Arabes, qui les exploitent de la manière la plus indigne.
Au lieu de faire deux voyages par an à Messoah, ils
en feront trois ou quatre, lorsqu’ils ne seront pas obligés
de rester deux ou trois mois dans cette ville pour
terminer leurs affaires.
Il est cependant quelques marchandises, de celles
introduites frauduleusement à Messoah, qu’on ne pourra
éviter d’acheter sur place, tels sont le musc, l’or, etc.
Ainsi le mécanisme du comptoir est tout simple; le
résident reçoit les envois, accompagnés de bons motivés
par 1 agent sur 1 espèce et la quantité de la marchandise,
la vérifie, l’emmagasine, et le caissier paie.
Le résident reçoit en même temps les instructions
des agents intérieurs pour les articles en faveur sur les
marchés d’Abyssinie. Examinons donc maintenant plus
particulièrement l’office de ces agents de l’intérieur.
En Abyssinie on ne fait rien sans le concours, l’assentiment
ou l’agrément des chefs : autant l’Abyssin
se montre complaisant, empressé, serviable, quand il
vous sait dans les bonnes grâces du maître, autant il
est indifférent quand cette recommandation vous manque.
C’est donc un point essentiel de la conduite à tenir
par les agents que de se concilier les chefs avec lesquels
ils seront en contact. Or, comme en ce pays, faire
un cadeau à quelqu’un est la plus grande marque d’estime
et de considération qu’on puisse lui donner; que
c ’est un appel direct à son amitié, appel rarement méconnu,
il y aura à cet égard quelques sacrifices à faire :
il faudra toutefois user de ce moyen avec la discrétion
qui empêche de le faire regarder comme une habitude
décidément prise ; car, nous le répétons, aucun peuple,
plus que les Abyssins, n’est avide de présents. Il est
d’ailleurs d’usage parmi eux de rendre cadeau pour cadeau,
et cette réciprocité allégera toujours les frais de
la société.
Mais la protection des chefs aidera puissamment les
agents dans leur office. A leur requête ces chefs les
aideront de tout leur pouvoir (et il est absolu); ils le s%
feront mener aux endroits des grandes chasses, des
grandes productions : les marchands s ’empresseront de
réunir et de leur offrir tout ce qui sera à leur convenance.
Nous avons dit que ces agents seront placés sous les
ordres d’un agent principal, résidant à Gondar : ils
n’auront affaire qu’à lui, en recevront leurs instructions
et lui transmettront leurs rapports; suivant les besoins,
il les dirigera vers telle ou telle province. Cet agent
principal doit être investi de toute la confiance de la
société, e t , sinon associé, fortement intéressé dans
l ’entreprise. Les subalternes auront, outre des appointements
fixes, un intérêt proportionnel aux affaires
qu’ils traiteront.
11 est essentiel de ne pas épargner sur le nombre de
ces agents, et chaque progrès de l’entreprise viendra
en créer la nécessité d’un nouveau.
En attendant que les lieux de production fassent
leurs envois de la manière qui vient d’être indiquée, il
est un moyen d’y suppléer que nous recommandons
particulièrement aux agents.
Il existe en Abyssinie une classe de colporteurs qui