ARTICLES VENANT D’EU R O PE .
Draps communs. — Les bleus et rouges, mais surtout
de la dernière couleur, se vendent dans toute l’Abyssinie
et dans tous les ports de la mer Rouge : ceux-ci reçoivent
en outre des draps de moyenne qualité.
Le drap commun que l’on vend en Abyssinie est une
espèce de serge, qui peut valoir en France 3 francs le
mètre : les Abyssins l’achètent 1 thaler la coudée. Cet
article donne aussi un grand bénéfice dans les autres
ports; mais là , son cours est variable. A Djeddah, par
exemple, son prix augmente à une certaine époque de
l ’année, celle du pèlerinage; c’est à cause de cela que
le comptoir de Messoah ferait bien d’en avoir un entrepôt,
afin de le vendre en temps opportun.
Etoffes de soie communes. — Couleurs : bleu uni, jaune
uni, rouge broché, jaune broché.
Se vendent particulièrement à Gondar, les étoffes
unies, 1 thaler la coudée.
Soie écrue. (Bleue, jaune, rouge.)
C’est une soie très-commune qui serait le rebut de
la soie de France, et qu’on pourrait ainsi exporter à
plus de \ 00 pour \ 00 de bénéfice , car il s’en fait une
assez grande consommation en Abyssinie. La bleue
sert à faire les cordons qui distinguent les chrétiens des
musulmans; il n’est donc pas un seul Abyssin chrétien
qui n’en fasse usage.
Un paquet du poids de \ 0 thalers s’achète au Caire
2 thalers et demi, se vend à Messoah 3 thalers et demi,
à Adoua 5 thalers, à Gondar 6 thalers, à Ankober
8 thalers.
Les soies d’autres couleurs servent aux fabricants
d’étoffes pour tisser la bordure des toges destinées aux
gens de la haute classe.
Velours de coton rouge et bleu. — Sert à faire un vêtement
de combat : se vend 1 thaler la coudée ; mais
pour cela il faut avoir soin de cacher aux Abyssins la
lisière en coton, car j’ai vu un jour à Messoah un marchand
abyssin refuser tout à coup de conclure le marché
d’une pièce de velours qui paraissait d’abord lui
convenir parce qu’il aperçut cette lisière, et ne voulut
plus croire dès lors que ce fût la même étoffe qu’il
avait coutume de prendre.
Calicots et mousselines. —- Le calicot se vend à Messoah
à raison de douze coudées pour un thaler; il est
de qualité commune ; une partie, de fabrique anglaise,
vient par la voie de Suez; l’autre vient d’Amérique :
c’est le meilleur.
La pièce de mousseline a trente coudées; celle qui
est unie est très-grossière, et se vend à Messoah 2 th.,
la brochée en couleur vaut, suivant la finesse, de 4 à
5 thalers. Dans toute l’Abyssinie, cette mousseline
s’achète pour turban.
Verroteries. — Viennent de Venise ou de Trieste.
Si on ne pouvait les donner au même p r ix , en les tirant
de France, il faudrait les acheter au Caire. Elles
doivent être très-variées : à , cette condition c’est un
excellent article d’échanges dans les pays gallas; mais
il ne faut les porter que sur les renseignements fournis