pal, modifient très-diversement les mobiles. Jusqu’au
point où nous en sommes arrivés, nos indications se
sont adressées à tous. Le développement commercial de
1 Abyssinie nous tient certes beaucoup à coeur, sprtout
parce que nous y voyons des bénéfices certains pour la
nation européenne qui 1 entreprendrait : mais nous y
verrions un double bienfait, si l’honneur et le profit en
revenaient à notre pays ; et c’est autant pour engager
notre gouvernement et notre commerce à prendre cette
initiative, que pour traiter la dernière partie du sujet
soumis actuellement à notre étude, que nous allons,
pour ainsi dire, spécialiser notre première hypothèse,
en supposant que la compagnie créée pour faire le
commerce d Abyssinie soit française, et, comme telle,
place dans les conditions que lui impose notre commerce
extérieur.
Le comptoir de Messoah pourrait tirer de France
une grande partie des objets d’importation, soit par
la voie de S u e z, soit par celle de Bourbon. Cependant
nous croyons cette dernière de beaucoup préférable
pour diverses raisons. D’abord, les marchandises sorties
d’entrepôt à Bourbon arriveraient à Messoah en franchise
de douane, ce qu’elles ne pourraient faire en
passant par Suez; certaines de ces marchandises jouiraient
même d’une prime d’exportation à Bourbon; il
en serait de même pour les charges de retour. Enfin,
le bâtiment qui ferait ce commerce pourrait, en combinant
sa navigation avec les moussons, échanger à
Pondichéry une partie de sa cargaison contre les produits
de cette colonie qui ont cours dans la mer Rouge,
et surtout contre les guinées, qui constituent l’objet du
plus grand commerce de ces parages. Enfin, en outre
de l’or, de l’ivoire, du musc et des riches denrées de
l’Abyssinie que le bâtiment rapporterait en entrepôt
à Bourbon, il pourrait encore se munir de quelques articles
à 1 usage de cette colonie, et surtout de mules,
dont le seul trafic peut procurer d’immenses bénéfices.
Nous parlerons tout à l’heure en détail de cette
campagne commerciale ; arrêtons-nous un instant sur
tous lès avantages qu’elle présente. Elle quadruplerait
les bénéfices d’une seule navigation, puisqu’on aurait :
10 Bénéfice sur les importations permises de Bourbon
à Pondichéry;
2° Bénéfice sur celles de Pondichéry à la mer Rouge;
3° Bénéfice sur celles de Messoah à Bourbon;
4° Bénéfice sur les marchandises d’entrepôt de Bourbon
(importation et exportation).
Mais la compagnie n’y trouverait pas seulement des
avantages à elle propres, elle procurerait un notable
mouvement commercial à nos deux colonies, en suppléant,
par des relations indirectes, aux échanges directs
qu’interdit entre elles le régime colonial prohibitif,
dont nous n’avons pas à discuter ici le mérite ni les
inconvénients, ni par conséquent à prévoir le plus,ou
moins de durée. Enfin, elle augmenterait la prospérité
du commerce d’entrepôt de Bourbon. Les toiles
de cotonnade bleue, dites guinées, provenant de Pondichéry,
sont reconnues pour les meilleures qui se fabriquent
dans l ’Inde; elles obtiennent sur tous les
marchés d’Afrique une préférence marquée; aussi