de celles précédemment émises sur ce sujet, nous expose
à des redites, c’est qu’il est des faits qui portent
en eux-mêmes une signification si évidente, si incontestable,
que quiconque veut en exposer la trame, est
réduit à n’en faire saillir que l’enchaînement logique.
Nous n’avons pas le dessein de rappeler les diverses
phases de la question d’Orient; elles sont présentes à
l’esprit de tout le monde. La véritable difficulté qu’il
y a à trancher le noeud d’une discussion diplomatique,
c ’est que les raisons données pour ou contre sont ordinairement
puisées dans d’autres intérêts que ceux
mis en présence, et que la solution doit être guidée sur
des motifs qui n’interviennent pas directement dans
le débat. 11 en est ainsi du reste, dans la majeure partie
des transactions humaines. D’ailleurs, pour les nations
comme pour les individus, certains mobiles sont si impérieux,
qu’on ne p eut, en aucun ca s, et quel que
contraire que soit l ’apparence, lés en supposer détachés.
Évidemment, le but avoué de ce fameux traité de
1840, qui dépossédait Mehémet A li, n’était qu’un premier
pas vers un autre dont on évitait soigneusement
de parler : mais s’il est curieux, dans un système politique
comme celui de l’Europe, que chaque partie importante
entende l’équilibre par sa prépondérance absolue,
il ne l’a été que davantage, dans le cas dont il
s’agit, de voir s’accorder en un point des puissances
qui y avaient continuellement eu des intérêts rivaux ;
et personne ne pourrait l’expliquer, autrement que par
de mutuelles concessions, que les événements de Syrie
étaient justement venus favoriser, en permettant, pour
ainsi dire, à chaque intérêt de se localiser. Aussi, pour
tout esprit sensé, l’intention hautement annoncée de
régler définitivement les conditions d’existence de l’empire
ottoman, dissimulait bien mal l’attraction d’une
puissance, vers le Bosphore, et celle de l’autre vers
l’isthme de Suez. La question politique e s t, nous le
croyons, définitivement jugée. Ce qu’il y avait de déplorable
dans ces arrangements, conclus en vue d’avantages
particuliers, c’était la complète méprise, sinon
le profond ou b li, dont étaient victimes les intérêts de
la civilisation et des peuples riverains de la mer
Rouge. Mais là France, à qui l’on ne saurait reprocher
que d’être intervenue un peu tard dans ce tournoi
diplomatique, sut au moins y mettre des restrictions
qui en conjuraient en partie les pernicieux effets.
La France depuis longtemps est habituée à stipuler
pour l’humanité tout entière, et cette fois-ci,
elle a rempli son rôle avec un désintéressement qui
ajoute encore à son honneur. S’il est à regretter que
l’Angleterre se soit associée à cette oeuvre incontestablement
rétrograde, ce n’est pas qu’il soit permis
de lui adresser un reproche pour vouloir s’assurer le
passage de l’isthme de Suez et la prépondérance absolue
dans la mer Rouge; car l’intérêt de sa puissance
vacillante dans l’Inde fait de cette ambition un devoir
qui touche de bien près à l’instinct de la conservation :
nous ne blâmons que les moyens employés. Sans nul
doute encore, au moment opportun, il serait plus facile
d’arracher les'points convoités aux mains débiles du sultan,
qu’à l’énergie du vieux pacha d’Égypte, et peut