aussi à l’ouest vers la province de Bora. Les villages en
sont toujours placés sur des rocs escarpés, pour être
mieux en garde contre les surprises des Gallas. Cette
vallée peut avoir un mille de largeur. Ma route, sur la
chaîne qui en forme le côté méridional, suivait un
ravin qui sépare la haute montagne de Debar de celle
d’Aïba. Au fond mugit un torrent toujours plein, hiver
comme été : il reçoit l’eau d’une belle cascade qui
tombe de l’un des gradins supérieurs de la montagne
de Débar, d’une hauteur d’environ 60 mètres. A droite
et à gauche, des pentes assez douces pour permettre le
labour, étaient parfaitement cultivées : mais ce climat
froid produit à peu près uniquement l’orge et quelques
légumineuses. A cet endroit la chaîne forme un petit
plateau couvert de prairies; à l’est se dessinent les
crêtes de la montagne d’Aïba; à l’ouest celles de la
montagne de Débar : celles-ci ont quelques talus étroits
où sont bâtis des villages, tantôt sur la partie plane ,
tantôt dans le ro c , qui est un grès facile à percer.
En marchant toujours au sud, je descendis dans une
plaine dont le niveau est plus élevé que celui des vallées
précédentes ; aussi il y pleut presque continuellement,
comme cela arrive sur les hautes terres d’Abyssinie,
surtout dans la partie méridionale. Le plateau que je
venais de quitter formait ici un fer à cheval qui s’élargissait
à l’ouest, et conduisait ses eaux vers la province
du Lasta. Au sortir de la plaine, j ’entrai dans une province
musulmane, celle que l’on appelle Dôba : les
cartes anglaises en désignent la population sous le
nom de nègres Dôba, je ne sais à quel titre, car
rien dans la physionomie ne la distingue des autres
Abyssins.
Je me trouvai bientôt entre une des extrémités du fer
à cheval et une montagne conique, toute couverte de
végétation. A quelqùe distance, un précipice très-
profond débouchait dans un large bassin riche en
villages. L’aspect en était ravissant. Qu’on imagine
un immense tapis vert où paissaient de nombreux
troupeaux, et qu’émaillaient de riches cultures. Les
flancs des montées environnantes étaient garnis d’arbres
d’espèces variées. Pour arriver dans ces lieux pittoresques,
je fus obligé d’escalader la montagne conique,
afin de prendre le- dos d’une arête dont la pente fût
moins rapide que celle du plateau : elle se termine en
forme de chaussée, et le village de Tsaâfti, bâti à
son extrémité, donne son nom au marché qui se
tient tous les vendredis dans la prairie environnante.
Les Gallas, les Agâos et les marchands tigréens s’y
arrêtent un jour, avant de continuer leur route pour
Sokota et les autres marchés du Lasta. A Tsaâfti, la
plaine s’abaisse comme les précédentes vers l ’ouest,
et elle est fermée à l’est par la chaîne qui borde le
pays galla. Cette province de Dôba est composée de
sept districts qui vivent en bonne intelligence, et sont
disposés à se soutenir mutuellement contre les agressions
étrangères. La seule charge qui leur soit imposée
consiste en un contingent d’hommes de guerre qu’ils
doivent fournir à Ras Ali, lorsqu’ils en sont requis.
Fidèles à la loi de Mahomet dont ils observent scrupuleusement
les meilleures pratiques, ils ont des