et j’atteignis le marché de Débarek, où je fis une halte.
De là je descendis la montagne de Lamalmom, qui
termine le plateau par un escarpement abrupt, et du
haut de laquelle on aperçoit une partie du Sémiène ,
le Ouolkaïte et le Tagadé. Avant de parvenir aux
basses terres, on trouve un large gradin appelé De-
beubaheur : c’est là que je passai la nuit.
Le lendemain, après trois heures de route, je vins
m’arrêter sur les bords de la rivière Zarima, dont la
source est à Kanredja, ville du Sémiène, que j ’avais
aperçue le matin. La Zarima est un confluent du Tac-
cazé. Dans les montagnes qui bordent sa rive droite,
je trouvai un col étroit qui servait de poste à la douane,
et que l’on nomme Tchâo-beur. Au pied du revers
de ces montagnes est la rivière Enzo, qui se réunit
au Zarima : on la traverse en hiver sur un pont de
bois. J’eus encore plusieurs collines à franchir avant
d’arriver à la rivière Bouéia ; je montai ensuite au pays
de Lahène, d’où l’on v o it , au nord 50° est, le pic d’A-
leunko, dans le pays d’Addo Séné. Je sortis du pays
de Lahène , en longeant le flanc des collines sur lesquelles
sont bâtis les villages de ce district, et après
deux heures de marche, je passai la rivière Ansia, dont
la source est à Soana, autre ville du Sémiène. Son courant
est très-rapide. Je vins, sur le bord opposé, à un
second poste de douane, au village de Maye Téclite, situé
sur un petit plateau. C’est aussi un lieu ordinaire de
halte pour les caravanes; au bas est une vallée fertile, arrosée.
par la rivière Gouiha. Je passai ensuite le ruisseau
et la prairie de Maye Lahame, laissant sur ma gauche une
plaine plus basse appelée Beraki Méda. A cette prairie
succédèrent des collines élevées, d’où je pus apercevoir
très-distinctement la ville de Maye Talo. J’en
descendis pour arriver dans une belle plaine arrosée
par le ruisseau de Maye Kessate; j ’y remarquai une
grande quantité de roseaux de l ’espèce des bambous.
Une nombreuse caravane y était campée : elle était
divisée en deux camps bien distincts, quoique vivant
dans la meilleure intelligence, le camp des chrétiens
et celui des musulmans. Dans le premier, je rencontrai
Agâo Derès, ce négociant d’Adoua dont j ’ai déjà
eu occasion de parler, chez qui je logeais quand je
demeurais dans cette v ille , et qui fut toujours pour
moi un véritable ami ; aussi mon arrivée fut-elle fêtée
avec une joie bien sincère, et force cruches d’hydromel
se vidèrent à mon intention ! A peine étais-je
rentré sous ma tente que mon digne ami m’envoyait
une de ses servantes avec de l’eau chaude pour me laver
les pieds : toutes les autres prévenances de la plus
exquise politesse suivirent celle-là.
Le soir v en u , lorsque les chevaux et les mules, de
retour du pâturage, eurent été attachés, lorsque tous
les travaux du service eurent été finis, les domestiques
se livrèrent à des jeux et des danses qui durèrent
une partie de la nuit. Tous les Tigréens venaient
féliciter mes gens, leurs compatriotes, et témoignaient
une grande envie de connaître leurs aventures ; ceux-
ci interrogeaient les autres sur leurs familles, et sur
les événements survenus pendant leur absence. Durant
notre séjour dans le Choa, mille contes avaient