jaune ou rouge, quelques indiennes, calicots, mousse
lin e s, petite quantité d’étoffes de soie, draps rouges
écarlates venant d’Angleterre.
La plupart de ces marchandises sont à l’usage de
l’Abyssinie et sont prises à Mossoah par les caravanes,
qui viennent y apporter tous les articles d’exportation,
consistant en or, ivoire, café, musc, cire, cuirs, cornes
de rhinocéros, d’hippopotame, d’antilope et de
buffle, suif, pelleterie, plumes d’autruche, écailles de
tortue, mules, gomme, myrrhe, séné, coloquinte,
perles. Dans le chapitre suivant, nous examinons avec
soin chacun de ces articles qui ont cours sur le marché
de Messoah, tant ceux d’importation que d’exportation,
et nous y joignons quelques tableaux synoptiques de
la nature et du prix des marchandises d’Europe qui se
vendent le mieux sur ce marché.
Les deux plus grands parcours des caravanes de
marchands abyssins vont de Gondar, point central, à
Messoah et au Caire par le Sennaar. Ces caravanes se
forment à tous les moments de l’année, mais elles sont
plus considérables à deux époques , dans le mois de
janvier, après la fin des p luies, et dans celui de ju in ,
précédemment à la crue des eaux. Avant de se mettre
en marche, chaque caravane élit pour chef celui des
siens qui est le plus riche et le plus capable. Celui-là
seul est chargé de payer les droits de douane pour tous,
et répartit ensuite la taxe, qui varie suivant les lieux de
passage, au prorata de la propriété de chacun. Il est à
remarquer que les marchandises ne sont jamais visitées
dans quelque endroit que ce soit : cette façon de procéder
offre aux négociants abyssins un avantage auquel
ils semblent tenir beaucoup, celui de ne laisser jamais
voir ce qu’ils ont; mais elle engendre de grands inconvénients
par les retards qu’occasionnent les débats sur la
quotité de la taxe. Ce n’est pas qu’il n’y ait en général
de règles assez fixes pour la déterminer; mais les
marchands soustraient ce qu’ils peuvent aux douaniers.
C’est surtout sur le musc et l’or que la fraude
s’exerce; les autres marchandises n’étant jamais renfermées
dans des ca isses, mais disposées en ballots
sur les mules, peuvent toujours être estimées d’une
manière très-approximative. De part et d’autre, la ténacité
est des plus grandes, et souvent la question reste
en suspens pendant plus de deux m o is, si le fisc n’a
pas trop besoin de son argent, et si la localité n’entraîne
pas les marchands dans des dépenses trop considérables.
Arrivée à Messoah, la caravane paie toujours un
droit de 10 pour 100. Les Européens qui feraient ce
commerce auraient l’avantage de n’être taxés que de 5
pour 100, en vertu du traité conclu avec la Porte.
Quand les marchands se sont défaits de leurs articles
et ont acheté ceux du retour, la caravane se réunit
de nouveau à Dixan, sur le plateau éthiopien. Elle ne
rentre pas tout entière à Gondar; une partie se dirige
vers la frontière orientale, qui comprend l’Agâmé,
l’Enderta, le Lasta, l’Yedjou, le Téouladéré, le Ouaré
Kallo. Quoique cette dernière province soit à la frontière
du Choa, plusieurs de ses marchands, au lieu de
se rendre à Tedjoura, préfèrent venir à Messoah par la