surai les dimensions (voir la partie archéologique).
Ce travail ne devait pas être unique dans cette contrée.
Je demandai au guide s’il existait quelques ruines
dans le voisinage; il me répondit qu’il y en av a itàu ne
demi-journée de marche. C’eût été chose curieuse à
visiter; mais le moyen de pénétrer dans une contrée
tellement barbare, que les Abyssins eux-mêmes osent
à peine s’y aventurer? D’ailleurs à tout moment Beurou
Lobo pouvait être détrompé sur notre compte, car,
pour ceux qui nous avaient vu s, nous n’avions rien
moins que l’aird’êtremoines.Nous passâmes donc outre,
et marchant jusqu’à la nuit, nous vînmes, très-fatigués,
camper au village de Garbou dont les habitants nous
laissèrent coucher à la belle é to ile , en dépit de notre
guide qui jetait feu et flamme ; il ne réussit qu’à nous
faire obtenir quelques vivres; mais c’était là le moindre
de nos soucis. Nous dormîmes peu, et avant le jour
nous étions debout. Deux routes pouvaient encore nous
mener à la frontière du Choa : l’une, en continuant
de suivre les plateaux, conduisait à Madjétié, principal
marché chrétien de la frontière; l’autre passait au
milieu de la v a llé e , et c’était la plus dangereuse, mais
de beaucoup la plus courte : or il nous importait d’arriver
le soir même. Nous la prîmes donc, et j ’engageai
M. Petit à changer le pas doctoral de sa mule en
un amble accéléré ; je me tins moi-même à l’arrière-
garde pour stimuler les traînards. C’est ainsi que nous
franchîmes en très-peu de temps une série de collines
b oisées, en côtoyant le ruisseau de Batâo, qui nous
mena au village de Bidersa. A Bidersa nous prîmes le pas
de course, car nous étions en plein pays galla, et personne
de nous ne savait assez bien la langue du terroir
pour substituer la diplomatie à la résistance, si les
émissaires de Beurou Lobo nous eussent rattrapés.
Nous fûmes cependant d’abord obligés de suivre la
route battue par les marchands, pour éviter plusieurs
contours de la rivière Borkenna; mais nous la quittâmes
aussitôt que possible pour prendre à travers
champ. Le soleil commençait à chauffer, les habitants
se tenaient à l’intérieur, et nous risquions peu de
chose à en être aperçus de loin, car nous avions le même
costume qu’eux.
Ces terrains devaient être d,’une extrême fertilité ;
mais de nombreux ossements d’animaux, que nous rencontrions
çà et là, nous en firent voir le revers. Notre
guide nous dit qu’en effet une épizootie cruelle y avait
régné l’année précédente, et que les hommes n’avaient
pas été plus épargnés. Il paraît que ces épidémies sont
annuelles et sévissent avec plus ou moins de force.
Nous traversâmes à midi la rivière Borkenna, dans un
endroit où l’eau montait aux genoux ; les deux berges
étaient hautes d’environ vingt pieds , et pendant les
p lu ie s, elles ne peuvent pas toujours retenir les eaux.
Nous fîmes là une halte très-courte, et nous nous dirigeâmes
vers le district de Guemza, nous disposant à y
entrer par un point où n’abordent pas ordinairement
lés étrangers ; car depuis que l’ambassade anglaise avait
excité les défiances de Sahelé Sallassé, ce prince avait
interdit l’entrée de son royaume aux Européens : il
fallait en quelque sorte y pénétrer par surprise. Nous