Mekamat Aroa, défendue par quelques partisans de
GuébraRafaël.Elle étaitforméededeuxblocs, détachés
du flanc de la montagne, qui ont leurs sommets plats
à son niveau, et dont le pied se termine en lame de
couteau, de manière qu’on les croirait devoir être renversés
par le moindre vent. Les habitants avaient bati
sur le sommet, et tout autour du bloc, de petites murailles
crénelées qui couvraient les fu siliers, dont le feu
plongeait dans toutes les directions. Entre le bloc et
la montagne un parc avait été construit pour les bestiaux.
Cette position eût été inexpugnable en étant
bien approvisionnée ; mais malheureusement pour
elle, Balgada Aréa avait choisi le moment où elle manquait
d’eau, ce qui détermina la garnison à capituler.
Elle sortit de la place avec armes et bagages, et s’enrôla
immédiatement sous la bannière du vainqueur. Ce siège
ne coûta la vie qu’à un seul homme de l’armée, assiégeante;
en voulant pénétrer dans la place il reçut une
balle qui lui brisa le crâne. 11 survécut sept ou huit
jours à cette blessure, et encore je pense qu’un chirurgien
habile eût pu le sauver.
Après cette expédition nous retournâmes à Aouza,
où nous restâmes encore trois jours, et de là nous
vînmes camper au village d’Addé Kaoué, qui n’en est
distant que d’une lieue; Le 25 m a i, en quittant Addé
Kaoué, nous passâmes le col de Dengollo, près du
village de Kâlehabelé, dont Oubié a laissé l’usufruit
au dedjaz Cassaye, pour tout le temps que durerait
son emprisonnement. Les pays environnants sont accidentés
de petites chaînes de collines,, qui ondulent parallèlement
à la bordure du plateau de l’Agamé. Ces
collines sont extrêmement boisées; l’arbre le plus commun
y est le mimose à gomme; quelques parties sont
cependant desséchées; des villages se sont élevés dans
ces endroits, mais ils disparaissent au m ilieu des arbres,
et on dirait toute cette contrée déserte. On prétendait
que sous le règne du ras Ouelda Sallassé, non-seulement
tous ces bois n’existaient p a s , mais qu’à leur
place étaient tant de terrains ensemencés, que les
bestiaux ne pouvaient y trouver leur nourriture. La
végétation des plantes épineuses est tellement active
Afrique, qu il suffit d’abandonner à elle-même une
terre pendant deux an s, pour qu’elle soit entièrement
recouverte de mimoses ou de jasmins.
Nous gravîmes le plateau d’Agamé par un chemin
frayé, mais très-roide, que nous ne fîmes pas en moins
de trois heures. Nous remontâmes alors le courant d’un
ruisseau dont la direction est S. 0 . , et nous campâmes
au bout d’une heure sur ses rives, auprès d’un village,
à deux lieues d’Atèbidera.
Le but de Balgada Aréa, en venant à Atebidera, était
de s emparer de deux chefs qui, depuis quelque temps,
dévastaient les alentours, et quand ils étaient gorgés
de butin,allaient se réfugier dans la ville-asile. A peine
ces bandits eurent-ils appris son arrivée, q ue , ne se
trouvant plus en sûreté dans la ville, ils entrèrent dans
1 enceinte de l’église. Balgada Aréa demanda leur expulsion
à l’alaka, chef du couvent, alléguant qu’aux
termes des règlements, le bénéfice de l’asile ne devait
etre accordé qu’une seule fois aux mêmes personnes, et