par l’armée de son suzerain, il battit en retraite vers
les points les plus inaccessibles du Lasta, d ou il
pouvait inquiéter son ennemi sans jamais se laisser
aborder. Ali songea à se retirer quand ses troupes
commencèrent à souffrir de la disette ; mais Marso
se fit fort de réduire Aligas Farès, si on voulait le
mettre à la tête de l ’armée, et il en fit la proposition
à Ali, lui demandant pour prix du succès le
gouvernement du Lasta. Ali, qui avait son projet, y
consentit. Grâce, en e ffe t, à ses fusiliers du Sémiène,
aussi agiles dans les montagnes que ceux du Lasta, et
beaucoup plus habiles dans le maniement des armes,
Marso força le dedjaz Farès à reculer jusque dans le
pays de Djemado, et de là chez les Raya gallas. Tout
autre ne l ’aurait pas suivi dans ce pays aride et inconnu,
et possédant une redoutable cavalerie qui paraissait
dévouée à Farès; mais Marso n avait jamais
su ce que c’était que le danger : il tint l’épée dans les
reins à son adversaire jusqu’à Zobel. Là Farès ne voulut
plus reculer et accepta la bataille , comptant beaucoup
sur la coopération des cavaliers gallas. Cette
tourbe resta immobile spectatrice du combat, et ne
s’ébranla que lorsque la victoire se fut décidée en faveur
de Marso, mais alors pour massacrer les fuyards
et participer au butin. Marso ayant combattu corps à
corps avec Farès et l’ayant fait prisonnier, se hâte
de rejoindre Ras A li, qui le reçoit avec les plus
grands témoignages de satisfaction, e t lui confère
aussitôt le gouvernement du Lasta joint à celui des
Ÿedjous. Marso est pénétré d’ardeur et de reconnaissance
; il baise la main de son seigneur, et montrant
d’un geste le pays gallaetla montagne de Zobel : «Avant
un an, d it - il, je veux que cette plaine soit chrétienne.
Je veux rétablir les anciennes limites de l’empire éthiopien
, et les Adals paieront un tribut. » Le lendemain,
Ras Ali le fait appeler dans sa tente : il y accourt sans
défiance ; mais à peine a-t-il franchi le seuil qu’on l’entoure
et qu’on l’enchaîne. 11 demande quel est son
crime : « Aucun, répond Ali, si ce n’est de m’inspirer
de la crainte; quant à de l’inimitié, je n’en ai pas, et
tu seras toujours bien traité, quoique dans les fers. »
Cependant Ali eut l’impudeur d’envoyer à Oubié un
exprès pour lui faire savoir que son frère était prisonnier.
Quoique au fond de l’âme il en fût satisfait, le
chef du Sémiène ne put s’empêcher de témoigner
le mépris que lui inspirait tant de lâcheté. La pusillanimité
du Ras passait toute borne. Pour sacrifier à la
bonne intelligence qu’il avait tant à coeur de maintenir
entre lui et Oubié, plus tard il lui envoyait, pour les
garder prisonniers, Aligas Farès et le vainqueur de
Debra Tabor, Aligas Beurou. Étrange égoïsme que
celui qui porte un homme à invoquer à son profit
le sentiment de la reconnaissance, au moment même
où il le foule aux pieds ! Mais la conduite de Ras Ali
n’était pas seulement d’une odieuse ingratitude;
elle prouvait une ineptie révoltante. Oubié n’aurait
qu’à relâcher les prisonniers ainsi confiés à sa garde
pour s’en faire un parti puissant, si jamais il voulait
renouveler contre le Ras de Gondar la tentative dont
un hasard malheureux avait pu s eu l, la première fo is ,