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mêmes exprefiîons. Mais il fuffit d'expofer cette dodrine au Icdeur afin qu'il en jdge.
Les Reformes rejettent aufli toutes les ceremonies, „ parce cjue les [a] om-
„ bres ayant pris fin, l'ulàge en doit être ôté entre les Chrétiens. " lis rejettent la
fabordination dans leMiniftere ecclefiafticjue, en déclarant, {h) que tous 'vrais
Paßeurs, en quelques lieux qu'ils foient, ont urne mme autorité ^ égale ^uifa-rice
fous un feul Chef. . . . . J . C. Sur le Sacrement de la Cene la Confeflïon s'explique
de la manicre luivante „ pour entretenir la vie fpirituelle , laquelle
„ efl: aux fidellcs. Dieu leur a envoyé un pain vif qui efl: defcendu du Ciel,
„ a favoir J . C. lequel nourrit & entretient la vie fpirituelle des fidellcs, étanc
„ mangé, ceiKi-dire, appliqué & reçu par foi en l'efpric. Pour nous figu-
3, rer ce pain fpirituel&celefle, Chrifl a ordonné un pain tcrreftre &: vifible,
„ qui eil Sacrement de fon corps, & le vin pour Sacrement de fon läng.
„ Pour nous certifier qu'auilî véritablement que nous prenons & tenons le Sa-
, , crement en nos mains, & le mangeons en nos bouches. dont puis après
, , notre vie eft fuftentée; auffi vrayementparfoi(qui cft la main & la bouche de
„ notre ame) nous recevons le vrai corps & le vrai {âng de C h r i f t . . . . en nos
, , Ames pour notre vie fpirituelle &:c. ". . . Enfuite («•) on ajoute „ nous ne
, , faillons pas en diiànt que ce qui eft mangé eft le propre & naturel corps
„ de Chrift & fon propre (àng qui eft bû, mais la maniéré par laquelle
„ nous mangeons n'elt pas la bouche, ains l'efprit par la foi Outre
„ cela, jaçoit que les Sacremens foient conjoints à a chofe fignifiée, ils ne
3, font pas toutes fois reçus de tous avec ces deux chofès. Le méchant prend,
„ bien le Sacrement à fa comdemnation, mais il ne reçoit pas la vérité
„ du Sacrement " Je ne parle point ici de ce que les Reformés
ont de commun avec les Lutheriens & en quoi ils font ég;aiemenr contraires
aux <iogmca Oc au culte do l'Eglifc l^^omauie : mais il faut iêulement dire
en palTant, que Calvin & tous ceux qui fe font attachés fcrupuleufement à ùi
do^rine, en allant plus loin que Luther dans le dogme de la Grace, fe font
aufli expofes à des difficultés très dangersulês : toute la faveur qu'on pcuE
leur faire, c'eft de dire qu'ils n'ont pas ienti les conféquences de leur dodrine,
ou qu'ils ne les admettent pas. On vient devoir qu'ils ont établi la Predeßination
éternelle : l'inamißibilite de la jußice ^ c'eft-à-dire rimpoffibilité de perdre
la grace, & la certitude du falut accompagnent nécelTairement CQtte Predeßnation
éternelle. En confcquence de ces dogmes on oppofè aux Calviniftes, que
le Baptême n'opere pas, qu'il eft feulement le feau du Chriftianifme, & même
que la Grace précédant le Baptême, il n'cft pas abfôlument néceffaire pour
étrefauvé. La Liturgie Reformée du Baptême ne paroit pass'opoferà cette doctrine
,
^uelcjue difcreti » du bien ^ dit malt '
tju'il a de^ clané fe convenir e» tenebrei
^fuind il ejî i^ucjlion de chercher Dten, tellimeni tju'il n'en peut nullement Approche.
fin. Bien (jn'it Ait me volonté', pAr la-^uelle il efl inciié à faire crci ou cela. .
bien ^tn celle ^ue Ditu lui donne. Cet article établit d'abord h liberté : l'homm
a ^uel^ue difcretio» du bien du mal-, enfuite on donne à entendre qu'il ne
enfin on déckre qu'avec fa volonté (jui efi inci/e'e à faire ceci ou cela, il n'a nul
lui donne. Dans l'Article X I I . on s'explique fur l'cleclion & fur la rcprobatio
h Confejfion des P.us-Bas. Dans l'Article X I I I . on dcclarc ^juc tout ce t]ui e'ioit
par fon intelligence c?* rat-
. . il n'a nulle Uherte' au
efl dichu p.'.r fa fune, U
•ut rien fans la grace, &
liberté (jue et le ^iie D:eu
comme l'Article X V . de
ecjuis a notre filat
fert ^ communic^ué en J . C. Or ce qui eft offert fiippofe, ce me femble, le c i i o i x , & le choix ne
va pas fans la liberté.
(rf) ConfeJJÎon Sic. ahi fup. Art. 1 5.
Ci) Paroles de l ' A r t . X X X . de la Coafefljon des Fj^lifes Reformées de France.
(c) La Confeflîon de foi des Eglifes &c. Art. X X X V I . dit „nous croyons que par la vfirtu fccrcte &
, , incomprehenfibk de fon efp; r i t , il ( J . C.) nous nourrie & vivifié de la iubftancc de Ton corps &
„ de fon fang. Art. X X X V I I . tant en la Cene qu'au Baptême Dieu nous donne réellement & en effet
„ ce qu'il y figure &c.
R E L I G I O N DES PROTESTANS. 585
trinc, à kquelle on attribue le délai du Baptême alTés ordinaire chez les Reformes.
