était aussi festonné. Leur teint est remarquablement
clair et leurs traits réguliers.
Le résultat de la consultation des vieillards ayant été
qu’on ne nous fournirait ni vivres ni logement, nos guides
exhalèrent leur courroux en menaces ; ce qu’enten-
dant un jeune homme, vint à nous et se chargea seul de
nous rendre les devoirs de l ’hospitalité. «Je fais cela,
nous d it-il, par pure amitié pour vous, et non par obéissance
aux ordres du r o i, qui ne m’obligent qu’à un
faible contingent. » Nous lui témoignâmes notre reconnaissance
par quelques cadeaux, et le lendemain il
vint nous accompagner jusqu’à la sortie du village en
nous souhaitant bon voyage.
Nous nous dirigions à l’ouest vers les grands sommets
d e là chaîne de Moguère, sur un plateau bombé
qui s’abaissait pour laisser couler d’un côté le Robi
Sana, et de l’autre la rivière Alettou, que nous traversâmes.
Un peu plus loin nous rencontrâmes la ville
de Diremo, d’où l’on aperçoit le bord du ravin sur le
flanc d uq u el, à environ 300 mètres plus b a s , est bâtie
la ville de Debra Libanos, ou Técla Émanout, comme
l’appellent les habitants, du nom de son fondateur.
Nous étions alors sur le territoire de la tribu Gourané.
Non loin de Dirémo nous passâmes le ruisseau de Bouté,
laissant sur notre gauche plusieurs groupes de maisons
limitrophes au district de Koura. Pendant une heure
nous marchâmes dans des champs cu ltiv é s, puis gravissant
une série de collines de roches basaltiques, nous
nous trouvâmes dans une plaine élevée, d’où nous distinguions
le revers de la chaîne de Moguère et les riches
collines qui forment sa base. Notre guide nous montrait
déjà l’habitation d’Abba Mali et le village Gue-
rare. En allongeant le pas nous aurions pu arriver dans
la soirée; mais on nous dit qu’il n’était pas chez lu i,
et qu’il ne devait y venir que le lendemain, ce qui
nous fit passer la nuit au village de Yeta, voisin de la
rivière Danissa. Forts de l ’expérience, cette fois nos
guides prirent leurs mesures pour nous faire convenablement
héberger : ils commencèrent par annoncer
l’arrivée prochaine du roi en pèlerinage à Técla Émanout,
petit mensonge qui eut les plus grands résultats.
Le lendemain était un dimanche ; nous fîmes partir nos
hommes en avant, avec le guide galla,“ pour aller nous
annoncer à Abba Mali, et nous rebroussâmes chemin
jusqu’à Debra Libanos. Le pays qui forme la rampe la
plus élevée du ravin s’appelle Dehane; on y voit une
maison du roi nommée Kataba. Un peu au sud est une
source qui s’échappe à travers un bouquet d’arbres et
tombe en cascade jusqu’au bas du précipice : elle a nom
Tabel, et on lui attribue des vertus purifiantes et mé-
dicatrices. Au-dessous de Kataba la route plonge dans
ce ravin jusqu’à Técla Émanout, qui est bâtie sur une
rampe fort étroite. Avant d’y entrer il faut passer un
petit ruisseau qui tombe en pluie des rampes supérieures,
et alimente la sainte ville , qui paraît fort
peuplée, à en juger par le nombre des maisons. Les
habitants sont astreints à en avoir une toujours en
disponibilité pour loger les pèlerins qui abondent continuellement;
aussi n’attendîmes-nous pas longtemps
en arrivant auprès de l’église. On s’empressa de nous