tité d’animaux qui y séjournent ne laisse pas à 1 herbe
le temps d’y croître. L’impôt qu’on perçoit sur tous
les marchands qui se rendent à Bollo Ouorké revient
à Ato Iérade, gendre du ro i, et l’uii des plus puissants
seigneurs du Choa. Aussi, lorsque nous arrivons
dans son village , ce seigneur nous accueille-t-il
avec toute l’affabilité et la magnificence d’un homme
qui paraît habitué à recevoir de brillants cadeaux. Sa
femme, qui, pour satisfaire au cérémonial, ne se faisait
pas voir, envoyait souvent demander si nous étions
contents de son hospitalité, et, à chaque fo is, la soubrette
chargée du message apportait quelque nouvelle
friandise préparée des mains de la princesse : c’était
Un peu de sauce au poivre rouge et au girofle, ou bien
quelque ayoli avec des lentilles; enfin, elle termina
par un morceau de beurre frais pour nous mettre sur
la tête en guise de pommade. En revanche, nous lui envoyâmes
de beaux bracelets à camée qui lui firent grand
plaisir, quoiqu’elle fût prévenue que notre or n’était
pas de bon aloi.
La grandeur coûte cher partout. Cette journée fut
plus onéreuse pour notre petite pacotille que ne l’avait
été un mois de voyage parmi les vilains : mais une foule
de torches illuminaient notre souper, l’hydromel coulait
à pleins b o rds, notre pain était blanc comme la
neige.
Nous prîmes congé d’Ato Iérade et de la fille du
roi pour nous diriger vers Angolola. A mesure que
nous approchions de cette résidence royale, nous
voyions se condenser la population et les villages. Nous
passâmes la rivière Beresa, auprès de Debra Brahane ,
maison de plaisance du roi que je ne m’arrêterai pas à
décrire. Quoique nous fussions alors très-près d’Angolola,
la vue nous en était cachée par des collines
à sommets plats, dont plusieurs étaient couvertes de
villages. Ce n’est qu’arrivés à une lieue de la ville
que nous pûmes l’apercevoir; mais elle avait fort peu
d’apparence et rien en elle qui annonçât une capitale,
si ce n est le grand concours de gens qu’on voyait sur
la route.