causer l’insuccès. Et nous savons que le chef du Sé-
miène y songe sérieusement à l’heure qu’il est.
Quant à nous, il nous fallait abandonner toute idée
de traverser la plaine Raya; une fois engagés, nous
n’en serions p eu t-ê tr e jamais sortis, quoique nous
fussions encore recommandés par le souvenir de 1 ex-
gouverneur du Lasta. Comme il eut été impossible de
trouver une route sans dangers, nous choisîmes la
moins aventureuse, celle qui conduisait à Djémado, le
pays du soldat d’AligasFarès.
Avant de nous mettre en route, nous allâmes, M. Petit
et m o i, visiter quelques ruines qui se trouvent à 1 extrémité
du Dourguerare. Elles paraissent fort ancienn
e s, mais aucune inscription n’en précise la date.
Cependant on v o it, d’après le dessin que nous en produisons
, que le chapiteau des pilastres doit appartenir
à l’époque byzantine, celle des grandes migrations
grecques en Abyssinie. Avec les pilastres se trouvaient
quelques autres pierres taillées en forme de dalles.
Sans doute que l’on aurait pu encore découvrir quelques
autres débris, qui eussent servi à reconnaître complètement
ce monument; mais pour cela il eut fallu
déblayer, et les superstitions du pays nous en empêchaient.
Si quelqu’u n , voyageant après nous dans cette contrée,
désirait voir ces ruines et se livrer à un examen
plus détaillé que nous n avions alors le loisir de le faire,
il les retrouverait au sud du Dourguerare, à une distance
du lac d’environ cinquante p a s , au milieu d un
bouquet d’arbustes qui les cache à la vue.
Le lendemain j’allai aussi tracer le plan du petit
Achangui, nommé en Abyssinie Goual Achangui. C’est
plutôt un marais qu’un lac; en général, il n’a guère
que 1 mètre 30 centimètres de profondeur; mais il
est alimenté par une source, qui en sort ruisseau , et
arrose les prairies environnantes. Il y à une église dans
le voisinage du Goual Achangui, car la population du
Ouofela est chrétienne ; aussi plusieurs habitants qui
s’étaient rassemblés autour de moi pour me regarder
faire mes relèvements , ayant demandé à mes domestiques
qui j’é ta is , et c e ü x -c i, suivant le thème qu’ils
avaient accoutumé de prendre pour se faire donner
quelques pots de b iè r e , ayant répondu que j ’étais un
parent de l’abouné , je vis mes paysans se prosterner à
mes pieds et solliciter ma bénédiction. En les avertissant
qu’on les avait trompés, je les engageai à se relever;
mais les désabuser n’était pas chose fac ile, et ils
ne voulaient pas démordre de la bénédiction. Mes gens
leur dirent qu’il fallait, pour l’obtenir, quelques cruches
d'hydromel ; ils commencèrent alors à faire la
sourde oreille ; p u is, aux reproches que méritait leur
ataricé, ils Répondirent humblement que leur demeure
était éloignée; bref, ils parurent très-peinés de ne pas
être b én is , mais pas plus que mes domestiques de ne
pas boire.
Nous quittâmes le village d’Adde Golo le 5 janvier,
en compagnie de notre guide. Nous prîmes la direction
sud 10° est, qui nous fît traverser la plaine du petit
Achangui, et au bout d’une heure nous avions atteint
la base d’une haute chaîne, qui forme le versant sud