nèrent M. Dégoutin à débarquer et à continuer sa route
par terré. Ouend Ouassan le suivit pieds nus pendant
quinze jours par un chemin caillouteux; il portait l’eau
de M. Dégoutin, qui allait à mule, et encore celui-ci
venant à tomber malade dans le désert, le couiageux
Ouend Ouassan le soutint et l’empecha d y rester. Mais
à Suez il était exténué; il demanda à M. Dégoutin de
lui louer un chameau, et essuya un refus. Force lui
fut donc d’aller encore à pied ; mais il tomba à m i-
chemin du Caire, sans pouvoir se relever. M. Dégoutin
continua sa route. Des Arabes recueillirent le pauvre
Abyssin, et c’est eux qui lui fournirent les moyens de
revenir au Caire. Depuis trois mois qu’il y était il vivait
de la charité de quelques musulmans en attendant
qu’on lui payât ses gages; ce qui n eut certes pas eu
lieu si je ne fusse venu.
Je ne dirai rien de ma traversée du Caire à Alexandrie.
J’arrivai dans cette ville le 29 novembre, et m’embarquai
le 1er janvier sur le paquebot de Syrie, d’ou
je gagnai Marseille en quatorze jours.
NOTES.
Notes médicales du docteur A. P e t i t , mises en ordre par son
ami le docteur B e a u g ra n d .
MESSO AH.
La topographie de Messoah suffit pour faire deviner, a priori, que
cette localité doit être malsaine; la chaleur et l’humidité y sont très-
considérables. Pendant notre séjour ( du 21 mai au 6 juin), le thermomètre
s’est élevé jusqu’à 45° dans le milieu de la journée, et 1 hygromètre
marquait en moyenne 95°. De pareilles conditions, jointes à
l’absence presque complète de précautions hygiéniques, doivent nécessairement
influer d’une manière très-défavorable sur la santé des habitants;
c’est ce dont je ne tardai pas à être convaincu par la foule de
malades dont je fus assiégé dès mon arrivée.
Voici quelles sont les affections qui m’ont paru être les plus communes;
d’abord les différentes formes d’ophthalmies que j’avais observées
en Egypte, des taies, des boursQuflements énormes de la conjonctive
palpébrale et oculaire, des carnifications de cette membrane
muqueuse, des trichiasis et des cataractes. Viennent ensuite les rhumatismes,
et la syphilis sous ses aspects divers, mais surtout à 1 état de
blennorrhagie, Parmi les autres maladies que j’ai observées et qui me
paraissent régner dans l’île d’une manière endémique ou épidémique,
je noterai un état bilieux ou saburral qui complique la plupart des