récente proposition d’Abba Haïlé, offrant son alliance,
à condition qu’on remettrait entre ses mains la forteresse
d’Arara.
Le débat, commencé depuis le matin, se prolongea
encore trois heures après mon arrivée. Ceux qui opinaient
pour aller combattre l’avant-garde des Ama-
réens, alléguaient pour raison que le plan adopté jusque
là pour affamer l’ennemi, n’avait conduit à autre
chose qu à la ruine de l’Enderta, puisque Oubié n’avait
jamais manqué d’approvisionnements, soit qu’il en
eût fait venir du Sémiène par le Sloa et le Ouodgérate,
soit qu’il en eut obtenu des chefs de l’Agamé ralliés à
son parti. D’ailleurs, après avoir épuisé ces provinces,
il ne manquerait pas d’exploiter celles du nord, à
moins qu’on ne les secondât dans leur résistance. Ceux
qui voulaient rester dans l’Enderta puisaient leurs raisons
dans l’animadversion du Tigré contre Balgada
Aréa, conséquence des pillages de l’année dernière :
ils prétendaient qu’il serait impossible d’y trouver
des subsistances pour une nouvelle campagne. Or,
vivre de contributions forcées dans un pays où l’on n’avait
aucune forteresse, aucun refuge en cas de revers,
c était là une position plus que précaire ; mieux valait
attendre les événements au sein d’une population amie,
dans une province où il était facile de gagner une retraite
assurée ,• soit chez les Taltals, soit chez les Azébo
Gallas.
Cependant les avis contraires furent d’accord sur ce
point de ne pas livrer la forteresse d’Arara, quoique
chacun désirât également l’adhérence d’Abba Haïlé :
mais cette forteresse pouvait seule assurer la fidélité
des Azébo Gallas dans le cas où l ’on serait forcé d’émi-
grer sur leur territoire.
Les débats se terminèrent sans qu’aucune résolution
fût p r ise , et chaque chef se retira dans sa tente. Je
restai seul avec Balgada Aréa , qui me fit remettre ce
qu’il avait pu recouvrer de nos effets. C’en était heureusement
la meilleure partie. Il me retint a souper et
fit appeler un guide pour lui donner l’ordre de me
reconduire le lendemain à Tchéleukot.
On apprit dans la soirée que le nebrid Ouelda Sal-
lassé, trahi par plusieurs des siens, avait été obligé
de se retirer devant le dedjaz Chéto, et lui avait abandonné
sa province pour venir se joindre à Balgada
Aréa. Une pareille nouvelle coupait court à toutes les
indécisions au sujet du débat de la veille. Le lendemain,
avant mon départ, la plus grande partie des
seigneurs qui se trouvaient dans le camp reçurent
l ’ordre de retourner chez eux, et d’attendre, pour se
réunir de nouveau, le moment où Oubié, à court
d’approvisionnements, serait obligé de diviser son
armée.
Balgada Aréa me fit mille amitiés en nous séparant,
et me promit de me recommander à plusieurs chefs du
Lasta de ses amis qui se trouvaient sur la route du
Choa.
Je regagnai au plus vite Tchéleukot, où m attendait
une lettre de M. Yignaud, qui me disait que notre
argent n’étant pas encore arrivé à Messoah, il avait
intention de l’attendre, et de ne nous rejoindre qu’à