Toutes ces difficultés ont Elit faite le raifonnement fuivant contre
hdoftrine de Calvin. (;<) Si les enEins des fiddles font dans l'Alliance & conféciucmmcnt
dans la grace avant le Baptême, toute la defcendance du fidelle doit
Itre predeflinee ; parce que qui a la .grace n'en pouvant decheoir, & la transmettant
à fcs enfans à caufe qu'ils naiflent dans l'Alliance, établit dans fa famille
une pctpctuité de falut &c. fi l'on met la reprobation au lieu de la grace,
jl y établit au contraire une perpétuité de damnation. On peut voir ce que le
Synode de Dordrech a défini fur le Décret étemel, l'éleaion gratuite & le
fllut des enfins des fidelles, c'eil-à dire des élus, f a r /« éeiiefia de l'Alliance de
grace, m laquelle ils font comp-,-is avec leurs feres & meres: on peut dis-je voit
tout cela dans l'extrait de ce Synode intitulé, (f) Jugement du Synode Natimal
tenu A Dordrech dans les Années i e i 8 & i <5 i 9 touchant les (c) cinq Articles
&c. Ce Jugement eft imprime dans un petit Recueil en l y i C & les Miniftres
des Provinces-Unies font obligés de le figner avant que de pouvoir exercer
les fondions de leur Miniflere dans le pais, ils font auffi obligés de reconnoitre
pour orthodoxe & de figner comme tel (i) tout le. Synode de Dordrech avec
la Confeliion & le Catechifme des Païs-Bas. Le Synode dreffa lui-même
le formulaire avec toutes les précautions polfibles, pour fre'venir, dit-on , à tous
les fihterfuges de quelques-mis, par lefquels ils trompent d'ordinaire les Eglifes. Je
mets l'abrégé de ce formulaire dans une («) remarque. Il fut arrêté auffi
par un article du Synode, que tous les Profeffeurs du pais figneroient en témoignage
de leur orthodoxie la dodrine établie par le Synode. Le iiicme règlement
fut fait pour tous les Reûeurs, Confolateurs des malades, Maîtres d'Ecole
&c. Le formulaire qu'ils devoient figner étoit moins long que celui qui fut
defti-
M S i p t t Hift. lies Variit. &c. L. I X . V o y . Ibid. les variations & les coMi-adiaions, qu'il reprocîie
à Calvin dans cecre doftrine.
(i) Intitulé J'fii des E g l f i Rtftrmi^s M Pm-3^., &c.
( f j Les cinq Articles des Remnntrans lut la Grace &c.
rt Pa-la f.lti'm tiS4 dn Synode.
(O ), l'^o'JS rouflignés Miniftres. . . . déclarons en confirience devant D i e u , . . . que nous avons
„ ferme croyance que tous les Articles contenus en la Confeffron & au Catechifiiie
ô:c. "enfemble les déclarations fur quelques points de ladite doétrine qui ont été fiiites par le Synode
I National convoqué i Dordrech s'accordent entièrement avec la parole de Dieu. Promettant
. . . . que nous enfeionerons ladite doélrine & la maintiendrons fidelleraent fans écrire, ou
'enrei^ner C pom" mieux s'allurer de la confcience d'une partie des frgnans, il auroit faller ajouter dr f i n i
en public ou en particulier, directement, on indireélement chofe qui y foit contiaire: comme
, auiTt que non feulement nous rejetions toutes erreurs qui y repugnent, & nommément celles qui font
" condamne« au dit Synode : mais auiTi que nous y refifterons, nous les réfuterons & aiderons ä les reooulfer.
Et au cas qu'il advint que ci après nous enfilons quelque fcrupule. ou fentiment contraire
II ä la fufdite doétiàne en aucuns points. . . . nous promettons qiae ni en public ni en fecret nous ne l'é-
" raierons ni ne le metn-ons en avant, ne le prêcherons ni ne l'écrirons, mais que premièrement nous le
" révélerons au Confiftoire, à la Clalfe S: au Synode,pour être examinés par i c e l u i " (mais il faut être
d'un coura!;c fuperieur îl toute la politique humairre pour öfer douter, ou pour ofei" reveler fi publiquement
fes fcruptrlès; & l'experience aprend trop bien qu'en matiere de Theologie propofer des difficultés, c'ell êt
ie déjà heretique. Cela s'appelle ébranler l'orthodoxie. Quand on en eft l^, il n'eft plus polTible d'effacer
l'impreffron donnée à des orthodoxes accoutumes de pourfirivre l'herefie jufques dans les points & les
Virgules.) „ N o u s ferons pi'cts, continue le formulaire, de nous foumettre toutes fois & quantes volon-
„ tairement au jugement d'icelui, i peine qu'allans au contraire nous foyons de fait fufpendus de notre
]\liniftere. Et au cas qu'en quelque tems que ce foit le Confiftoire, la Claife, ou le Synode, pour
^^ des 1-aifons de foup-çons importans, ti-ouvât à pi'opos pour l'entretenement de l'union, & pureté de
la D o d r i n e , de requérir de irons notre plus exprès fentiment & déclararion fur aucun Article de la
fufdite C o n f e f f i o n , Catechifme ou decifton du Synode,nous promettons femblablement par cette préfente
, que nous ferons toujours prêts & promts à ce faire fur les peines que delfus & c . " Le Synode
a eu la précaution d'expliquer ce dernier Article, en déclarant qu'il ne s ' y agit pas de s'expliquer felm
fe» phijîr, mais que c'eft pour mieux s'affui-er de celui qiti eft foupçonné, en exigeant de lui une nouvelle
déclaration. Je ne doute pas qu'un lecteur attentif ne faffe bien des réflexions fur ce formiK
laire.
Tome i n . Part. II. E e e c e
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