d’exostoses, de syphilides, de chancres à la gorge, etc. On conçoit que
la maladie n’étant jamais traitée d’une manière convenable à ses premières
périodes, la syphilis constitutionnelle doit être très-répandue.
La phthisie n’est pas très-rare en Abyssinie, et j ’ai eu l’occasion
d’en voir un assez bon nombre de cas. Les autres affections aiguè's ou
chroniques des organes respiratoires, les bronchites, les pleurésies, les
pneumonies s’y montrent comme dans tous les climats et avec leurs
caractères ordinaires.
Parmi les maladies du tube digestif, je signalerai les dyssenteries
qui affectent parfois la forme épidémique, les gastralgies, que l’on ne
se serait guère attendu à rencontrer chez des peuples sauvages, et qui
ont été regardées par quelques auteurs comme exclusives aux petites-
maîtresses et aux constitutions détériorées par la civilisation ; ces gastralgies,
dis-je, sont très-communes en Abyssinie. J’en ai vu de nombreux
exemples chez les deux sexes, avec leurs symptômes ordinaires, boule
hystérique, ptyalisme, etc. La cause de cette maladie doit être rapportée
à l’humidité, à l’insuffisance de l’alimentation et aux jeûnes prolongés.
Je noterai encore ici la fréquence des embarras gastriques ou intestinaux,
et des phénomènes bilieux comme compliquant une foule d’affections,
et aussi les avantages des éméto-cathartiques dans ces cas.
Qu’on l’attribue à l’alimentation, à l’humidité, à l’influence héréditaire
de la syphilis constitutionnelle qui se modifie en passant des parents
aux enfants, ou à toute autre cause, le fait est que la scrofule est assez
commune en Abyssinie, et qu’elle y revêt les aspects divers sous lesquels
cette maladie s’offre à nous dans les climats que nous habitons.
Le cancer m’est également apparu attaquant suivant sa coutume les
principales glandes de l’économie, le sein, les glandes sous-maxillaires,
le testicule, etc.
J’arrive aux affections chirurgicales : déjà, dans un travail à part
(voyez à la fin du J " volume), j’ai signalé la rapidité avec laquelle guérissent
les grandes plaies pratiquées avec l’instrument tranchant, même
quand il y a perte de substance ; par contre, je dois noter les accidents
nombreux qui entravent la guérison des plaies contuses et des simples
écorchures.
A. Les moindres écorchures, surtout aux extrémités inférieures, se
ferment très-difficilement: elles s’irritent, s’enflamment, s’entourent
d’un auréole d’une rouge vif, accompagnée très-souvent dé boursouflement
des bords dé la petite plaie; le fond sécrète une sérosité roussâtrê
très-âcre, qui se concrète en forme de croûte, et sous laquelle l’écor-
chure creuse et tend à se convertir en ulcère. La tuméfaction environnante
s’étend parfois assez loin, et le malade éprouve dans toute la partie
lésée, une cuisson et un sentiment de brûlure très-vif. Le moyen qui
m’a le mieux réussi contre ces blessures si légères en apparence, c’est
la solution d’acétate de plomb opiacée et appliquée au moyen de compresses.
Les bandelettes de diachylon que j ’avais d’abord essayées, n’eurent
aucun effet : au contraire, la plaie se creusait au-dessous d’elles, et
les cuissons et les tuméfactions devenaient plus considérables.
B. Quand il y a contusion proprement dite avec déchirure des tissus,
comme il résulte par exemple d’un coup de pierre, blessure très-fréquente
dans le pays, les désordres sontbien plus considérables. La plaie
tend à se transformer en ulcère ; l’irritation s’étendant à l’os voisin, en
détermine la carie ; il se forme alors de petits abcès dans les alentours et
des fistules qui jettent incessamment une sérosité sanieuse, indice de
l’altération de l’os. D’autres fois il se forme des gonflements du périoste ;
enfin, dans d’autres cas, si l’os est superficiel et qu’il ait participé à la
contusion, il ne tarde pas à se nécroser dans ses lames les plus extérieures
, et la guérison se fait attendre jusqu’à la chute des feuillets nécrosés.
Dans les cas de ce genre que j’ai observés en si grand nombre
dans le camp d’Oubié, j’ai toujours eu beaucoup de peine à obtenir la
cicatrisation : il m’a fallu inciser ou dilater le trajet Bstuleux, y injecter
diverses solutions astringentes et opiacées, qui réussissent très-bien
dans ces contrées; détacher et enlever les esquilles, etc. Lorsque l’inflammation
était assez vive, je me trouvais très-bien des cataplasmes continués
au début pendant quelques jours. Enfin je détruisais assez facilement
les fongosités qui souvent s’élevaient de ces blessures en lès saupoudrant
avec de l’acétate de plomb pulvérisé.
Une circonstance commune à toutes ces plaies, c’est la mauvaise nature
de la suppuration qui, au lieu d’être crémeuse et bien liée, est au
contraire séreuse et d’un jaune rougeâtre.
Les plaies par armes à feu participent nécessairement à tous les inconvénients
que nous avons reconnus aux plaies contuses, et le hasard
nous a mis à même d’en observer une assez grande quantité. Lorsque
nous arrivâmes à Adoa, la lutte de Cassaye contre Oübié venait d’être
terminée, et elle continuait encore entre le dernier et l’intrépide Guébra
Baphaël. J’eus donc occasion de voir un très-grand nombre de blessures :
dans la plupart des cas, les balles étaient restées dans les tissus, et la :