cher dans une des auberges qui en forment les faubourgs,
et offrent des logements aux nombreux pèlerins
qui viennent visiter la Mecque.
Le lendemain 8 septembre, j ’entrai de bonne heure
dans la ville et fus me loger dans un caravansérail,
en compagnie d’une foule de pèlerins. Le lendemain
ma barque entrait dans le port : en allant y chercher mes
effets, je visitai en même temps les bâtiments en partance
pour Suez, et j ’arrêtai ma place sur un beugala
de 200 tonneaux, qui appartenait à Méhémet Ali. Ce
bâtiment devait partir dans huit jours. Je passai ces
jours d’attente à faire quelques observations. Je fréquentai
aussi les cafés qui étaient, à cette époque,
encombrés de pèlerins de races et de costumes variés.
Généralement un conteur occupait leur attention par
des histoires qui roulaient le plus souvent sur la critique
des cadis, dont la ju stice, à ce qu’il ,paraît, n’est
guère plus infaillible que celle d’Europe.
Nous appareillâmes le 16 septembre, et c’est toujours
en louvoyant contre les vents N. 0 . quenousattei-
gn îm e s, le 2 3 , la baie de Rabeugh , où viennent aborder
tous les caboteurs : on y trouve de l’e a u , des dattes
excellentes et quelques autres comestibles. Le 2 7 ,
nous mouillâmes dans le port de Iembo, et n’en ressortîmes
que le 3 0 ; car le 29 était un vendredi, et l’usage
musulman interdit de partir ce jour-là. Cependant la
brise soufflait du S. E. : c’est peut-être le seul jour de
vent favorable que nous ayons eu dans notre navigation.
Le 3 octobre, nous jetâmes l’ancre dans le port de
Wouche ; nous y trouvâmes quatre grandes barques
comme la nôtre, et sept petites barques de pèlerins.
Ce mouillage est un des meilleurs de la côte d’Arabie;
les caboteurs y renouvellent leurs provisions, et y
trouvent de l’eau douce, qui est chose fort rare. Les
vents contraires nous retenant dans le p o r t, je profitai
de cette circonstance pour aller visiter, à quatre
lieues de distance, auprès des puits qui alimentent
la v ille , une forteresse carrée, flanquée de tourelles
en pierre de taille : elle a été construite par ordre du
sultan Sélim.
On voit autour des puits quelques petits jardinets
plantés de dattiers, de tamariniers, de citronniers, de
jujubiers; il n’y a , en fait de légumes, que des aubergines
et quelques pastèques. Cette végétation ne peut
être entretenue qu’en l’arrosant continuellement; car
les pluies sont très-rares sur cette côte; mais lorsqu’elles
tombent, c’est avec une telle abondance,
qu’elles forment alors des torrents impétueux qui balayent
la plaine et font courir de grands dangers aux
voyageurs.
Nous appareillâmes le 7 avec neuf autres barques,
toujours par la brise de N. 0 . , et après six jours
d’une navigation contrariée par ce vent contraire,
nous jetâmes l’ancre dans la rade appelée Cherme-Ras-
Mohammed.
La plage est parsemée de silex en rognon, et le sable
d e là côte se compose de débris de roches amygda-
loïdes. La plaine qui fait suite au rivage est un terrain
de grès calcaire, coloré par de l’oxyde de fer; on
trouve çà et là des blocs silico-argileux. Nous aperce