procession de gens chargés de grain et de toutes sortes
de provisions. Des bestiaux, il n’y en avait point; car
les habitants en abandonnant leurs maisons les avaient
emmenés.
La vallée d'Agoddi débouche d un côté dans l lln-
ramat, et de l'autre dans l'Agamé; elle se croise
avec la route d'Adigrate, vers Illum in â t, elle est
terminée par une montagne, dont la base recèle
une caverne convenablement disposée pour soutenir
un siège de quelques jours. Belata Gabrioud, ancien
allié de Balgada Aréa qui avait passé au parti d Oubié,
s v tenait renfermé avec beaucoup de monde, et fit
mine de vouloir combattre; il rangea ses troupes en
bataille dans une plaine qui faisait face à la caverne ;
mais à peine eut -il vu paraître les premiers bataillons de
Balgada Aréa, qu’il rentra au plus vite et n osa plus se
montrer. Le même soir il entra en pourparlers, et le lendemain
un accord fut conclu. Belata Gabrioud s engageait
à fournir sur-le-champ une certaine quantité de bétail
et de grain, et à se soumettre au bout d’un mois, si
Oubié n’était pas alors maître du pays. « Mon seul motif
de résistance, » d isa it-il, « est dans la crainte que
vous ne soyez vaincu , et qu'après votre d éfaite, ma
famille et moi ne soyons exposés à la vengeance du
vainqueur.» En attendant , il devait garder une neutralité
parfaite.
Nous quittâmes ensuite Agoddi pour entrer en pays
ami. Non-seulement alors le pillage cessa, mais encore
on évitait de passer sur les champs ensemencés. Je
n avais donc plus besoin d’escorte, et je quittai 1 armée
pour arriver plu» vite chez me# ami#. Je fi#
ma première étape jusqu’à Aouza, et ma deuxième
jusqu'au village d’Aréna, au bord du plateau de Koui -
haine Tchéleukot. De là je traversai la vallée de Faleg-
durô, le» districts d’Egréomber, Chepti, Makélié El-
kèÎe, et j’arrivai à Tchéleukot, où je reçus l’hospitalité
chez Ato Nagaro, un ami de M. Petit.
Mon hôte, au temps du ras Ouelda Sallassé, avait
compté parmi les plus puissants seigneurs du lig r é . Il
me dit avoir connu à cette époque le voyageur anglais
Sait, et depuis lors, il avait toujours professé
pour les Européens la plus grande admiration. Ce sentiment
était poussé chez lui jusqu’au point de lui faire
désirer que son pays tombât au pouvoir d’un roi Franc,
qui y ramènerait l’ordre et la prospérité, chose qu’il
n’était pas permis d’espérer, disait-il, des princes éthiopiens.
Cette manière de voir trouvait du reste son explication
dans les mauvais traitements qu Ato Nagaro
avait eu à subir des gouverneurs tigréens, depuis la
mort du ras OueldaSellassé; tous lavaient dépouillé,
même Aréa, son parent, dont il aurait plutôt dû attendre
aide et protection.
Quelques travaux me retenaient encore dans les environs
deTcheleukot; mais, impatient autant que mes
amis de nous voir réunis, je me hâtai de leur envoyer un
domestique avec une lettre, pour les engager à venir
me trouver.
Dans la soirée, pendant que je causais avec Ato Nagaro,
je reçus la visite d ’un Arménien, n om m é Nazaret.
C’était un ouvrier venu en Abyssmie pour y faire for