy-
, riaque d'Abdjefu, lui donne la qualité de Mctropolit.iin de Soba , d-ins la
, Préface qu'il a inife à la tête de cet Ouvrage. Il remarque que cet Hebed-
, jcfu a compofé plufieurs livres en faveur de la Religion des Neftoriens : mais
, qu'étant venu .à Rome fous Jules III. il fit abjuration du Neftorianifme.
, C'eft de lui dont il eft p.irlé dans la vie de Pie IV. fous lequel il fit un fe-
, cond voyage a R o m e , pour obtenir la confirmation de fon Patriarchat • fie
, il affirta au Concile de Trente. Comme il étoit habile h o m m e , auffi eut-
, il l'adrelfe d'attirer à l'Eglife Romaine un grand nombre de Neftoriens.
, Mais ceux qui lui fuccederent ne pûrent pas les conferver, n'ayant ni fon
, .adrelfe, ni (à capacité.
„ Ahathalla, qui étoit aufli Moine de St. Pachome, fucceda à Hebedje-
, f u , & ayant vécu fort peu de tems, il eut pour fucceffeur Denha Simon,
qui étoit auparavant Archevêque de Gelu: mais celui-ci firt contraint d'abandonner
Caremit, Se de fe retirer en la Province de Zeinalbech à l'extremité
de la Perfe, ayant été obligé de ceder à la puiflànce du Patriarche
de Babylone. Son Succcffeur, qui iè nommoit auifi Simon, refida au même
lieu : ce qui diminua beaucoup l'autorité de ce fécond Patriarche. Voilà
l'état des affaires des Neftoriens depuis Jules III. jufqu'à Paul V. fous le
Pontificat duquel Elie Patriarche de Babylone fit une reunion folemnelle avec
l'Eghiè Romaine.
„ (h Cet Elie ayant reÇÛ des préfens du Pape Paul V. & en même tems
une Formule de Foi, lui envoya quelques perfonnes de la part , pour re-
, mercier fa Sainteté, & pour ,fe foumettre entièrement à elle, reconnoiifant
l'Eglilè Romaine comme la maitreilè de toutes les autres. C'eft la Profeffion
de Foi qu'il fait dans fa (c) lettre qu'il adreffe au Pape, où il anathematife
même ceux qui ne croyent pas que l'Eghfe Romaine eft la Mere des
Eghfes. Puis il ajoute, que fon Eglife de Babylone eft différente des au-
, très Eglifes des Heretiques, qui ont multiplié les Patriarchats, fans en avoir
aucun titre, & (ans la participation de l'Eglife Romaine:au lieu que le Pa-
, triarcliat de B.lbylone a été établi par l'autorité du Siege de Rome , ainfi
. qu'il fe trouve dans leurs Annales, où il eft écrit que les PP. de l'Eglife O -
, rientale étoient ordonnés à R o m e , où ils envoyoicnt enfuite des perfonnes
, de leur part, pour obtenir la confirm.ition de leur eleâion. Mais com-
. me il arrivoit fouvent, que ceux qu'on envoyoit étoient tués en chemin,
, il fut enfin arrêté après un long tems par le Pape en fon Confeil, qu'il
, leur ordonneroit un P a t r i a r c h e , q u ' i l leur donneroit la permiffion de l'é-
, lire .à l'avenir. Voilà, dit le Patriarche Elie en la même lettre, l'origine du
, Siege Patriarchal de Babylone, que nous n'avons point ufurpé, ayant reçu
, cette dignité de l'Eglife Romaine.
„ Il
(<0 Ef. Kcfitr. 4d JhI. m.
(cj .S'irotrt I« Ptraleg.
(.d) Ep. Pmiarch. Bab^l. ad PAHI K
Sf ;
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