Quittant cette source, nous galopâmes vers une
chaîne de mamelons peu élevés, qui lie le gradin de
Finefinie à celui d’Endotto ; dix minutes après nous
descendîmes de cheval au milieu d’un bouquet d’oliviers
, et nous vînmes nous asseoir sur les ruines d’une
ancienne église dont il restait quelques dalles et des
têtes de pilastres enterrées. Il aurait fallu déblayer
pour en distinguer le genre de construction , et je n’en
avais pas le temps. Ces ruines me parurent analogues
à celles d’Achangui. Sahelé Sallassé discuta avec le
chef du clergé le projet d’établissement d’une nouvelle
église sur les bases de l’ancienne ; puis nous revînmes
sur nos pas, et campâmes à l’est des sources. Le
lendemain j’allai les visiter une deuxième fois avec
M. Rochet, qui venait de nous rejoindre. J’en déterminai
d’abord la position , puis nous y plongeâmes à
diverses reprises le thermomètre, qui marqua 63°.
Cette eau a une saveur amère bien prononcée.
L’armée resta campée près des sources jusqu’au 27
mars. Dans cet intervalle, je reçus la visite de plusieurs
Gallas qui me donnèrent des renseignements sur
leur pays. C’est ainsi que je pus délimiter la province
de Mindjar, qui est à l’est du Boulga, au pied de la
chaîne. J’appris aussi quelle position occupaient les
Kereyou, importante tribu galla voisine des Adals,
ainsi que les Aroussi Gallas, aux bords de l ’Aouache et
au sud de Boulga. Ils me fournirent également plusieurs
itinéraires que l’on trouvera dans la partie géographique.
Le 27 mars nous abandonnâmes le campement de
Finefinie, et nous mîmes en marche au sud 40° ouest,
entre les montagnes d’Entotto et de Fouri. Nous laissâmes
a gauche la ville de Roguié, et traversâmes
plusieurs fois la rivière Finefinie, qui serpente suivant
les ondulations de la plaine. Deux heures après
avoir quitté les sources thermales, nous fûmes sur le
bord d’une pente qui conduit à la vallée de l ’Aouache.
Nous voyions s’élever là les pics de Ouatchiatchia et
celui de Ouata Dalatchia ; à nos pieds était une belle
prairie, appelée par les Gallas prairie de Sinna, et par
les chrétiens Kelkèle Guiorguis. L’Aouache nous était
cachee par les collines d’Endodé, qui sont sur sa rive
septentrionale ; ces collines nous paraissaient très-
rapprochées, et nous ne les atteignîmes cependant
qu’après trois heures de marche.
Au moment où nous passions près des villages qui
leur sont adossés, un chef s’avança vers nous, faisant
conduire devant lui quelques beaux bestiaux, qu’il
offrit au roi en signe de soumission. Cette prévenance
empêcha le pays d’être incendié.
Il était nuit close lorsque l’armée campa au bord de
l’Aouache : la tente du roi fut dressée sur la rive gauche,
tandis que l’avant-garde, commandée par Ato Meret-
c h e , traversa le fleuve et campa sur la rive droite
Nous avions fait, dans cette journée, douze lieues au
pas accéléré, et cependant une grande partie des convois
étaient arrivés en même temps que nous. Les traînards
ne rallièrent qu’à minuit, au moment où commençait
une pluie battante qui ne cessa qu’à quatre
heures du matin. C’est alors que le gros de l’armée se
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