Ninon , sa jambe fine et entourée coquettement d’un
cercle en argent, formaient un ensemble fort digne
d’attention.
La pluie fit trêve à nos remarques, et nous obligea
a nous réfugier dans la cahute qui nous était destinée.
Il plut jusqu’au lendemain à huit heures du matin.
Quand le temps se fut éclairci, nous nous remîmes
en route, et en une demi-heure nous fûmes dans le
district d’Émery, à petite distance du ravin de la
Djemma; de là nous apercevions la province de Te-
goulet. Après deux heures de marche, nous entrâmes
dans le district de Djirou, passant successivement à
côté des villages Ona, Kersa, Dobi, Cossaé. Nous nous
arrêtâmes dans ce dernier pour prendre la hauteur
méridienne du soleil. A trois heures nous étions au village
de Tatera, au bord du ravin de la Djemma. Le
fond de ce ravin est formé de grès rouge disposé par
grandes masses horizontales, au-dessus de ce grès sont
des roches primitives à divers degrés de décomposition,
et supérieurement à celles-ci, des trachytes et des basaltes.
Nous descendîmes l’escarpement, et vînmes passer
la nuit dans un village appelé Chema, situé à la hauteur
du ta lu s, sur une arête de la chaîne. Ce village repose
sur des siénites porphyriques ; les abords en sont escarpés
et propres à soutenir une attaque de cavaliers
gàllas. A peine étions-nous arrivés que deux improvisateurs
vinrent nous offrir leur musique et le spectacle
de leurs danses. Tous deux étaient Gallas, mais
l’un converti au christianisme; de là grande émulation
entre eux : le chrétien regardait son collègue avec un
souverain mépris, et il crut avoir sujet de se plaindre
de ce que nous lé traitions sur le pied d’une parfaite
égalité avec le Galla non converti.
Le lendemain, à sept heures du matin, nous descendîmes
par une pente peu rapide à la rivière qui réunit
presque tous les cours d’eau du Choa. Cinq cents pieds
avant d arriver au bas de la descentè, la végétation des
arbres commence à être active, et sur les bords de la
riviere, je remarquai les espèces suivantes : le mimose,
le cotonnier, le figuier, le sycomore, le jujubier, le
bagnaudier, le-ricin, le ouanza, etc. Nous en suivîmes
pendant quelque temps le lit , qui est formé de cailloux
roulés, et nous passâmes la journée à chercher
des hippopotames : nous en vîmes deux sortir seulement
la tête de l’eau, et plonger aussitôt, et nous
attendîmes vainement tout le reste du jour que cette
occasion se renouvelât. Le soir, nous vînmes camper
vis-à-vis la montagne de Dôba, dont la population
n a jamais pu être soumise, et vit au milieu des états
de Sahelé Sallassé sans lui payer aucun tribut.
Nous nous promenâmes encore inutilement le dimanche
5 mars; nous ne vîmes pas l’ombre d’un hippopotame.
Fatigués de courir sans résultats dans le lit
d’une rivière dont les bords masquent la vue de tous
côtés, je pris congé de M. Rochet le lendemain, et je remontai
sur le plateau, en suivant une des arêtes de la
montagne. A mi-côte, j ’atteignis le village de Zéguié,
qui est bien peuplé, et se trouve placé au pied d’un pic
de soulèvement, dont la roche est un schiste micacé
à stfates relevés perpendiculairement.
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