ainsi un labyrinthe où il eût été difficile de se diriger
sans un guide. Du côté de l’église seulement le terrain
était un peu plus dégagé; car, suivant la coutume
abyssine, on y avait laissé l’emplacement d’un
cimetière.
Le lac Aïk est moins élevé que celui d’Achangui ;
un soleil resplendissant y remplace les brouillards
épais qui rendent si triste l’aspect de ce dernier.
On y trouve de magnifiques poissons : nous vîmes
aussi un hippopotame, un seul, que les habitants respectaient,
et qu’ils n’auraient pas voulu qu’on tuât.
Le jour même nous prîmes congé des moines, après
avoir donné un présent au Mémeurié, et nous regagnâmes
Mariam Debeur. Je me préparai à dresser le plan du
la c , et pour avoir plus de facilité dans ce travail, nous
transportâmes notre station au village d Estelna,
situé sur un mamelon peu é le v é , à 200 mètres seulement
du rivage. En nous y rendant, nos botanistes
prirent quelques branches de cafier, ce qui faillit nous
occasionner une querelle sérieuse avec les habitants;
mais une paire de ciseaux et quelques grains de verroterie
les dédommagèrent amplement. Dans la soirée ,
l’un d’eux nous parla des ruines d’un ancien palais qui
existaient à deux milles du village; nous le priâmes
de nous y conduire, et il s’y engagea pour le lendemain.
A six heures du matin nous nous mîmes en route.
Nous suivîmes les bords du lac qui, en cet endroit,
étaient garnis de joncs de dix à quinze pieds. Les alentours
étaient généralement cultivés. Grand nombre de
villages couronnaient les crêtes des collines. Mais, malgré
la beauté du climat et la fertilité du so l, la population
ne montrait pas ici cette gaieté, cette animation
si caractéristiques dans d’autres parties de l’Abyssinie.
Lorsque nous arrivâmes à l’endroit indiqué, notre
guide ne retrouva plus les ruines en question; il s ’adressa
à un jeune pâtre, qui nous fit voir, au bord du
rivage, deux roches de granit à moitié recouvertes par
des arbustes, et prétendit qu’elles faisaient partie du
monument, quoiqu on n’y vit aucune trace de travail. -
Nous croyant dupes d’une mystification, nous commençâmes
à apostropher vivement notre guide; cependant
le pâtre persista à soutenir qu’il y avait eu là un palais,
et que les ruines en avaient été enterrées pour les
soustraire aux étrangers, qui n’eussent pas manqué de,
s’emparer des trésors enfouis là par les seigneurs abyssins,
lors de l’invasion de Gragne. Nous n’avions rien
pour faire une fouille , et rien, d’ailleurs, n’indiquait
que nos recherches dussent être fructueuses; nous y
renonçâmes donc. Comme dédommagement, notre
guide nous assura qu il y avait encore un monument à
deux lieues de là, mais nous ne fûmes pas tentés d’y
aller voir. Pour uniques fruits de cette expédition, nous
nous contentâmes de rapporter quelques plantes.
A notre retour a Estelna , un habitant, à qui nous
avions fait un cadeau, vint nous avertir qu’on avait
formé le projet de nous dévaliser, car on nous supposait
de grandes richesses : « m a is, ajouta-t-il, vous
n avez rien à craindre jusqu’au moment de votre départ,
parce qu il est contraire aux usages du pays de