habitants sur votre compte ; plusieurs seraient assez
disposés à vous piller, lorsque vous sortirez de la
ville; mais ils ignorent le jour de votre départ, et n’oseraient
vous attaquer, à moins d’être fort nombreux,
car ils redoutent vos fusils. Ainsi donc, puisque vous
êtes résolus à partir, faites-le promptement, avant que
le bruit s’en répande : m o i-m êm e je vous conduirai
hors du district. Quand vous serez là, vous n’aurez plus
rien à craindre, pourvu que vous ne séjourniez pas
longtemps dans le même endroit ; car les habitants sont
pour la plupart cultivateurs; chaque matin ils se dispersent
dans leurs champs, et vous aurez toujours le
temps de traverser un district avant qu’on se soit
concerté pour vous attaquer. »
Nous reçûmes ces avis avec reconnaissance. Notre
hôte était véritablement un homme très-distingué, qui
eut la m odestie et le bon goût de nous cacher, jusqu’au
moment de notre départ, sa parenté avec Aligas Farès.
Nous parvînmes à lui faire accepter nos présents, et
nous nous mîmes en route sous sa conduite.
CHAPITRE TRENTE ET UNIÈME.
SOMMAIRE.
Vue prise de la montagne de Goubardjia. — Rencontre de deu x habitons
du Choa ; nous faisons route avec eux. — Musulmans de Ouaré
Kallo. — Une querelle dans notre camp. — Sirba. — Je manque de
me perdre dans une fondrière. — Berberi Ouaha, source thermale.—
Le moufti de Ouarteille. — Arrivée au lac Aïk. Passage à l’île Ne-
goudgoade. — Nous transportons notre station à Estelna. — Ruines
douteuses. — Départ précipité. - Bonne hospitalité. — Cossaro. —
Vue de la vallée Ouaré Kallo. — Stratagème pour éviter Beurou Lobo.
— La rivière Borkenna. — Imprudence. — Nous sommes poursuivis
par le s Gallas. — Arrivée à temps à la frontière du Choa.
Au sortir de Oualdia, nous traversâmes deux fois le
ruisseau de Chélé, qui coule vers l’est en serpentant.
Après une heure de marche, nous déposâmes nos bagages
dans un hameau du district de Goubal Afto, et
nous nous mîmes a gravir la montagne de Goubardjia,
qui est élevée de 500 mètres au-dessus du ruisseau de
Chélé. Le sommet est un plateau boisé où l’on trouve des
genévriers qui atteignent jusqu’à 30 mètres de hauteur;
nous en yîmes plusieurs qui étaient entièrement
dépouillés de leurs feuilles, et carbonisés de la cime
jusqu’au p ied , probablement par l’action d elà foudre.
Ce plateau est assez riche en cultures et en villages.