navigation dont elle disposera, nous les réduirons à
la plus simple estimation, c’e s t -à -d ir e un seul bâtim
ent, mais d’un assez grand tonnage, 400 tonneaux,
par exemple. La compagnie, loin de consacrer la majeure
partie de ses fonds à une cargaison faite sans
indication spéciale, n’en emploiera, dans l’origine,
qu’une certaine partie à des achats divers en Abyssinie,
propres à composer une charge de retour, et transmettra
par la voie de Suez les demandes de ses agents à la direction
centrale de France, qui fera expédier les marchandises
pour l’entrepôt de Bourbon. C’est là que
nous les prendrons. Le bâtiment affecté à la compagnie
part de Bourbon en août ou septembre, vers la fin de
la mousson, avec une cargaison à la destination mixte
de Pondichéry, Messoah et des ports de la mer Rouge.
En se dirigeant sur Pondichéry, où le correspondant
aura probablement ses instructions, il atteindra ce
port en octobre ou novembre, et y échangera ses produits
contre les guinées et les divers objets d’exportation
de l’Inde dans la mer Rouge. En quittant Pondichéry
en décembre, en pleine mousson nord-ouest, le
bâtiment sera porté rapidement vers le détroit de Bab-el-
Mandeb; cependant il pourra relâcher à Mascate, pour y
prendre de l’eau et échanger quelques guinées contre les
produits de ce port qui se vendent dans la mer Rouge *.
• Le récent traité de commerce conclu entre l’iman de Mascate et la
France rend cette observation importante, et fait en quelque sorte une
nécessité de la recommandation qui en est le texte. Du reste, ce traité
ne fait que donner un nouveau poids aux idées que nous avons émises;
c’est pourquoi nous n’avons jugé utile que de le mentionner ici.
Le bâtiment peut être en janvier à Messoah, décharger
sa cargaison, et profiter du m o u v em e n t s
causé par le pèlerinage, qui commence à cette époque,
pour porter à Djeddahles articles appropriés à ce port.
Dans cet intervalle, on préparera à Messoah la charge
de retour, consistant surtout en mules pour Bourbon
et en produits d’Abyssinie, q u i, à cause de leur
v a leu r , n’apporteront aucun encombrement. Nous
avons donné sur chacun de ces produits des renseignements
suffisants pour guider les négociants, et nos observations
ont été dirigées particulièrement sur les précautions
à prendre dans les chargements de mules; aussi
n’y ajouterons-nous rien. En tout cas, le mois de mars
paraît devoir être l’époque favorable pour retourner à
Bourbon. Un bâtiment de l’Ile de France, que j ’ai rencontré
à Messoah, ayant quitté l’île en mars, avait fait
en vingt-cinq jours le voyage de ce port à Bourbon.
Un autre bâtiment de la même île , parti en février,
eut une traversée de trente jours. Cependant les Bengalas
arabes qui vont à Zanzibar ne sortent du détroit
que dans le mois de mai: mais ils naviguent le long de
la côte, à partir du cap Gardafui, et ils trouvent là des
brises variables.
Il est bien entendu que le bâtiment part de Messoah
muni d’instructions pour l’agent de Bourbon, ce qui
n’empêche pas le comptoir d’en transmettre d’autres
à l’administration centrale, par la voie de Suez.